Tel Aviv organise une Pride Parade en demi-teinte, axée sur les otages
25 000 personnes y ont pris part ; le compagnon d'un soldat tué dit que les dirigeants ont oublié de privilégier "la vie plutôt que la mort" ; Noa Kirel chante aux côtés de familles d’otages
Le mois des fiertés LGBTQ+ à Tel Aviv a été marqué jeudi par un rassemblement discret intitulé « Fierté, espoir et liberté », coordonné par le Forum des familles des otages et disparus. L’objectif de cet événement était de réclamer le retour des otages enlevés lors de l’assaut barbare du groupe terroriste palestinien Hamas le 7 octobre 2023 et toujours détenus à Gaza, ainsi que de mettre en lumière la contribution à l’effort de guerre de nombreux soldats et réservistes appartenant à la communauté LGBTQ+.
Contrairement à la Gay Pride annuelle traditionnelle et à la fête débridée qui a normalement lieu, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées jeudi soir à Tel Aviv pour cet événement plus discret. La bande jaune des drapeaux arc-en-ciel LGBTQ+ flottant à travers la ville a été élargie pour souligner la situation critique des otages, dont le signe en Israël est un ruban jaune.
La police a indiqué que 1 000 agents avaient été déployés dans la ville pour maintenir l’ordre et empêcher toute perturbation de l’événement. Plusieurs routes ont été bloquées aux alentours.
Des centaines de personnes ont défilé pour les droits des LGBTQ+ de Gan Meir au parc Charles Clore, où s’est déroulé le principal rassemblement, animé par les présentateurs de télévision Assi Azar et Nesli Barda. Environ 25 000 personnes auraient participé à l’événement principal.
La pop-star Noa Kirel y a interprété « Unicorn », la chanson qu’elle a chantée à l’occasion de Eurovision 2023, aux côtés de la famille de l’otage Eden Yerushalmi. Des discours ont également été prononcés par des proches d’otages et des militants de la cause LGBTQ+.
Par ailleurs, des médailles ont été remises à plusieurs membres de la communauté LGBTQ+ pour leur contribution à la société depuis le 7 octobre, comme Omer Ohana, dont le partenaire, le major Sagi Golan, a été tué le 7 octobre alors qu’il combattait des terroristes du Hamas au kibboutz Beeri ; Maayan Gross, une femme transgenre qui a combattu comme réserviste à Gaza ; et Eliav Batito, chef de l’organisme israélien de défense de l’esprit.
עומר אוחנה, בן זוגו של רס"ן שגיא גולן ז"ל שנפל בקרב על בארי בעצרת בת"א: "מי שמקריב את חייו למען המדינה ראוי שיתייחסו לאהבה שלו כמו לכל אהבה אחרת. זו הזכות שלנו להיות שווים בישראל. השוויון לא יכול להיות רק במוות, הוא צריך להיות גם בחיים".
צילום: גיא יחיאלי pic.twitter.com/JappzsSUqX
— Hadar Gil-Ad | הדר גיל-עד ???? (@HadarGil) June 6, 2024
Ohana a confié à la foule ressentir un « manque » dans sa vie depuis la perte de Golan.
« Je dis à Sagi tous les jours, pas seulement une ou deux fois, que je l’aime toujours, pour toujours. Ça fait mal, mais c’est la réalité. Une réalité qui ne semble pas être la mienne. Sagi et moi n’avons pas vécu dans cette réalité. Nous étions aveuglés par l’amour. Nous vivions dans une bulle, une bulle que j’aurais souhaité être la réalité, » a-t-il déclaré.
Ohana a insisté sur le fait que les otages devaient être libérés et a ajouté que les dirigeants du pays « avaient oublié qu’il fallait privilégier la vie plutôt que la mort, le bien plutôt que le mal, et nous vivons et continuons à vivre les conséquences de cet abandon ».
Il a ajouté que la communauté gay avait le pouvoir « d’atteindre l’égalité pour tous » et a déclaré qu’elle n’avait pas le droit « d’abandonner » sa lutte.
Le maire de Tel Aviv, Ron Huldaï, a qualifié l’événement de jeudi de « soirée de la liberté » et a déclaré que le retour des otages était « la mission la plus importante à laquelle Israël est confronté aujourd’hui ».
Huldaï a ajouté que, bien que le défilé traditionnel ait été annulé, il n’y avait aucun doute sur le fait que l’événement aurait lieu sous une forme ou une autre en raison de la place importante qu’il revêt dans les valeurs de la ville.
« Ce soir, nous nous unissons autour de l’espoir et appelons à la libération des personnes enlevées et à l’avènement d’un pays libre et égalitaire où les personnes LGBT jouissent de droits égaux dans la vie et pas seulement dans la mort », a affirmé Yael Sinai Biblash, présidente de l’association Aguda pour l’égalité des personnes LGBT en Israël.
Tal Levy, dont le frère Or Levy a été enlevé lors du festival de musique Supernova, a déclaré à la foule que sa famille avait connu un court instant de bonheur en apprenant qu’Or était en vie et qu’il avait été pris en otage, alors que sa femme avait été assassinée, laissant derrière elle leur fils Almog, âgé de deux ans.
« Jamais, dans mes cauchemars les plus fous, je n’aurais imaginé devoir dire à un enfant de deux ans que sa maman ne reviendrait plus, que son papa aurait tellement aimé le serrer dans ses bras mais qu’il ne le pouvait pas, et que personne ne sait s’il le pourra un jour. J’ai appris à mes dépens que nos dirigeants sont indifférents à notre sort », a ajouté Levy, ajoutant qu’Almog méritait de se sentir en sécurité dans sa maison et de vivre dans une « société égale et saine ».
Nadav Rudaeff, dont le père Lior a été assassiné le 7 octobre et dont le corps est depuis entre les mains du Hamas, a raconté à la foule qu’il avait révélé son homosexualité à ses parents il y a 20 ans et que son père avait réagi en disant : « Je ne comprends pas, j’ai grandi dans une culture différente, mais ça n’a pas d’importance, tu es mon fils et je t’aimerai toujours ».
« Depuis ce jour, j’ai su que quoi qu’il arrive, mon père serait toujours là. Tout ce que voulaient mon père et ma mère était que je rencontre l’élu de mon cœur pour fonder un foyer et une famille », a-t-il ajouté.
Rudaeff a exhorté la foule à ne pas perdre espoir, ni en matière d’égalité des droits, ni en ce qui concerne la libération des otages.
Le défilé de Tel Aviv, qui attire normalement plus de cent mille résidents et de visiteurs du monde entier, est considéré depuis 25 ans comme l’un des moments phares du calendrier annuel de la ville, avec des spectacles de rue grandioses célébrant la communauté LGBTQ+ d’Israël dans une manifestation bruyante de joie et de tolérance qui est source de fierté pour de nombreux Israéliens.
Le mois dernier, la municipalité a annoncé qu’elle renonçait aux festivités habituellement exubérantes consacrées à la communauté LGBTQ+ dans cette ville réputée pour son ouverture, par respect pour les otages.
120 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre dernier se trouveraient toujours à Gaza. Tsahal a confirmé la mort de 41 des otages encore détenus par le Hamas, citant de nouveaux renseignements et de nouvelles découvertes obtenus par les troupes opérant à Gaza.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.