Israël en guerre - Jour 434

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Opinion

Si seulement Netanyahu gouvernait Israël aussi efficacement qu’il en parle

Le Premier ministre a prononcé un discours percutant devant un Congrès conquis, mais ce ne sont pas ses talents de tribun qui ont été mis en doute

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprimant lors d'une réunion conjointe du Congrès au Capitole américain, à Washington, le 24 juillet 2024. (Crédit : Drew Angerer/AFP)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'exprimant lors d'une réunion conjointe du Congrès au Capitole américain, à Washington, le 24 juillet 2024. (Crédit : Drew Angerer/AFP)

Le discours du Premier ministre Benjamin Netanyahu devant le Congrès a été un tour de force de diplomatie publique.

Il a été minutieusement élaboré et livré avec verve et charisme.

Dès le début, il a captivé son auditoire, en décrivant l’actuel « carrefour historique » où l’axe du mal iranien affronte l’Amérique, Israël et leurs alliés arabes. Il a consolidé sa mainmise sur une grande partie de cet auditoire en promettant qu’ensemble, l’Amérique et Israël l’emporteraient : « Lorsque nous sommes unis, il se produit un phénomène tout simple : Nous gagnons, ils perdent. Et mes amis », a-t-il promis, « nous vaincrons ».

Il a ensuite décrit les horreurs du 7 octobre et les crimes monstrueux commis par le groupe terroriste palestinien du Hamas. Il a présenté l’otage secourue Noa Argamani, qui se trouvait à côté de sa femme Sara dans l’assistance, avant de braquer les projecteurs sur plusieurs soldats héroïques qui ont combattu le Hamas ce jour-là et depuis lors.

Il a dénoncé et tourné en dérision les manifestants anti-Israël, y compris ceux qui se trouvaient à l’extérieur pendant qu’il parlait, et a noté que selon les services de renseignement américains, certains d’entre eux étaient financés par l’Iran. Il a comparé les « Gays pour Gaza » aux « Poulets pour KFC » qui ne tiendraient pas un instant sous le régime du Hamas, et a méprisé les partisans du « fleuve à la mer » qui ne connaissent ni la géographie ni l’histoire. Il a mis en garde contre la montée en flèche de l’antisémitisme, aux États-Unis et ailleurs, et a déploré que même les présidents des plus grandes universités américaines, y compris son alma mater, le MIT, n’ont pas réussi à s’opposer de façon ferme aux appels au génocide des juifs.

Il a réfuté les accusations concernant des allégations de famine à Gaza, et a accusé le Hamas de voler la nourriture fournie par Israël. Il a défendu le bilan militaire d’Israël à Gaza, malgré les critiques concernant les pertes civiles – critiques formulées depuis des mois par l’administration Biden.

Lorsqu’il a abordé la question de l’Iran, véritable chef d’orchestre du terrorisme, des troubles, du chaos et des assassinats, il a mis les Etats-Unis sur la sellette, rappelant que l’Amérique, « gardienne de la civilisation occidentale » et « plus grande puissance du monde », faisait obstacle à l’ayatollah Khamenei, dont l’objectif déclaré est d’exporter la révolution islamique dans le monde entier. Ou plutôt, a-t-il ajouté, l’Amérique et « une fière démocratie pro-américaine… Israël ».

Ainsi, a-t-il déclaré, lorsqu’Israël combat le Hamas, le Hezbollah et les Houthis, « nous combattons l’Iran ». Et lorsqu’Israël agit pour contrer le programme nucléaire iranien, il ne protège pas seulement Israël, « c’est aussi vous que nous protégeons ». Les ennemis d’Israël sont les ennemis de l’Amérique et « notre victoire sera votre victoire ».

Il a présenté sa vision d’une bande de Gaza démilitarisée et déradicalisée, avec une administration civile dirigée par des Palestiniens qui ne cherchent pas à détruire Israël. Il a également esquissé un avenir régional plus large avec une alliance anti-Iran — forgée par les États-Unis, Israël et leurs alliés arabes.

Dans un esprit de coopération bipartisane, il a remercié le président Joe Biden d’avoir ébauché cette alliance en réunissant la coalition qui a fait échouer l’attaque de missiles et de drones lancée par l’Iran contre Israël le 14 avril dernier. Il a également remercié l’ancien et potentiel futur président Donald Trump d’avoir institué les accords d’Abraham qui pourraient maintenant faciliter une « alliance d’Abraham » plus large.

« Je vous remercie pour le soutien que vous apportez à Israël en ces temps difficiles », a-t-il déclaré alors qu’il s’apprêtait à conclure, après près d’une heure de discours ponctué d’innombrables applaudissements et de nombreuses ovations. « Ensemble, nous défendrons notre civilisation commune », a-t-il prédit, et « nous assurerons un avenir brillant à nos deux nations ».

