Israël en guerre - Jour 649

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Trump décidera « sous deux semaines » de se joindre ou non aux frappes iraniennes – Maison-Blanche

Le calendrier diplomatique semble en décalage avec les espoirs israéliens de bombardements conjoints dans les tout prochains jours

Le président américain Donald Trump avec des membres du club de football de la Juventus dans le bureau ovale de la Maison-Blanche à Washington, DC, le 18 juin 2025. (AP/Alex Brandon)
Le président américain Donald Trump avec des membres du club de football de la Juventus dans le bureau ovale de la Maison-Blanche à Washington, DC, le 18 juin 2025. (AP/Alex Brandon)

Donald Trump prendra une décision sur une éventuelle participation américaine aux frappes lancées par Israël contre l’Iran « au cours des deux prochaines semaines », estimant « substantielle » la possibilité de négociations avec Téhéran, a fait savoir jeudi la Maison Blanche.

Le fait que Washington temporise pourrait ouvrir les possibilités d’avancées diplomatiques, après des jours d’incertitude sur la position américaine.

L’annonce, lue par l’attachée de presse Karoline Leavitt, semble signaler un revirement de l’administration au sujet de l’engagement de l’armée américaine pour détruire les sites nucléaires les plus importants d’Iran, après une semaine de valse hésitation entre soutien à une solution pacifique et menaces de mort envers l’ayatollah Ali Khamenei.

« Compte-tenu du fait qu’il existe une possibilité tout sauf négligeable de négociations avec l’Iran dans un proche avenir, je prendrai la décision d’y aller ou non lors des deux prochaines semaines », a fait savoir le président américain dans des propos rapportés par sa porte-parole, Karoline Leavitt.

Elle a confirmé que les négociations se poursuivaient entre les États-Unis et l’Iran sur la question nucléaire malgré l’offensive israélienne. Reuters avait, un peu avant, révélé que l’envoyé spécial de Trump, Steve Witkoff, s’était entretenu à plusieurs reprises par téléphone avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Leavitt a rappelé que tout accord supposait l’interdiction de tout enrichissement d’uranium de la part Téhéran ainsi que l’élimination des capacités iraniennes à se doter de l’arme nucléaire.

« S’il reste une chance à la diplomatie, le président la privilégiera toujours. Mais il n’a pas non plus peur d’avoir recours à la force », a ajouté Karoline Leavitt en rappelant l’urgence d’agir face à l’avancée du programme nucléaire.

« Soyons très clairs, l’Iran a tout ce qui lui faut pour parvenir à l’arme nucléaire. Tout ce dont il a encore besoin, c’est d’une décision du guide suprême en ce sens, après quoi il leur faudrait une quinzaine de jours pour achever la production de cette arme », a-t-elle expliqué.

« Nous aimerions qu’ils fassent un pas vers nous, mais personne ne les y force », a-t-elle ajouté. « A eux de prendre la décision. »

Cette perspective de deux semaines semble placer le projet d’intervention américaine hors champs des plans de guerre d’Israël : en effet, l’armée israélienne a déclaré cette semaine souhaiter avoir parachevé la destruction des programmes nucléaire et balistique de l’Iran sous une à deux semaines.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au centre hospitalier Soroka de Beer Sheva, le 19 juin 2025. (Marc Israel Sellem/POOL)

Netanyahu a déclaré à la chaine publique israélienne Kan que les opérations militaires avaient pris de « l’avance sur le calendrier ». Il a ajouté qu’Israël pourrait frapper toutes les installations nucléaires en Iran, y compris Fordo, sans préciser s’il aurait, pour cela, besoin de l’aide américaine.

« Nous allons remplir tous nos objectifs et bombarder toutes leurs installations nucléaires. Nous avons les capacités pour le faire », a-t-il ajouté. Que Trump « veuille se joindre ou non à nous », c’est à lui de voir, a-t-il conclu.

Au septième jour de guerre entre Israël et Iran, Donald Trump a tenu, jeudi à la mi-journée, sa troisième réunion en l’espace de trois jours depuis la « Situation Room », la salle de crise située au sous-sol de la Maison Blanche, là où se prennent les décisions militaires les plus sensibles.

Une telle réunion se tiendra tous les jours jusqu’à lundi, quand Donald Trump partira pour un sommet de l’Otan aux Pays-Bas, a ajouté la Maison Blanche.

« Instinct »

Le président républicain avait entretenu le mystère sur ses intentions la veille en déclarant, à propos d’une éventuelle participation américaine aux frappes: « Je vais peut-être le faire, peut-être pas ».

Il avait également assuré que les Iraniens étaient entrés en contact avec les Etats-Unis pour négocier sur leur programme nucléaire et avaient « même suggéré de venir à la Maison Blanche », ce que Téhéran avait rapidement démenti.

