Smotrich : Israël devrait assumer « l’occupation » de Gaza et Tsahal ne se retirera pas même pour les otages
Les chefs de l'opposition déclarent que l'occupation de Gaza « nous coûtera du sang » et que des soldats sont envoyés à la mort pour des raisons politiques

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a déclaré lundi qu’Israël ne se retirerait pas de la bande de Gaza même dans le cas où un accord de libération des otages était conclu, demandant aux Israéliens d’accepter le terme « occupation », après que le cabinet a approuvé une extension des combats qui inclurait la « conquête » de la bande de Gaza.
La décision du cabinet et la déclaration de Smotrich ont suscité l’indignation de l’opposition et des familles d’otages, qui ont accusé le gouvernement de donner la priorité aux gains territoriaux plutôt qu’à la vie des otages toujours détenus par le Hamas.
« Nous allons enfin occuper la bande de Gaza. Nous allons cesser d’avoir peur du mot ‘occupation’ », a déclaré Smotrich au journaliste de la chaîne N12 Amit Segal lors d’une conférence de presse organisée par le journal de droite Besheva.
« Nous prenons enfin le contrôle de toute l’aide humanitaire, afin qu’elle ne serve pas à approvisionner le Hamas. Nous séparons le Hamas de la population, nous nettoyons la bande de Gaza, nous ramenons les otages et nous vainquons le Hamas », a-t-il déclaré, ajoutant qu’une fois la nouvelle offensive lancée à Gaza, il n’y aurait « aucun retrait des territoires que nous avons conquis, pas même en échange d’otages ».
« Le seul moyen de libérer les otages est de vaincre le Hamas. Tout recul entraînera un futur 7 octobre », a-t-il déclaré.
« Une fois que nous occuperons et resterons [à Gaza], nous pourrons parler de souveraineté. Mais je n’ai pas demandé que cela fasse partie des objectifs de la guerre. Tout d’abord, nous vaincrons le Hamas et nous l’empêcherons d’exister », a déclaré Smotrich.

L’objectif de la nouvelle offensive israélienne contre le Hamas est « l’occupation complète de la bande de Gaza », a renchéri le ministre de la Culture, Miki Zohar, à la chaîne publique Kan. « Une telle décision met en danger ceux qui restent en captivité », a reconnu le ministre du Likud. « Mais il n’y a pas d’autre choix. »
Zohar, qui, contrairement à Smotrich, n’est pas membre du cabinet de sécurité, a fait valoir que la guerre avait duré plus d’un an et demi « parce que nous voulions ramener le plus grand nombre possible d’otages à la maison », ajoutant que la reprise de l’offensive pourrait amener le Hamas à la table des négociations d’une manière sérieuse. « Le Hamas pourrait bientôt se rendre compte qu’il n’a pas d’autre choix que de rendre [les otages] et de s’exiler de Gaza », a-t-il déclaré.
Le plan approuvé dimanche par le cabinet prévoit également une révision de la distribution de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, afin d’empêcher le Hamas de contrôler les marchandises. La proposition, qui a été vaguement décrite par les responsables, a été condamnée par le groupe terroriste et a suscité des critiques de la part de divers organismes internationaux.
Lundi, le Forum des familles d’otages et de disparus a accusé le gouvernement de « préférer les territoires aux otages » et a noté que « cela va à l’encontre de la volonté de plus de 70 % de la population ».
Les sondages ont toujours montré qu’une grande majorité de la population israélienne était favorable à un accord prévoyant la libération de tous les otages détenus à Gaza, même si cela implique de mettre fin à la guerre.
« Le plan approuvé par le cabinet mérite le nom de ‘plan Smotrich-Netanyahu’ en raison de son renoncement aux otages et de son abandon de la résilience nationale et sécuritaire », a déclaré le forum.
Tout au long des combats, Smotrich et d’autres membres de l’extrême-droite ont préconisé de profiter de la guerre pour rétablir les implantations israéliennes dans la bande de Gaza, qui existaient jusqu’au retrait unilatéral de 2005.

Lundi, à la Knesset, Einav Zangauker, mère de l’otage Matan Zangauker, s’en est pris aux députés de la coalition en criant : « Je veux savoir à quoi vous pensez en faisant cela », et a appelé les réservistes à ne pas se présenter à leur poste.
« Le cabinet a décidé d’envoyer des soldats héroïques dans une opération qui se soldera par le meurtre d’otages en captivité et la perte de soldats », a-t-elle ajouté. « Vous pensez que la nation va accepter cela en silence ? »
Zangauker a noté que des dizaines de milliers de soldats de réserve avaient été appelés ces derniers jours, en prévision de l’opération élargie. « Hier, la mère de soldats appelés en réserve m’a demandé ce qu’elle devait leur dire. Qu’aurais-je dû lui répondre ? »
Simcha Rothman, membre du Likud, a répondu : « Je lui dirais que, bien sûr, ils doivent y aller. Je recommande de faire attention aux appels à la désertion ».
Ce commentaire a rendu Zangauker furieuse. Elle lui a répondu : « Je n’appelle pas à la désertion ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, j’ai dit de ne pas se présenter dans les réserves pour des raisons morales et éthiques ! ». Elle a également fait remarquer que sa fille servait actuellement dans la réserve.
עינב צנגאוקר מול רוטמן קראה בועדת חוקה לא להתייצב למילואים מטעמים מוסריים ויצאה מהדיון: "אתה לא תדביק לי סרבנות, מתן שירת בצבא, נטלי חיילת בצבא ההגנה לישראל" pic.twitter.com/y0bejC6A7p
— לירי בורק שביט (@lirishavit) May 5, 2025
Hannah Cohen, la tante de l’otage tuée Inbar Haiman, dont la dépouille est toujours détenue par le Hamas, a déclaré : « Les gens disent ‘nous les ramènerons dans des cercueils’, et je leur réponds que même dans des cercueils, nous ne les récupérerons pas. Dans cette guerre, les cercueils sont un privilège. Les gens me souhaitent d’avoir la chance d’enterrer [Inbar], parce qu’ils savent que ce ne sera pas forcément possible ».
Ora Rubenstein, la tante de l’otage Bar Kupershtein, a également réagi à la décision d’étendre les combats à Gaza, dans une interview accordée lundi au site d’information Ynet.
« J’ai un fils et un mari qui sont dans la réserve depuis plus de 500 jours et qui ont reçu un ordre d’appel », a-t-elle déclaré. « Comment les envoyer dans la réserve ? Dans le passé, je leur ai dit : ‘Allez libérer Bar et les autres otages’. Aujourd’hui, je ne peux pas leur dire cela ».

« Je ne peux pas leur dire cela, parce que je ne crois pas — après un an et sept mois — que ce gouvernement ait l’intention de libérer les otages. Chaque jour, nous encaissons un nouveau coup. »