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Tireur de la synagogue de Pittsburgh : Les procureurs parlent d’un prisonnier modèle

Ultime rebondissement dans le procès pour meurtre de 11 Juifs en 2018 : l'accusé serait peu susceptible de purger une peine dans la prison de haute sécurité Supermax

Une tour de garde surplombe un complexe pénitentiaire fédéral qui abrite un établissement Supermax, dans les envrions de Florence, dans le sud du Colorado, le 15 octobre 2015. (Crédit : AP Photo/Brennan Linsley)
Une tour de garde surplombe un complexe pénitentiaire fédéral qui abrite un établissement Supermax, dans les envrions de Florence, dans le sud du Colorado, le 15 octobre 2015. (Crédit : AP Photo/Brennan Linsley)

PITTSBURGH (JTA) – Lors de l’audience sur l’examen de la condamnation à mort ou non de l’homme qui a tué 11 Juifs dans une synagogue de Pittsburgh, en 2018, la question s’est posée du nombre de juifs détenus dans des prisons fédérales.

Les procureurs ont réclamé la peine de mort pour Robert Bowers, reconnu coupable de 63 chefs d’accusation le mois dernier, dont 22 sont à eux-mêmes passibles de la peine capitale.

Les avocats de Bowers ont fait valoir que le Service fédéral des prisons confinerait probablement Bowers à ADX Florence, la tristement célèbre prison de haute sécurité du Colorado, plus connue sous le nom de Supermax.

Deux anciens responsables du Service des prisons, qui témoignent désormais contre rémunération au profit d’accusés, ont brossé, mercredi et jeudi, un tableau d’une grande noirceur sur les conditions de vie – très austères – au sein de cet établissement, où les interactions, que ce soit avec d’autres prisonniers ou le monde extérieur, sont réduites à leur plus simple expression.

L’accusation a fait valoir que l’emprisonnement de Bowers à Supermax n’était pas aussi inéluctable que le prétend la défense et qu’il pourrait même purger sa peine dans une prison moins stricte, dans des conditions susceptibles d’évoluer au fil du temps. Bowers a aujourd’hui 51 ans.

Janet Perdue, qui a une trentaine d’années d’expérience comme administratrice au sein du système carcéral fédéral, a déclaré que le profil de Bowers correspondait au Supermax en raison de ses crimes haineux qui ont attiré sur lui l’attention de tout le pays et même d’une partie du monde. Sont notamment détenus dans cette prison les terroristes du marathon de Boston et des Jeux olympiques d’Atlanta, l’un des fondateurs d’Al-Qaïda et, jusqu’à sa mort le mois dernier, Ted Kaczynski, connu sous le nom d’Unabomber.

« S’agissant d’un crime haineux, d’autres détenus pourraient vouloir s’en prendre à lui », a déclaré Perdue à propos de Bowers.

« Les autres détenus ne seraient sans doute pas ravis de le voir là et pourraient vouloir lui faire du mal. »

Il ne s’agit pas seulement du risque pour Bowers, a-t-elle dit, mais pour les responsables de la prison qui auraient à intervenir dans l’éventualité d’une agression.

Nicole Vasquez Schmitt, procureure du gouvernement fédéral, a répondu que Bowers ne serait sans doute pas une cible dans la mesure où le nombre de détenus de la même obédience que ses victimes est extrêmement faible.

« Quelle est la population juive au sein du Service fédéral des prisons ? » a demandé Vasquez Schmitt à Perdue.

« Je ne saurais le dire avec précision. Mais j’imagine que le nombre est assez faible », a répondu Perdue.

« Cela vous surprendrait-il de savoir que c’est moins de 3 % ? », a repris la procureure. Non, a rétorqué Perdue.

Un mémorial de fortune devant la synagogue Tree of Life à la suite d’une fusillade meurtrière à Pittsburgh, Pennsylvanie, le 29 octobre 2018. (Crédit : Matt Rourke/AP)

Le Service fédéral des prisons ne communique pas les chiffres concernant l’identité religieuse de ses prisonniers, alors qu’il le fait sur les questions ethniques et sexuelles et sur la nationalité. Toutefois, les organisations travaillant avec des détenus juifs, comme l’Institut Aleph affilié au Habad, estiment qu’un à 2 % des prisonniers fédéraux sont juifs.