Une « correspondance s’est poursuivie » entre les Etats-Unis et l’Iran depuis le début de la guerre, selon la porte-parole de la Maison Blanche, interrogée jeudi sur des informations de presse selon lesquelles l’émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff a été en contact avec le ministre iranien des Affaires étrangères.

Il n’est cependant pas prévu que Steve Witkoff rejoigne plusieurs ministres européens des Affaires étrangères vendredi à Genève, où ils doivent rencontrer leur homologue iranien, Abbas Araghchi.

Depuis plusieurs jours, Donald Trump souffle le chaud et le froid sur une éventuelle intervention directe.

Plusieurs figures trumpistes du mouvement « MAGA », dont Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, ou encore l’ex-présentateur de Fox News Tucker Carlson, ont exprimé leur opposition farouche à toute intervention américaine directe.

Mais les Etats-Unis disposent « de capacités qu’aucun autre pays du monde ne possède », a rappelé jeudi Karoline Leavitt, faisant sans-doute référence à la bombe américaine qui serait capable de détruire l’usine d’enrichissement d’uranium de Fordo, une infrastructure cruciale du programme nucléaire iranien enfouie à une centaine de mètres de profondeur.

« Faites confiance au président Trump, » a-t-elle ajouté. « Le président Trump a un instinct incroyable. »

Les critiques disent qu’au cours des cinq mois écoulés depuis son retour au pouvoir, Trump a fixé des délais – à commencer par la Russie et l’Ukraine en guerre ou d’autres pays, dans le cadre de négociations douanières et commerciales – pour au final les annuler ou les reporter.

« La perspective d’une guerre contre l’Iran est effrayante, mais personne ne croit à ces « deux semaines » », a écrit le sénateur démocrate Chris Murphy sur X. « Il a utilisé ça un million de fois déjà pour laisser entendre qu’il pourrait faire quelque chose qu’au final il ne fait pas. Ce qui fait que l’Amérique parait faible et stupide. »

Selon une information révélée par CBS jeudi, le président américain aurait été informé dans la journée des avantages et inconvénients du bombardement de l’installation souterraine d’enrichissement de Fordo, en Iran, considérée comme une cible clé du démantèlement du programme nucléaire de Téhéran.

Selon les contempteurs de Trump, cela fait plusieurs jours déjà que Trump examine la possibilité de bombarder Fordo. Le site, qui se trouve profondément enterré dans le centre de l’Iran, serait hors de portée des armes aériennes israéliennes.

Cette image satellite fournie par Maxar Technologies montre l’installation d’enrichissement de Fordo, en Iran, le 24 janvier 2025. (Maxar Technologies via AP)

Une frappe américaine sur l’installation nécessiterait vraisemblablement l’utilisation de bombes dites « bunker-buster », qui pèsent 30 000 livres chacune et sont trop lourdes pour la flotte d’avions de combat israéliens.

Leavitt a indiqué que Trump avait été informé de l’opération israélienne jeudi et restait en contact régulier avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Elle a déclaré que l’Iran était dans « une situation de grande vulnérabilité » et pourrait s’attirer de gros ennuis s’il n’acceptait pas de renoncer à l’arme nucléaire. »

Avant une réunion dédiée au renseignement dans la Situation Room jeudi midi, CNN a fait savoir que Trump avait réuni son équipe chargée des questions de sécurité nationale, composée du vice-président, JD Vance, du Secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, du directeur de la CIA, John Ratcliffe, et de Witkoff.

La tenue de cette réunion, dans la Situation Room, laisse penser que le sujet évoqué lors de cette réunion était plus sensible que le simple point quotidien fait au président américain sur l’activité de renseignement dans le bureau ovale, a expliqué le média.

Le Wall Street Journal a rapporté mercredi que le président américain avait validé des plans d’attaque contre l’Iran la nuit précédente, mais qu’il les avait retardés pour donner une dernière chance à la voie diplomatique.

Trump a nié cette information en disant sur Truth Social que le média n’avait « pas la moindre idée de ce [qu’il] pense sur l’Iran ! »

Des F-16 Fighting Falcons de l’US Air Force volent de conserve après un ravitaillement aérien au-dessus d’un emplacement non divulgué dans la zone de responsabilité du commandement central des États-Unis, le 7 janvier 2024. (Photo de l’US Air Force par le sergent-major Jasmonet Holmes)

Par ailleurs, un service iranien clé a indiqué que toute intervention des États-Unis en soutien à leur allié Israël donnerait lieu à une « riposte sévère » de la part de la République islamique.

