SOS WiFi au secours des randonneurs israéliens hors des sentiers battus
Un groupe installe des routeurs spéciaux dans les canyons et autres endroits dépourvus de réception cellulaire, un projet initié après les crues-éclairs qui avaient tué dix ados
Il y a presque trois ans, un groupe formé de 25 adolescents qui se préparaient à intégrer une académie prémilitaire devaient prendre part à une randonnée funeste dans le lit alors asséché de la rivière Tzafit, à proximité de la mer Morte. Alors qu’ils marchaient dans ce secteur sauvage et reculé, de lourdes pluies s’étaient soudainement abattues sur le désert, transformant rapidement le wadi en torrent déchaîné. Dix d’entre eux, balayés par les courants, avaient perdu la vie.
Une des conséquences de cette tragédie du mois d’avril 2018 est examinée cet hiver : Il s’agit d’un système WiFi d’urgence, installé aux endroits dangereux qui se présentent le long des sentiers de randonnée où la réception cellulaire est faible ou nulle, pour tenter de garantir la sécurité des randonneurs en s’adaptant au mieux aux difficultés et aux éventuels changements susceptibles de survenir – même loin de la civilisation.
Ce dispositif hors-réseau, SOS WiFi (le site est exclusivement en hébreu) émet un signal qui permet aux téléphones cellulaires de se connecter gratuitement à internet même dans les secteurs les plus à l’écart. Il sera donc possible de mettre en garde potentiellement les randonneurs face à un danger et ils disposeront d’un lien avec le monde extérieur s’ils ont besoin d’aide ou de secours.
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C’est la catastrophe entraînée par les inondations-éclairs dans le lit de la rivière Tzafit qui a donné l’idée de la mise en place de ce système de connexion à distance, explique Avishai Berman, directeur-général de Bein Hashitin, l’organisation à but non-lucratif qui a développé SOS WiFi.
« La tragédie nous a tous bouleversés et elle nous bouleverse encore », dit Berman, dont l’organisation met en oeuvre des programmes d’éducation dans le désert d’Arava, dans le sud d’Israël, animant notamment une académie prémilitaire. « Il ne se passe pas une semaine sans que nous parlions de ce qu’il s’est passé ce jour-là. Et notre réponse a été de tenter de développer quelque chose qui va bien au-delà de toutes les académies, quelque chose de plus important, qui aidera à renforcer la sécurité de tous les randonneurs sans exception. »
Il est difficile de dire si un tel dispositif serait venu en aide aux victimes à Tzafit. Les jeunes gens étaient partis, en groupe, pour une randonnée organisée par l’académie prémilitaire Bnei Zion, qu’ils devaient intégrer l’automne suivant.
Le jour du drame, les organisateurs auraient maintenu la randonnée malgré les mises en garde contre une météorologie qui s’annonçait peu clémente et dangereuse. Au mois d’octobre de l’année dernière, l’ex-directeur et un ex-conseiller de l’académie Bnei Zion ont été mis en examen par la cour de district de Beer sheva. Ils doivent répondre de dix chefs d’inculpation d’homicide par négligence.
Plus de 20 dispositifs de connexion à distance ont été installés dans une dizaine de réserves naturelles, en coopération avec l’Autorité israélienne de la nature et des parcs, dans le cadre d’un programme-pilote. 40 de plus devraient être mis en place avant la fin de l’année. Selon Berman, ces systèmes ont d’ores et déjà fait leurs preuves au cours d’une dizaine d’incidents, dans le nord et dans le sud du pays.
Par exemple, un guide touristique qui accompagnait un groupe à la rivière Zavitan sur le plateau du Golan, dans le nord d’Israël, s’est effondré avant d’être victime d’une sorte de crise d’épilepsie. Une personne qui se trouvait avec lui a réussi à utiliser le signal WiFi pour envoyer une vidéo de l’incident aux services de secours, qui lui ont expliqué ce qu’elle devait faire.
SOS WiFi utilise la formation de faisceaux, une technologie qui se concentre sur un signal sans fil émanant d’une antenne placée en hauteur, un signal qui va être capté par un dispositif spécifique de réception – il s’agit, dans ce cas précis, d’un routeur qui fonctionne à l’énergie solaire, placé dans un endroit auquel il est compliqué d’accéder, comme une gorge surplombant une rivière.
Berman affirme que le projet permettra d’économiser du temps, de l’argent et aussi des vies. Les recherches par hélicoptère sont coûteuses et il faut souvent du temps pour retrouver les personnes qui ont disparu ou qui ont besoin d’être secourues. Tandis que les signaux GPS ne s’appuient pas sur les connexions cellulaires, ils peuvent souvent être faibles voire absents dans les secteurs où les arbres sont nombreux, ou dans des gouffres très étroits.
Bein Hashitin travaille en étroite collaboration avec les divers services d’urgence et souhaite faciliter autant que possible la mise en contact des randonneurs avec les services concernés à partir de SOS WiFi.
Des travaux de recherche et développement sont aussi en cours pour rendre ces dispositifs plus petits et plus efficaces en énergie.
Une idée est de commercialiser ce système pour tous les chemins de randonnée à l’étranger et d’utiliser les recettes pour financer les activités de l’organisation.
Dans le cadre du programme-pilote, des dispositifs ont d’ores et déjà été installés le long des lits de rivière suivants : sur les rivières Keziv et Amud (ouest de la Galilée), sur la rivière Zavitan (sur le plateau du Golan), sur les rivières Og et Darga (en Cisjordanie), sur les rivières Tseelim et Ashalim (près de la mer Morte) et sur les rivières Hatira et Hawwa (dans le centre du Negev).
Des panneaux SOS WiFi ont été installés à l’entrée des réserves où le projet est actuellement mis en œuvre.
Bein Hashitim collecte actuellement des dons pour pouvoir mettre en place 60 dispositifs de ce type supplémentaires en 2021, avec pour objectif final d’en poser jusqu’à 300, de manière à ce qu’aucun randonneur ne se trouve dans l’obligation de beaucoup s’éloigner pour bénéficier du réseau.
Parmi les endroits où Berman espère installer le dispositif, Tzafit, même si la réserve est administrée par l’Autorité régionale de Tamar pour le compte de l’Etat et non par l’Autorité des parcs, qui collabore au projet. Des problèmes variés devront être résolus avant que SOS WiFi puisse fonctionner là-bas aussi, explique Berman.
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