Tsahal estime que certains otages de Gaza pourraient ne jamais être retrouvés
Le temps passant, la probabilité d'obtenir des renseignements sur les otages augmente, mais leurs chances de survie s'amenuisent ; la 98e division achève son raid à Khan Younès
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Les récentes opérations militaires complexes dans la bande de Gaza pour récupérer les corps des otages tués ont contraint l’armée israélienne à reconnaître qu’il était possible que certaines des personnes enlevées par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre ne soient jamais retrouvées, a appris le Times of Israel mardi.
Cette sombre évaluation survient alors que 111 des 251 otages enlevés par les terroristes du Hamas le 7 octobre sont toujours à Gaza, depuis près de 300 jours, estimation qui comprend les corps de 39 personnes dont la mort a été confirmée par Tsahal. Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats tués en 2014.
La semaine dernière, lors d’un raid dans le sud de Khan Younès, la 98e division de Tsahal ainsi que l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet ont retrouvé les corps de cinq otages qui avaient été tués puis enlevés lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien il y a près de dix mois.
Le chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzi Halevi, avait déclaré à l’issue de l’opération que « nous étions à proximité de ces corps auparavant, mais nous ne savions pas comment les atteindre. Maintenant, nous savons comment le faire. Nous avons ramené cinq [otages tués], sans [informations] il n’est pas certain que nous les aurions retrouvés ».
Les corps avaient été enterrés à l’intérieur d’un tunnel à une vingtaine de mètres sous terre à Khan Younès. Selon l’armée, les corps étaient cachés derrière l’un des murs à l’intérieur du tunnel, et sans les informations exactes de l’emplacement – fournies par un terroriste détenu – il est peu probable qu’ils auraient été trouvés.
Une autre découverte similaire avait eu lieu en avril avec la récupération du corps de l’otage Elad Katzir, qui avait été enlevé vivant puis assassiné par le groupe terroriste du Jihad islamique palestinien à Gaza. Son corps avait été enterré dans le camp de réfugiés de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, sur un site utilisé par des terroristes.
Tsahal avait obtenu des renseignements visuels sur le site où Elad était détenu et avait envoyé des troupes sur place pour rechercher le corps, qui avait par la suite été localisé puis ramené en Israël pour y être enterré.
Selon les estimations de l’armée, les ravisseurs d’Elad ont tous été tués par Tsahal et il est peu probable que quelqu’un d’autre sache où il était détenu.
L’armée estime toutefois que la probabilité d’obtenir des renseignements sur les otages augmentera avec le temps. Mais la probabilité que les otages restent en vie décline également avec le temps.
Tsahal est en train de déchiffrer une grande quantité de renseignements, obtenus au cours de l’incursion terrestre dans Gaza, qui pourraient permettre d’obtenir d’autres informations sur les otages.
Les tunnels sont la clé du démantèlement du Hamas
Tsahal estime que l’élimination du réseau de tunnels du Hamas permettra une victoire décisive sur le groupe terroriste palestinien, mais que cela ne peut être fait que par des opérations terrestres.
Le groupe terroriste dispose d’un vaste réseau souterrain qui, avant l’incursion terrestre dans Gaza, permettait théoriquement aux éléments du Hamas de se déplacer du nord de la bande de Gaza vers le sud presque exclusivement par les tunnels.
La destruction des tunnels donne à Tsahal une « liberté d’action » dans la bande de Gaza, ont déclaré des responsables militaires.
À Khan Younès, où la 98e division a opéré pendant 128 jours au début de l’année, quelque 70 kilomètres de tunnels ont été démolis.
En revanche, lors d’une opération visant à récupérer les corps de cinq otages la semaine dernière, la division a pu atteindre le tunnel où les cadavres étaient cachés par le Hamas et les récupérer en 24 heures, puis boucler le raid en huit jours, en se retirant de Khan Younès ce mardi.
Lors d’une autre récente opération menée par la 98e division, dans le quartier de Shejaiya de Gaza City, les soldats ont démoli huit tunnels majeurs en moins de deux semaines, avant de se retirer. Le précédent raid à Shejaiya avait duré plusieurs mois et avait entraîné des pertes beaucoup plus lourdes pour Tsahal.
Selon les responsables militaires, ces raids rapides et efficaces n’auraient pas été possibles sans les longues opérations précédentes, qui ont permis de démanteler la plupart des réseaux de tunnels du Hamas et d’empêcher le groupe terroriste de se regrouper et de se défendre contre les futures opérations de Tsahal.
Selon l’armée, le groupe terroriste palestinien a utilisé les tunnels pour résider, survivre et se déplacer dans la bande de Gaza, y compris pour lancer des attaques contre les soldats.
Il y a eu très peu d’échanges de coups de feu entre les troupes israéliennes et les éléments armés du Hamas à l’intérieur des tunnels. Au lieu de cela, les troupes israéliennes utilisent diverses méthodes pour surprendre les terroristes et les tuer à distance, faute de quoi ils finissent par s’enfuir par le réseau souterrain.
L’armée a diffusé une vidéo montrant un terroriste tué par un engin explosif que les soldats étaient parvenus à introduire dans un tunnel.
En outre, Tsahal a préféré atteindre le tunnel avec des forces terrestres pour l’examiner, avant de le détruire, car les frappes aériennes se sont avérées inefficaces pour démolir complètement les passages souterrains dans certains cas. Au début de la guerre, l’armée n’entrait dans aucun tunnel et ne les démolissait qu’une fois qu’il était confirmé qu’aucun otage n’y était détenu.
Tsahal a également déclaré avoir progressé dans la localisation des tunnels du Hamas, mais il est peu probable que tous seront découverts. Selon l’armée, de nouveaux tunnels ont été localisés en interrogeant les terroristes capturés, ainsi qu’en fouillant les zones d’où les roquettes ont été lancées d’où les terroristes ont attaqué les troupes.
Mardi, l’armée a retiré la 98e division de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, après un raid de huit jours.
Au cours de l’opération, Tsahal a déclaré que les troupes de la division avaient tué plus de 150 terroristes, démoli des tunnels et d’autres sites utilisés par le Hamas, et récupéré les corps des cinq otages.
Plus de 39 400 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils incluraient ses propres terroristes, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Israël dit avoir tué 15 000 terroristes au combat. Tsahal affirme également avoir tué un millier de terroristes à l’intérieur du pays le 7 octobre.
La guerre a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué près de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
En réponse à ce pogrom, le plus meurtrier de l’histoire du pays et le pire mené contre des Juifs depuis la Shoah, Israël a juré d’anéantir le Hamas et de mettre fin à son règne de seize ans, et a lancé une opération aérienne suivie d’une incursion terrestre dans la bande de Gaza, qui a commencé le 27 octobre.
À ce jour, 331 soldats israéliens ont été tués au cours de l’opération terrestre contre le Hamas et lors des opérations menées le long de la frontière de Gaza. Ce bilan inclut un officier de l’unité antiterroriste de la police de Yamam tué lors d’une mission de sauvetage d’otages et un contractant civil du ministère de la Défense.