Israël en guerre - Jour 368

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« Opération Arnon » : Ce que l’on sait de la mission de sauvetage de 4 otages à Gaza

Cette mission a été menée en plein jour pour surprendre les ravisseurs ; un véhicule des secours est tombé en panne après avoir essuyé des tirs

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Des amis d'Almog Meir Jan, l'un des quatre otages israéliens secourus à Gaza, posent avec sa photo devant le centre hospitalier Sheba de Ramat Gan, le 8 juin 2024. (JACK GUEZ / AFP)
Des amis d'Almog Meir Jan, l'un des quatre otages israéliens secourus à Gaza, posent avec sa photo devant le centre hospitalier Sheba de Ramat Gan, le 8 juin 2024. (JACK GUEZ / AFP)

L’armée israélienne, l’agence de sécurité du Shin Bet et la police israélienne ont mené, samedi matin, l’une de leurs opérations les plus audacieuses, les plus complexes et les plus risquées depuis le début de la guerre contre le Hamas – une opération qui a réussi – lorsqu’ils ont secouru quatre otages, en vie, qui étaient maintenus en captivité par le groupe terroriste dans la bande. Une mission qui a été conduite en plein jour, dans un secteur où les forces israéliennes n’avaient jamais lancé de raid auparavant.

Cette opération qui a permis de sauver Noa Argamani, 26 ans, Almog Meir Jan, 21 ans, Andrey Kozlov, 27 ans et Shlomi Ziv, 41 ans, avait été planifiée depuis plusieurs semaines, selon des informations obtenues par le Times of Israel. Si elle avait été connue dans un premier temps sous le nom de « Graines d’été », le nom de l’opération a finalement été changé et elle a été intitulée « l’Opération Arnon » – en hommage à l’inspecteur en chef de l’unité Yamam Arnon Zamora, qui a été grièvement blessé par les tirs des hommes du Hamas lors de la mission de sauvetage de trois des quatre otages. L’officier a succombé ultérieurement à ses blessures.

Pendant la période de planification, des renseignements sur l’endroit où se trouvaient les captifs avaient été obtenus et étudiés. Dans le contexte de la guerre, le Hamas n’a cessé de déplacer de manière répétée les otages sur tout le territoire de Gaza de manière à brouiller les pistes et à tenter de prévenir tout raid de sauvetage de la part de l’armée israélienne.

Dans les jours qui avaient précédé la mission, l’unité anti-terroriste d’élite Yamam, au sein de la police israélienne, avait imaginé les différents scénarios susceptibles de se produire lors du sauvetage de ces otages qui étaient détenus à Nuseirat, dans le centre de Gaza – des scénarios qui, selon les responsables militaires, étaient « similaires à ceux du raid d’Entebbe », lorsque des commandos israéliens, en 1976, avaient sauvé plus de cent otages en Ouganda.

Et dans les jours menant à l’opération également, l’armée israélienne avait lancé un nouveau raid dans les quartiers Est de Bureij – à l’Est de Nuseirat – et à l’Est de Deir Balah, soit au Sud-Ouest de l’endroit où les otages étaient conservés en captivité. Des attaques qui avaient apparemment servi à détourner l’attention du Hamas à Nuseirat, où le groupe terroriste avait réduit ses défenses en conséquence.

Et selon une source diplomatique, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Yoav Gallant avaient approuvé l’opération jeudi dans la soirée, une soirée où une réunion du cabinet de guerre et où une réunion de cabinet de sécurité avaient été annulées.

Des attaques simultanées

Finalement, le raid a été mené dans la matinée de samedi, après que le Shin Bet a estimé que ce moment créerait un effet optimal de surprise chez les terroristes en charge des quatre otages. Des raids antérieurs dont l’objectif avait été de venir au secours des captifs avaient plutôt eu lieu la nuit.

Noa Argamani dans les bras de son père, Yaakov, à l’hôpital Sheba après son sauvetage de Gaza où elle était gardée en otage par le Hamas, le 8 juin 2024. (Crédit : Unité du porte-parole de Tsahal)

Ordre a ainsi été donné aux agents de l’unité Yamam et du Shin Bet de lancer un raid contre deux bâtiments de plusieurs étages à Nuseirat, où le Hamas gardait les captifs, à onze heures du matin.

Nuseirat est l’un des quelques secteurs de la bande où les troupes au sol n’ont pas mené d’incursion depuis le début de l’offensive terrestre de Tsahal contre le groupe terroriste du Hamas.

Les bâtiments se trouvaient à environ 200 mètres de distance – et la décision prise d’y entrer simultanément a été entraînée par la possibilité que le Hamas ne se décide à tuer les otages après avoir compris qu’une opération de sauvetage était en train de se dérouler à proximité.

Argamani était placée sous la surveillance de gardes de l’organisation terroriste, dans l’habitation d’une famille palestinienne. Les trois autres otages étaient dans un logement distinct, également gardés par des hommes armés. Selon Tsahal, le Hamas rémunère les familles pour qu’elles conservent les otages chez elles.

L’opération qui a permis à Argamani de recouvrer la liberté se serait déroulée de manière relativement fluide compte-tenu des circonstances, ont indiqué des responsables militaires. En revanche, des tirs nourris ont éclaté dans l’habitation où se trouvaient Meir Jan, Kozlov et Ziv.

