Sept pays avertissent Netanyahu de ne pas laisser Smotrich nuire à l’économie palestinienne
8 chefs du Trésor occidentaux demandent au Premier ministre de veiller à ce que son ministre prolonge l'accord autorisant les banques israéliennes à traiter avec les banques palestiniennes
La semaine dernière, Janet Yellen, secrétaire au Trésor américain, et sept de ses homologues ont envoyé une lettre au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour lui faire part de leur inquiétude quant au risque d’effondrement de l’économie palestinienne en Cisjordanie si le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, ne renouvelle pas un accord qui expirera bientôt et qui permet aux banques israéliennes d’effectuer des transactions avec les banques palestiniennes.
« Les mesures prises par certains membres de votre gouvernement pour refuser à la Cisjordanie l’accès aux ressources financières mettent en danger la sécurité d’Israël et menacent de déstabiliser davantage l’ensemble de la région à un moment déjà périlleux », ont écrit les chefs des Trésors occidentaux dans une lettre obtenue par le site d’information Axios.
La lettre était adressée à Netanyahu, car les pays occidentaux ont maintenu un boycott de facto de Smotrich, depuis qu’il est devenu ministre des Finances en décembre 2022.
Yellen, ainsi que ses homologues du Japon, du Canada, de l’Union européenne, du Royaume-Uni, des Pays-Bas, de l’Australie et de la France, ont déclaré que la non-prorogation de l’accord bancaire, qui doit expirer jeudi, affaiblirait la surveillance des flux financiers, perturberait le transfert des fonds des donateurs, qui sont indispensables, et déstabiliserait l’Autorité palestinienne.
L’économie palestinienne dépend fortement des relations que les banques entretiennent avec leurs homologues israéliennes pour traiter les transactions effectuées en shekels, l’Autorité palestinienne ne disposant pas de sa propre monnaie. Quelque 53 milliards de shekels ont été échangés dans les banques palestiniennes en 2023, selon les données officielles.
Des fonctionnaires américains ont également prévenu que si les relations bancaires entre Israël et les Palestiniens n’étaient pas maintenues, la Cisjordanie deviendrait une « économie de liquidités », ce qui profiterait aux organisations terroristes présentes sur le territoire et compliquerait la tâche de l’Autorité palestinienne, déjà affaiblie, dans sa lutte contre ces groupes.
L’économie de la Cisjordanie est en grande difficulté depuis un an, des dizaines de milliers de travailleurs journaliers palestiniens s’étant vu refuser l’entrée en Israël pendant la guerre de Gaza déclenchée par des milliers de terroristes du Hamas qui ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué quelque 1 200 personnes et en pris 251 personnes en otage.
Les chefs du Trésor ont exhorté Israël à prolonger l’accord bancaire d’au moins un an. Bien que la décision revienne actuellement à Smotrich, Netanyahu pourrait contourner le ministre d’extrême droite en adoptant une décision lors d’une réunion de son cabinet, qui a vraisemblablement discuté de la question dimanche soir.
Mais Netanyahu s’est montré peu disposé à entrer en conflit avec Smotrich et a préféré l’apaiser en autorisant des mesures visant à étendre l’empreinte d’Israël en Cisjordanie, en échange de l’arrêt par le ministre des Finances des mesures punitives à l’encontre de l’économie palestinienne. C’est ce qui s’est passé fin juin, lorsque Smotrich a accepté de signer une prolongation de trois mois de l’accord bancaire en question.
Après avoir signé cette prolongation, le bureau de Smotrich a informé l’administration du président américain Joe Biden qu’il serait prêt à le faire à nouveau si l’AP prenait plusieurs mesures pour empêcher le financement illicite du terrorisme, ont déclaré des responsables américains au Times of Israel la semaine dernière, ajoutant qu’il avait informé Jérusalem que Ramallah avait satisfait à ces exigences.
La notification visait à faire pression sur Israël, car on craignait que Smotrich ne signe pas la prolongation. Le ministre d’extrême droite s’est depuis longtemps prononcé en faveur de l’effondrement de l’Autorité palestinienne et de l’annexion d’une grande partie de la Cisjordanie.
Les États-Unis ont envisagé de sanctionner Smotrich pour sa politique, mais se sont abstenus de prendre cette mesure radicale. Des fonctionnaires américains ont déclaré le mois dernier au Times of Israel que cette décision serait probablement reconsidérée après l’élection présidentielle le mois prochain.
Reuters a contribué à cet article.