Théâtre: Amir joue Alfred Nakache, champion juif de natation et survivant d’Auschwitz
Le chanteur interprète dans ce seul-en-scène le nageur Alfred Nakache, survivant juif d’Auschwitz, plusieurs fois champion de France de natation avant et après sa déportation
Le chanteur Amir et le metteur en scène Steve Suissa présenteront la pièce « Sélectionné » à partir du 26 avril, au théâtre Édouard-VII, à Paris (10 Pl. Édouard VII).
Amir interprète dans ce seul-en-scène le rôle du nageur Alfred Nakache, survivant juif d’Auschwitz, plusieurs fois champion de France de natation avant et après sa déportation.
La pièce sera jouée jusqu’au 1er juin, pour 18 représentations. Les billets sont en vente pour un tarif entre 29 et 59 euros.
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La pièce a rencontré un franc succès lors de ses deux avant-premières, en novembre dernier à Tel Aviv et le 20 mars à Toulouse, où elle a été jouée à l’occasion de la commémoration des attentats de 2012.
Pour Steve Suissa, cette pièce est surtout « l’occasion de réparer par la culture, des destins, soit trop méconnus, soit pas assez expliqués », a-t-il déclaré au journal La Dépêche. Il dit avoir été « bouleversé » par le courage du nageur, et par « son envie de transmettre aux jeunes le désir d’aller vers l’eau et l’apaisement ».
Mes amis, je suis sur le point de réaliser un rêve d’enfance et il m’est compliqué de trouver les bons mots…Alfred…
Posted by Amir on Monday, February 28, 2022
« Je raconte l’humanité, la rigueur, la volonté et le courage de certaines personnes qui ont eu des vies extraordinaires, tout en étant des êtres humains très droits » dans cette pièce, a-t-il ajouté.
Il décrit son œuvre comme « un spectacle de résilience, d’espoir et d’amour […] Il avait la particularité d’être Français, Juif, Algérien et donc il prouve par A + B + C qu’on peut être tout cela en même temps, doublé d’un grand champion ».
Selon lui, « Amir a la légitimité totale pour être ce personnage-là. Il a cette volonté, cette pugnacité, cette ambition, cette endurance physique. Il y a même jusqu’à une ressemblance physique. Je trouvais formidable de casser les codes. J’ai pensé dès ma première rencontre qu’il ferait un Alfred Nakache formidable ».
Ancien candidat de « The Voice » et représentant de la France à l’Eurovision en 2016, Amir, 37 ans, jouera là son premier rôle au théâtre. Il est déjà apparu dans quelques films.
Il dit s’être intéressé à Alfred Nakache il y a quelques années, après avoir tourné le clip de sa chanson « J’ai cherché » (qui lui a assuré une 6e place à l’Eurovision) à la piscine Alfred-Nakache, à Paris.
À quelques heures de l’avant première de #selectionné, dans la ville d’adoption d’Alfred Nakache, j’ai tenu à visiter la…
Posted by Amir on Sunday, March 20, 2022
« Je me suis intéressé à sa vie et ça m’a bouleversé de constater que son incroyable destin était oublié », a-t-il expliqué au Parisien. « Et puis j’ai continué ma route et, un jour, Steve Suissa m’a appelé. Il avait pensé à moi pour incarner Alfred Nakache. Je lui ai demandé s’il m’en croyait capable, il m’a dit oui et qu’en travaillant dur, on y arriverait. »
Il décrit le parcours d’Alfred Nakache comme un message d’espoir et de résilience, et a rencontré des membres de la famille du nageur afin de pouvoir au mieux l’incarner.
Alfred Nakache est né à Constantine en 1915. Ayant une phobie de l’eau durant sa jeunesse, il a commencé la natation afin de vaincre cette peur. Il est devenu champion d’Afrique du Nord à 16 ans et a traversé la Méditerranée trois ans plus tard afin de participer aux Championnats de France de natation – où il est arrivé second au 100m nage libre, derrière la légende Jean Taris.
Lors des JO de Berlin en 1936, il arrive 4e en finale du relais 4 x 200 m, devant l’Allemagne et sous les yeux d’Hitler.
Devenu professeur d’EPS en 1939, « Artem », son surnom, a été déchu de sa nationalité française et de son poste de professeur l’année suivante en raison de la législation antisémite du régime de Vichy.
Réfugié avec sa famille à Toulouse, ayant rejoint le club des dauphins du TOEC, il bat plusieurs records et remporte de nombreux titres de champion de France. Le maréchal Pétain collaborationniste le félicite même pour ses exploits. Ce qui ne l’empêchera pas d’être arrêté par la Gestapo pour faits de résistance puis d’être déporté à Auschwitz et Buchenwald en janvier 1944. Selon sa nièce, son rival, le nageur Jacques Cartonnet, alors chef du service jeunesse et sports de la milice de Haute-Garonne, serait responsable de sa déportation.
Outre les humiliations et les abus de ses tortionnaires, le champion connait les marches de la mort et, surtout, perd sa femme Paule et sa fille Annie, âgée de 2 ans, gazées à leur arrivée au camp – ce qu’il n’apprend qu’après la guerre.
L’athlète trouve malgré tout le courage et la force de revenir au plus haut niveau et devient champion de France en 1946, après être revenu à Toulouse à sa libération – il ne pesait alors plus que 40 kilos. Il participe aux Jeux Olympiques de Londres en 1948, en natation et en water-polo – il ne remporte pas de médailles.
« Il a aussi repris son métier de professeur de sport », détaille Yvette Benayoun-Nakache, sa nièce, au journal Ouest-France. « Il était jovial de nature mais avait un peu perdu la foi, même si durant les grandes fêtes juives, il mettait sa calotte. Lors des repas de famille, il s’isolait car il avait des bouffées d’angoisse, puis revenait et offrait toujours une de ses médailles à chaque neveu… »
Le champion est décédé en 1983 à l’âge de 67 ans après un malaise cardiaque lors de son kilomètre de nage quotidien. Au fil de sa carrière, il a remporté 15 titres de champion de France, 9 records de France, 3 records d’Europe et un record du monde.
De nombreuses piscines municipales à travers la France portent aujourd’hui son nom, et il a obtenu en 1993 à titre posthume le trophée du grand exemple au Musée international du sport juif en Israël. Il a intégré en mai 2019 le Hall of Fame de la natation mondiale à Fort Lauderdale en Floride, aux Etats-Unis, 36 ans après sa mort.
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