Aux yeux des procureurs, la question de la population carcérale juive était pertinente car elle permettait d’infirmer l’argument de la défense selon lequel Bowers serait condamné à l’isolement, pour sa propre sécurité, en raison de la nature de son crime.

En accord avec les avocats de la défense et de l’accusation, le juge Robert Colville a indiqué, suite aux témoignages jeudi, que la phase finale du procès, visant à statuer sur la condamnation à mort de Bowers, donnerait lieu aux plaidoiries finales en début de semaine.

Il suffira qu’un seul juré rejette la peine de mort pour que le juge Colville condamne Bowers à la perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.

Les victimes de la fusillade de la synagogue « Tree of Life » de Pittsburgh, le 27 octobre 2018. (Crédit : Facebook/Google Maps/JTA Collage)

L’attentat perpétré par Bowers a coûté la vie à Joyce Fienberg, Richard Gottfried, Rose Mallinger, Jerry Rabinowitz, Cecil Rosenthal, David Rosenthal, Bernice Simon, Sylvan Simon, Daniel Stein, Melvin Wax et Irving Younger. Ils priaient dans trois congrégations réunies sous le toît des synagogues Tree of Life, Dor Hadash et New Light.

Sept des neuf familles qui ont perdu des proches dans le massacre souhaitent que Bowers soit exécuté. Deux familles n’ont pas demandé la peine de mort, et certains membres de la communauté juive très unie de Pittsburgh, dont certains connaissaient les victimes, ont protesté contre le principe de la peine de mort. En vertu de la loi juive, la peine de mort est envisageable en certains cas, mais la tradition veut qu’elle soit que rarement, voire jamais, infligée.

Pour étayer leurs arguments, les procureurs ont coupé court au calcul de la défense selon lequel la destination la plus probable pour Bowers serait la prison Supermax, soulignant que Bowers était un prisonnier modèle et qu’il était dès lors très peu probable qu’il soit détenu dans cette prison du Colorado.

Les gardiens de la prison du comté de Butler, où il est incarcéré depuis son arrestation sur les lieux de l’attaque, ont témoigné plus tôt cette semaine, disant que Bowers était un prisonnier modèle qui demandait aux autres prisonniers de se calmer la nuit et dont l’émission de télévision préférée était « Ridiculousness », sur MTV, un programme de vidéos amusantes. Les gardes le surnomment « Oncle Bob ».

Les procureurs ont laissé entendre que Bowers lui-même pourrait souhaiter les conditions de détention de la prison Supermax.

Maureen Baird, une autre experte des prisons citée par la défense, a dit de Supermax que c’était une prison austère et impitoyable où Bowers serait probablement confiné durant 22 à 23 heures par jour, aurait des contacts avec moins de sept détenus et ne serait pas autorisé à passer plus de cinq appels téléphoniques par mois.

« L’accusé semble aimer vivre seul », a déclaré Vasquez Schmitt.

Elle a également contré le témoignage en demandant aux experts de souligner les services offerts au sein de la prison Supermax : la possibilité de créer des œuvres d’art vendues aux enchères en dehors de la prison (prix maximum : 100 $), la mise à disposition prochaine de tablettes avec de la musique, des jeux et des divertissements limités et enfin le droit d’avoir un poisson de compagnie.

Ce procès fait les gros titres depuis son premier jour, fin mai. La phase finale s’est ouverte sur les déclarations des proches des victimes, avant d’entendre les arguments de la défense évoquant la jeunesse perturbée et parfois violente de Bowers et de prendre parfois une tournure des plus étranges. La semaine dernière, le juge a rejeté la demande de la défense d’exhumer le corps de Randall Bowers, le père de Bowers, qui s’est suicidé en 1979.

La défense en avait fait la demande suite à l’avis d’un psychologue selon lequel Randall Bowers n’était peut-être pas son père. Randall Bowers avait en effet été diagnostiqué schizophrène, et la défense faisait valoir que Robert Bowers avait peut-être hérité de cette maladie.

Cet article fait partie d’une série de publications sur le procès de la fusillade de la synagogue de Pittsburgh. Certains passages sont inspirés des reportages du Pittsburgh Jewish Chronicle et du Pittsburgh Union Progress dans le cadre d’une collaboration soutenue financièrement par le Pittsburgh Media Partnership.

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