L’inspecteur en chef Arnon Zamora, tué lors d’une mission de sauvetage d’otages détenus dans la bande de Gaza le 8 juin 2024. (Crédit : Police israélienne)

Zamora, qui commandait l’équipe de sauvetage dans le second bâtiment où se trouvaient les trois captifs, a été grièvement blessé par des coups de feu tirés par les terroristes du Hamas et il a finalement succombé à ses blessures. Les gardes palestiniens ont aussi perdu la vie dans ces échanges de tirs.

Sous le feu et bloqués

Un peu plus tard, alors que les trois otages et Zamora étaient extraits de Nuseirat, leur véhicule a essuyé des tirs, entraînant une panne et les bloquant dans Gaza. D’autres soldats les ont rapidement rejoints, les amenant jusqu’à un héliport improvisé qui avait été construit dans la bande. De là, ils ont été emmenés à l’hôpital Tel Hashomer, dans le centre d’Israël.

Noa a été, elle aussi, héliportée jusqu’à l’hôpital, peu avant la sortie de Gaza des trois hommes.

Tsahal a noté que les soldats en charge du sauvetage avaient été la cible de nombreux coups de feu et autres tirs de RPG, amenant les troupes, au sol, mais aussi l’armée de l’air à frapper massivement la zone.

Ces frappes, qui ont visé les secteurs d’où les hommes du Hamas attaquaient les forces israéliennes, ont visé à protéger les équipes chargées du sauvetage et les otages.

Le service de presse du Hamas a fait savoir qu’au moins 210 personnes avaient perdu la vie dans le cadre de cette opération.

Tsahal a indiqué que des civils palestiniens étaient morts dans ces combats, attribuant la responsabilité de ces victimes au Hamas qui avait choisi de conserver des otages et de se battre dans un environnement civil dense.

« Nous avons connaissance de moins de cent victimes palestiniennes. Je ne sais pas combien d’entre elles étaient des terroristes », a commenté le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l’armée israélienne, pendant un point-presse avec les journalistes, des propos qui ont été rapportés par Reuters.

De la fumée s’élevant après une frappe aérienne israélienne, à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 8 juin 2024. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)

Les hommes du Hamas ont aussi lancé des missiles anti-aériens en direction des hélicoptères israéliens qui survolaient la zone dans le cadre de l’opération, sans pour autant parvenir à les endommager.

En plus de Zamora, quelques soldats ont été légèrement blessés par des éclats d’obus dans le cadre de l’opération.

Troisième sauvetage en huit mois

Les responsables militaires ont indiqué que la mission avait été d’une grande délicatesse – et qu’elle avait eu autant de chances de réussir que d’échouer.

Le chef d’état-major, le général Herzi Halevi et le dirigeant du Shin Bet, Ronen Bar, ont conjointement commandé l’opération. Netanyahu et Gallant ont été en mesure de suivre la mission depuis l’intérieur de la cellule de crise.

Halevi et le commandant de Yamam ont ultérieurement convenu de changer le nom de la mission qui est devenue « l’Opération Arnon », en hommage à l’officier décédé.

De gauche à droite : Le ministre de la Défense Yoav Gallant, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, le chef d’état-major de l’armée israélienne Herzi Halevi et le directeur de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet Ronen Bar dans la salle d’opérations spéciales supervisant une mission de libération d’otages dans la bande de Gaza, le 8 juin 2024. (Crédit : Agence de sécurité intérieure du Shin Bet)

Il s’agit de la troisième mission de ce genre à avoir réussi au cours des 246 jours qui se sont écoulés depuis l’attaque commise par le Hamas – assaut lors duquel les otages avaient été kidnappés sur le sol israélien. Ori Megidish avait été libérée à la fin du mois d’octobre et Fernando Marman, 61 ans, aux côtés de Louis Har, 70 ans, avaient été secourus à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, au mois de février. Un raid au moins avait été lancé au mois de décembre pour sauver un otage – mais il s’était soldé par un échec. Le captif avait été tué et sa dépouille se trouve encore entre les mains du Hamas.

Tous les otages secourus par l’armée à Gaza – et notamment les quatre de samedi – ont été sauvés dans des bâtiments et non dans le vaste réseau de tunnels du Hamas, un réseau très sophistiqué, baptisé le « métro de Gaza », qui court sous toute la bande.

Un grand nombre d’autres opérations de secours avaient été planifiées – certaines dans tous les détails – mais elles se sont finalement avérées être trop dangereuses, voire impossibles à mener.

Argamani, Meir Jan, Kozlov et Ziv, qui sont restés entre les mains du Hamas pendant huit mois, sont dans un état de santé satisfaisant, ont fait savoir les médecins qui les ont soumis à des examens préliminaires.

Tous les quatre avaient été enlevés au festival de musique électronique Supernova qui était organisé aux abords du kibboutz Reim, le 7 octobre, quand environ 3 000 terroristes placés sous l’autorité du Hamas avaient massacré près de 1 200 personnes et kidnappé 251 personnes, prises en otage dans la bande de Gaza, à l’occasion d’une attaque meurtrière et sanglante qui avait semé la désolation dans tout le sud d’Israël.

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