« Que ce gouvernement américain criminel et son président stupide se rendent bien compte que s’ils font une erreur et prennent des mesures contre l’Iran islamique, ils feront face à une riposte sévère de la part de la République islamique d’Iran », a déclaré le Conseil des gardiens dans un communiqué diffusé par la télévision officielle.

Des dizaines d’avions militaires américains ont été retirés du tarmac de l’une des plus grandes bases américaines du Moyen-Orient, selon des images satellite, ce qui protégerait le matériel d’éventuelles frappes de Téhéran au moment où Washington soupèse l’option d’intervenir militairement dans la guerre entre Israël et l’Iran.

Entre le 5 et le 19 juin 2025, la base américaine d’Al Udeid, au Qatar, s’est presque entièrement vidée de ses avions visibles, selon des images satellites de Planet Labs PBC analysées par l’AFP.

Près de 40 avions militaires étaient garés sur le tarmac de la base le 5 juin: gros porteurs de matériel, de troupes, avions de reconnaissance ou d’opérations spéciales de type Hercules C-130. Sur l’image du 19 juin, il ne restait que trois avions de transport visibles.

D’ailleurs, « par précaution et à la lumière des hostilités régionales en cours », les Etats-Unis « ont conseillé au personnel d’être particulièrement vigilant » et ont « temporairement restreint » l’accès à la base d’Al Udeid, selon une note datée de jeudi publiée sur le site de l’ambassade au Qatar.

Des décisions qui surviennent alors que le président américain Donald Trump doit décider d’ici deux semaines, selon la Maison Blanche, d’une éventuelle intervention américaine aux côtés d’Israël contre l’Iran, lequel pourrait riposter par des frappes contre les nombreuses bases américaines de la région.

Avec sa « grande proximité avec l’Iran » – moins de 300 kilomètres des côtes –, la base d’Al Udeid, ses avions, ses troupes et ses installations « seraient extrêmement vulnérables », confirme auprès de l’AFP Mark Schwartz, général américain à la retraite qui a servi au Moyen-Orient et désormais expert au sein du groupe de réflexion Rand Corporation.

Même sans frappe visant directement les appareils, « rien que des éclats d’obus pourraient les rendre incapables de mener une mission », ajoute-t-il. Dans une telle situation, « il faut réduire les risques pour les forces américaines ».

Les avions partis depuis début juin pourraient avoir été déplacés dans des hangars sur place ou sur d’autres bases de la région.

Interrogée sur ces mouvements, l’armée américaine n’a pas immédiatement répondu à l’AFP. Un responsable de la Défense américaine n’a pas souhaité s’exprimer sur la localisation des appareils, mais a déclaré à l’AFP: « Nous restons engagés à maintenir la sécurité opérationnelle tout en exécutant notre mission avec le plus haut niveau de préparation (…) et de professionnalisme ».

Ces mouvements s’intègrent dans une vaste mobilisation des forces armées américaines dans la région depuis l’attaque menée par Israël contre l’Iran le 13 juin.

Un porte-avion supplémentaire est en route pour la région, et les mouvements aériens sont importants, comme l’a constaté l’AFP, qui a analysé les données de surveillance aérienne ADS-B (disponibles en source ouverte) en filtrant les avions militaires américains de ravitaillement en vol KC-46A Pegasus et KC-135 Stratotanker étant passés au moins une fois en Europe entre le 15 et le 18 juin.

Au moins 25 de ces avions pouvant transporter jusqu’à 96 tonnes de carburant ont fait le trajet des Etats-Unis vers l’Europe au cours de cette période, et étaient encore en Europe le 18 juin au soir. Dans le détail, 27 avions sont partis des Etats-Unis vers l’Europe, dont deux sont repartis aux Etats-Unis.

Un homme prend une photo avec téléphone portable alors que des missiles tirés depuis l’Iran vers Israël survolent le territoire syrien à Damas, en Syrie, le 18 juin 2025. (AP/Ghaith Alsayed)

Plus tard dans la journée de jeudi, les compagnies aériennes américaines United Airlines et American Airlines ont annoncé l’annulation de leur desserte du Moyen-Orient.

Israël assure que son attaque de grande ampleur sur les principaux dirigeants militaires de l’Iran, spécialistes du nucléaires, sites d’enrichissement de l’uranium et du programme balistique, lancée le 13 juin dernier, est indispensable pour empêcher la République islamique de détruire l’État juif, ce qu’elle revendique ouvertement depuis fort longtemps.

Malgré une prise de distance, dans les premiers temps, vis-à-vis de l’opération militaire israélienne, la Maison Blanche a depuis émis l’idée qu’elle avait un rôle à jouer dans cette opération, sans plus de détails sur la forme que ce soutien serait susceptible de prendre.

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