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Mais alors même qu’il prononçait son discours, la nouvelle est tombée que les troupes de Tsahal avaient retrouvé la dépouille de Maya Goren, l’institutrice de maternelle du kibboutz Nir Oz, enlevée le 7 octobre. Cette nouvelle a été suivie peu après par des nouvelles tout aussi sinistres concernant le retour des corps d’autres otages assassinés.

La juxtaposition de la rhétorique enflammée de Netanyahu et des sombres nouvelles en Israël a souligné à quel point il semblait avoir présenté le 7 octobre, dans son discours, comme une catastrophe qui a frappé le pays mais qui, en quelque sorte, n’avait rien à voir avec lui. Comme s’il n’avait pas été à la tête du pays ce jour-là et n’avait pas été en charge de la politique intérieure, de la diplomatie et de la sécurité pendant la majeure partie de la période qui a suivi la prise du pouvoir par le Hamas à Gaza il y a 17 ans.

Alors que tous ses chefs de la sécurité et son propre ministre de la Défense l’implorent de conclure un accord sur la libération d’autres otages, sur la base des conditions qu’il a lui-même approuvées à la fin du mois de mai, il n’a offert qu’une vague promesse de ne pas se reposer tant que tous les otages ne seront pas rentrés chez eux. Bien qu’il ait toutes les raisons de se méfier du Hamas, les chefs de la sécurité pensent que la seule raison pour laquelle il évite un accord potentiellement viable est sa crainte de voir la composante d’extrême droite de sa coalition exploser s’il l’approuvait.

Certains parents des otages l’ont pressé d’annoncer un accord au cours de son discours. D’autres l’avaient supplié de ne pas se rendre à Washington sans finaliser les termes. Peu s’attendaient vraiment à ce qu’il fasse une annonce fracassante, mais peu avant son discours, il a retardé l’envoi de négociateurs pour reprendre les pourparlers — initialement prévus pour le début de cette semaine, puis reportés à jeudi, et maintenant de nouveau reportés jusqu’après sa rencontre avec Biden à la Maison Blanche.

Il a parlé en termes élogieux de notre Israël résilient, innovant et démocratique. Mais chez nous, les réservistes ploient sous le fardeau de plus de 250 jours de service militaire, un fardeau d’autant plus lourd qu’il a refusé d’imposer le service militaire, ou tout autre service national, à une grande partie de la communauté haredi. Car bien entendu, sans les partis ultra-orthodoxes, il n’a pas de coalition.

Des dizaines de milliers d’Israéliens déplacés du nord et du sud ne peuvent toujours pas rentrer chez eux, et beaucoup vivent encore dans des hôtels, sans soutien gouvernemental adéquat ou provision pour des besoins aussi basiques que l’éducation de leurs enfants. Son gouvernement est gonflé de ministres incompétents, et gaspille des ressources précieuses pour leurs intérêts étroits et leurs projets.

Il a amené des messianiques et des racistes au cœur de ce gouvernement, et tolère leurs actions incendiaires — parce que, encore une fois, se débarrasser de ces partenaires de coalition signifierait sa défaite politique.

Sous son mandat, les fondements mêmes de la démocratie israélienne qu’il a défendue dans son discours ont été remis en cause l’année dernière par une tentative de soumettre le pouvoir judiciaire à la volonté de sa coalition – une manœuvre dévastatrice et clivante qui a enhardi les ennemis d’Israël et sapé la capacité de dissuasion du pays.

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Bien que son discours ait été vivement applaudi et largement diffusé, l’Amérique a ses propres préoccupations politiques en ces jours tumultueux. Le public auquel Netanyahu s’adressait avant tout était la nation qui le regardait à la maison, et il a élaboré un discours qui, espère-t-il, rappellera à l’électorat ses talents d’orateur hors pair et lui permettra peut-être de remonter dans les sondages, lesquels semblent indiquer qu’une grande majorité souhaiterait le voir démissionner – immédiatement ou une fois la guerre finie.

Mais ses talents d’orateur n’ont jamais été mis en doute, et la performance de mercredi en est bien la preuve. C’est son titre de « Monsieur Sécurité » qui a volé en éclats le 7 octobre et qui ne pourra jamais être rétabli. Et sa réputation à l’intérieur du pays est encore affaiblie par son refus constant d’assumer la responsabilité de la catastrophe qui, même si elle a été à peine évoquée dans son discours, s’est bel et bien produite sous son mandat. Tout cela, sans parler de son dénigrement et de sa diabolisation incessants de tous ceux qui le critiquent.

Le Premier ministre a prononcé mercredi un discours percutant devant le Congrès. Il est, sans aucun doute, le fonctionnaire le plus efficace de la diplomatie publique en Israël. Mais sous son mandat, on pourrait symboliquement souligner que la direction de la diplomatie publique, gérée par le bureau du Premier ministre, manque de personnel, de fonds et qu’elle est largement dysfonctionnelle.

Si seulement il avait gouverné Israël aussi efficacement qu’il en parle.

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