Le capitaine Sagi Golan, 30 ans, tué au combat treize jours avant son mariage
Le soldat est mort alors qu'il affrontait les terroristes au kibboutz Beeri, le 7 octobre ; son conjoint Omer Ohana a déploré le traitement qui lui est réservé par l'armée
Le capitaine réserviste Sagi Golan et son conjoint, Omer Ohana, devaient se marier le 20 octobre sur les paroles de la chanson « J’ai eu le bonheur d’aimer » de la star israélienne Ivri Lider.
Lider, artiste homosexuel, a finalement interprété le titre lors des funérailles de Golan, avec une gerbe funéraire composée notamment des fleurs en coton blanc qui devaient agrémenter les tables du mariage.
Golan est mort au combat alors qu’il luttait contre les terroristes du Hamas au kibboutz Beeri, l’une des villes situées à proximité de la frontière de Gaza qui est devenue un symbole du carnage commis par le Hamas, le 7 octobre, quand environ 2500 terroristes ont franchi la frontière avec l’État juif, assassinant 1400 Israéliens, en majorité des civils. Les hommes armés du groupe terroriste ont pris également plus de 200 otages.
Plus de cent hommes armés du Hamas seraient entrés au kibboutz Beeri, massacrant plus de 120 résidents, exécutant notamment des familles toutes entières et incendiant les habitations pour obliger leurs occupants à sortir – ce qui permettait aux terroristes de les abattre.
L’unité de Golan était parvenue à secourir certains résidents du kibboutz.
Lors de son service militaire, Golan avait été accepté au sein de la prestigieuse unité des renseignements 8200, dont les anciens connaissent souvent des carrières brillantes dans le secteur high-tech ou dans les affaires.
Mais il avait choisi d’intégrer une unité de combat, terminant sa formation en vue d’entrer dans l’unité d’élite Lotar, spécialisée dans la lutte anti-terroriste.
Dans la matinée du 7 octobre, lui et Ohana – qui travaille, comme lui, dans le secteur des hautes-technologies – s’étaient réveillés dans leur appartement de Herzliya, une ville côtière, et ils avaient allumé la radio pour écouter le journal d’information du matin.
Golan « ne s’est pas levé du lit, il a bondi », a raconté Ohana devant les caméras de la Douzième chaîne en pleurant.
Même si personne n’avait fait appel à lui, « il a mis son uniforme, il s’est lavé les dents et en l’espace de quelques minutes, nous étions à la porte d’entrée », a dit Ohana. « Il m’a embrassé sur les lèvres et il m’a dit qu’il serait de retour ‘dans moins d’une semaine’. »
Golan, 30 ans originaire de Raanana, dans le centre du pays, est tombé alors qu’il était à la tête de son unité, dans la soirée de ce funeste samedi.
La nouvelle officielle de sa mort n’a été rendue publique que dans la matinée de mercredi.
Selon Ohana, le soldat venu lui faire part de cette triste nouvelle n’était guère habitué à fréquenter des couples homosexuels et il a mis un point d’honneur à le faire ressentir.
Sur le formulaire qu’Ohad devait signer, il n’y avait pas d’espace réservé à un conjoint dans le cadre d’une relation homosexuelle. « J’ai demandé quelque chose et on m’a répondu que je devais demander à ses parents », s’est souvenu Ohana. « J’ai ressenti tellement de colère en moi ! Je l’aimais mais je n’ai pas été pris en compte. Et lui non plus n’a pas été pris en compte. »
Les mariages gays ne sont pas approuvés en Israël – pays où les mariages sont placés sous le contrôle des autorités religieuses juives.
Une porte-parole de l’armée a fait savoir que l’adresse de référence à suivre dans le cas d’un soldat mort au combat – si ce dernier était non marié ou sans partenaire reconnu dans le droit commun – était celle des parents, et que cela s’appliquait aux couples hétérosexuel et homosexuel de la même manière.
Elle a indiqué que si Ohana voulait être reconnu comme le conjoint de Golan, il devait s’adresser au ministère de la Défense.
Le couple avait prévu d’avoir des enfants via une mère porteuse. Le sperme de Golan a été congelé après sa mort.
La mère de Golan, Eti, a indiqué à la Douzième chaîne qu’il n’y avait « aucune raison au monde » que l’État n’honore pas le désir de son fils d’avoir des enfants et qu’Omer Ohana serait reconnu, « quelles que soient les circonstances », comme le père de son petit-enfant.
Le leader de l’opposition, Yair Lapid, a pour sa part déclaré au site d’information Ynet que Golan « est mort dans la bataille pour Beeri. Sagi et son partenaire Omer étaient sur le point de se marier. L’État d’Israël doit traiter Omer exactement comme il traiterait le conjoint survivant de n’importe quel soldat mort au combat. Si Sagi a été suffisamment bon pour mourir pour son pays, alors il mérite que son pays respecte celui que son cœur avait choisi, qu’il lui permette d’avoir un enfant, qu’il l’étreigne avec amour. Je te promets, Omer, je me tiendrai à tes côtés. »
Le couple s’était rencontré il y a six ans et Golan avait demandé l’homme qu’il aimait en mariage sur un volcan il y a un an, à Tenerife, a raconté Ohana.