Suite aux fuites, Netanyahu invite les membres du Likud à « tenir leur langue »
Lors de réunions à huis clos, le chef de l’opposition a dit à ses députés que « tout était susceptible de fuiter »…à commencer par ses propres propos
Lundi soir, lors d’une réunion de parti orageuse, le chef de l’opposition, Benjamin Netanyahu, a tancé les députés du Likud, leur enjoignant de « tenir leur langue » parce que « tout ici est enregistré ». Ces propos ont eux-mêmes été enregistrés et portés à la connaissance des médias.
Cette réunion fait suite à une série de fuites malheureuses dans la presse.
La Treizième chaîne a eu accès à des propos tenus lors d’une réunion au cours de laquelle le Likud a évoqué le compromis proposé par la coalition au sujet d’un projet de loi de financement des bourses d’études des soldats. Le Likud a finalement accepté de s’abstenir lors du vote, permettant à la coalition de l’adopter.
Avant le vote, opposition et coalition se sont affrontés au sujet du projet de loi, accusant leurs adversaires de négliger les anciens combattants et de porter atteinte à la sécurité.
Le Likud a exigé que les bourses couvrent 100 % des frais de scolarité des anciens combattants, alors que le projet de loi de la coalition prévoyait une prise en charge des deux tiers. La coalition ne disposait pas de suffisamment de voix pour faire adopter le projet de loi si l’opposition votait contre.
Le ministre de la Défense Benny Gantz a finalement proposé au Likud d’amender le projet de loi pour couvrir jusqu’à 75 % des dépenses, ce qui a conduit le Likud à tenir la réunion enregistrée.
Yuval Steinitz, membre du Likud à la Knesset, a déclaré lors de la réunion à huis clos que le parti devait s’opposer au compromis.
« Ils ont mené une campagne médiatique contre nous. Nous en avons déjà payé le prix », a-t-il déclaré. « Nous ne sommes pas le filet de sécurité de ce gouvernement pour les cas où il n’a pas la majorité. »
« Je crains que si nous soutenons ce compromis – c’est un compromis peu satisfaisant, ils ne proposent pas 80 % ou 85 % – cela constituera un dangereux précédent. Ce serait revenir sur tout ce que nous avons dit la semaine dernière », a ajouté Steinitz.
C’est à ce moment qu’est intervenu Netanyahu, disant à haute voix : « Je vous suggère de tenir votre langue. Vraiment. Tout ici est enregistré et diffusé. Allez. Il y a des choses ici, des gens qui font des choses qu’ils ne devraient pas faire, alors je vous demande de tenir votre langue. »
Il semble même que Netanyahu ait frappé du poing sur la table.
Le Likud a décidé d’accepter la proposition de compromis lors de cette réunion, permettant à la loi d’être adoptée.
Dans un autre enregistrement d’une réunion à huis clos du Likud, divulgué lundi, on entend la députée Miri Regev dire que l’opposition devait ne devait pas avoir de scrupules à voter contre le projet de loi en faveur des soldats et victimes de viol pour faire tomber le gouvernement.
« Nous avons décidé d’être un parti d’opposition combattant, désireux de faire tomber ce gouvernement », entend-on Regev dire lors de la réunion de la semaine dernière. « Il n’y a donc pas de scrupules [à avoir ce que l’on s’oppose à des projets de lois concernant] les handicapés, pas plus que le viol, les femmes battues ou les soldats, parce que nous savons que cela sert notre cause. »
Steinitz a déclaré lors de cette réunion que soutenir le projet de loi pour les anciens combattants conduirait immanquablement à une coopération indésirable avec la coalition sur d’autres projets de loi. « Demain, ce seront les veuves, les orphelins, la périphérie, les personnes handicapées, les malades, les personnes âgées et les survivants de la Shoah, bref absolument tout. »
Les propos de Regev avant le vote ont non seulement suscité l’indignation des députés de la coalition, qui ont été prompts à s’indigner de la cruauté de l’opposition, mais aussi de militants et d’organisations humanitaires.
Regev a confirmé ses propos mardi, affirmant qu’ils n’appelaient pas d’excuses et avaient été « sortis de leur contexte ».
« Je n’ai à m’excuser de rien», a déclaré Regev, critiquant plutôt le ou la responsable de la fuite. « La personne qui devrait s’excuser est celle qui a pris part à la réunion, l’a enregistrée et a sorti les choses de leur contexte. »
Plus tard le même jour, Regev a de nouveau refusé de s’excuser pour ses propos.
« Je m’excuse pour celui qui a divulgué la moitié seulement de mes propos », a-t-elle déclaré à la Douzième chaîne « J’ai dit que [la coalition] avait besoin de nos suffrages pour adopter des lois importantes, et que cela avait un prix. »
« Nous devons décider si nous faisons tomber cette coalition ou si nous la maintenons sous assistance respiratoire. Aucune loi sioniste ne pourra être adoptée sans nous », a-t-elle précisé.
La Treizième chaîne a déclaré détenir un enregistrement complet des propos de Regev, d’une durée de huit minutes environ, au cours duquel elle dit regretter que le parti n’ait pas anticipé les conséquences d’un refus de soutenir le projet de loi sur les bourses d’études, n’offrant au Likud d’autre option que le refus de tout soutien à la coalition, ou alors une déclaration de guerre en bonne et due forme.
Cela ne change pas significativement la teneur des propos rapportés initialement.