The Guardian s’excuse pour une caricature du chef sortant de la BBC jugée antisémite
Le Board of Deputies of British Jews a sollicité un entretien avec le rédacteur en chef du journal au sujet d'une caricature de l'ex-banquier juif émaillée de tropes antisémites
Samedi, le journal britannique The Guardian a supprimé une caricature du président sortant de la BBC, Richard Sharp, et présenté ses excuses pour un contenu jugé antisémite par certains.
Le Board of Deputies of British Jews a sollicité un entretien avec le rédacteur en chef du Guardian à ce sujet.
Par ailleurs, le caricaturiste, Martin Rowson, a publié une longue déclaration dans laquelle il a indiqué: « Cette caricature est un échec à plusieurs niveaux: j’ai offensé les mauvaises personnes. »
Vendredi dernier, Sharp, ex-banquier juif, a annoncé sa démission suite à un scandale après un peu plus de deux ans à la tête de la BBC.
Rowson, un caricaturiste politique de tout premier plan, a, à cette occasion, fait une caricature assez sombre de Sharp tenant dans ses mains une boîte ornée de l’étiquette Goldman Sachs, du nom de son ex-employeur.
À l’intérieur de la boîte se trouvent un calmar et une tête au nez allongé.
Un grand nombre de ceux qui ont vu cette caricature estime qu’elle recycle l’imagerie traditionnelle des caricatures antisémites, et notamment celle des nazis, avec des références à des tropes antisémites plus contemporains.
« Tout y est : le grand nez, les lèvres, le ricanement de Fagin, et, bien sûr, ce qui semble être de l’argent. C’est une représentation racialisée d’un Juif », a écrit lundi dans un éditorial du Guardian, Dave Rich, responsable des questions politiques au Community Security Trust, qui défend les Juifs britanniques et travaille avec la police sur les questions de sécurité juive.
Rich a relevé que les calmars et autres monstres tentaculaires correspondaient au trope antisémite selon lequel les Juifs contrôlaient le monde.
George Soros, le milliardaire juif critiqué à droite pour son soutien aux causes libérales, a souvent été dépeint comme une pieuvre ou un monstre aux innombrables tentacules.
Stephen Pollard, rédacteur en chef du journal britannique Jewish Chronicle, a dit sur Twitter qu’il trouvait « extrêmement choquant que personne n’ait regardé avec attention et dit, non, nous ne pouvons pas publier cela ».
It takes a lot to shock me. And I am well aware of the Guardian's and especially Rowson's form. But I still find it genuinely shocking that not a single person looked at this and said, no, we can't run this. To me that's the real issue. pic.twitter.com/1QHfjGW6Ok
— Stephen Pollard (@stephenpollard) April 29, 2023
The Guardian a retiré la caricature samedi.
« Nous comprenons les préoccupations qui ont été relevées », a déclaré le journal dans un communiqué peu après le retrait de la caricature.
« Cette caricature ne correspond aucunement à notre ligne éditoriale, aussi avons-nous décidé de la retirer de notre site Internet. The Guardian présente ses excuses à M. Sharp, à la communauté juive et à toute personne qui a pu se sentir offensée. »
Dans une longue déclaration, Rowson a déclaré que la judéité de Sharp « ne m’a jamais traversé l’esprit lorsque je l’ai dessiné », mais que « la caricature était un échec à plusieurs niveaux ».
Rowson avait déjà essuyé des critiques pour sa représentation de personnalités juives.
Sharp, qui est âgé de 67 ans, est un soutien du Parti conservateur. Chez Goldman Sachs, il était le supérieur hiérarchique de l’actuel Premier ministre britannique, Rishi Sunak.
Sa démission fait suite à une enquête ayant révélé qu’il n’avait pas tout dit à propos de l’aide apportée à Boris Johnson, le Premier ministre britannique à l’époque, pour obtenir un prêt d’une valeur de près d’1 million de dollars.
Il aurait informé Johnson de son intention de postuler à la BBC avant d’entamer les démarches, a écrit l’avocat Adam Heppinstall dans son rapport.