Tsahal fustige une chaîne de télé de droite pour s’être moquée du chef d’état-major
La Quatorzième chaîne a diffusé une vidéo se moquant de Herzl Halevi, montrant ses yeux exorbités en constatant qu'un soldat arbore un insigne du Messie sur son uniforme

L’armée israélienne a critiqué la Quatorzième chaîne – une chaîne considérée comme favorable au Premier ministre Benjamin Netanyahu – pour une vidéo qu’elle a diffusée mardi et qui se moquait du chef d’état-major de Tsahal, le lieutenant-général Herzl Halevi. L’armée a accusé la chaîne d’avoir diffusé un « contenu incendiaire et diffamatoire qui nuit à Tsahal ».
La vidéo se moquait d’un incident au cours duquel Halevi, alors qu’il rendait visite aux troupes de la Brigade Golani dans le sud du Liban, avait retiré de la manche d’un soldat un patch en velcro sur lequel était écrit « Messie ». Ces écussons sont devenus populaires parmi certains soldats religieux pendant la guerre.
Ces insignes sont associés à des croyances juives fondamentalistes messianiques. Halevi a dit au soldat que, bien qu’il soit libre de garder l’écusson sur la poche de sa chemise, seuls les insignes officiels de Tsahal pouvaient être affichés.
Le fait que Halevi ait réprimandé un soldat pour son insigne, et ce ne serait pas la première fois, a suscité la colère de certains dans les milieux de droite, bien que les soldats soient généralement soumis à des règles strictes en matière d’uniforme et qu’il leur soit depuis longtemps interdit d’afficher des messages sur leur treillis.
La séquence animée de la Quatorzième chaîne montre Halevi en train de regarder l’écusson, le faisant écarquiller les yeux et se mettant à hurler. Halevi a fait l’objet de nombreuses critiques de la part de certains partisans de Netanyahu depuis que la guerre a éclaté le 7 octobre dernier, certaines voix l’accusant de faiblesse et de manque de détermination face aux menaces des groupes terroristes palestinien du Hamas et chiite libanais du Hezbollah.
Certains commentateurs sur les réseaux sociaux ont critiqué la vidéo, affirmant que la Quatorzième chaîne servait des intérêts ennemis en dépeignant Halevi de cette manière.
כשהרמטכ"ל ראה את הפאץ' של המשיח#הפטריוטים@YinonMagal pic.twitter.com/tD2kDNKunZ
— עכשיו 14 (@Now14Israel) October 22, 2024
« Je vous contacte suite à la vidéo publiée hier soir sur la Quatorzième chaîne, qui comprenait un contenu incendiaire et diffamatoire qui nuit à Tsahal. Il est inconcevable qu’une chaîne de médias de l’État d’Israël diffuse un contenu incendiaire contre Tsahal en temps de guerre », peut-on lire dans une lettre adressée à la chaîne par le porte-parole de l’armée, le contre-amiral Daniel Hagari.
Hagari a écrit que l’armée « ne craint pas la critique et encourage même un discours public ouvert et acerbe » sur Tsahal au milieu de la guerre.
« Cependant, le contenu diffusé hier sur la Quatorzième chaîne franchit une ligne rouge. Il s’agit d’une incitation délibérée et d’une humiliation de Tsahal et de ses commandants pendant la guerre. Malheureusement, ce n’est pas la première fois que la Quatorzième chaîne prend de telles initiatives à l’égard de Tsahal », poursuit la lettre.
L’armée attend de la chaîne qu’elle supprime le contenu.
La lettre a également été envoyée à la Seconde Autorité pour la télévision et la radio (SATR), un organisme clé de régulation et d’autorisation pour la radiodiffusion commerciale en Israël, ainsi qu’au ministre de la Défense Yoav Gallant et au ministre des Communications Shlomo Karhi.
Karhi, un partisan de la ligne dure du parti Likud du Premier ministre, a écrit sur le réseau social X un post visant Hagari, l’appelant à annuler la lettre.
« Il semble que l’outil que vous avez utilisé pour faire face aux critiques acerbes soit l’outil de la réduction au silence », a écrit Karhi. Dans une lettre jointe au message, Karhi a écrit que ni lui ni le ministre de la Défense n’ont le pouvoir d’intervenir dans les émissions, affirmant que de tels pouvoirs limités sont conférés uniquement à la SATR.
« La critique n’est pas une incitation. L’incitation est une infraction pénale en vertu du code pénal. Au cours des deux dernières années, vous avez gardé le silence et avez même soutenu ceux qui incitaient au refus [de servir dans la réserve], violant ainsi l’article 109 du code pénal », poursuit le message.
תא"ל הגרי, חזור בך ממכתבך.
דומה שהכלי שבחרת להתמודדות עם ביקורת נוקבת הוא כלי ההשתקה.מושכלת יסוד היא כי לשר התקשורת ולשר הבטחון את כל סמכות להתערב בשידוריו של גוף תקשורת פרטי.
ביקורת איננה הסתה. הסתה היא עבירה פלילית בחוק העונשין. בשנתיים האחרונות, שתקת ואף גיבית מסיתים… pic.twitter.com/MIoQ4jgxdw
— ????????שלמה קרעי – Shlomo Karhi (@shlomo_karhi) October 23, 2024
La loi à laquelle Karhi fait référence prévoit une peine de cinq ans d’emprisonnement pour ceux qui incitent ou font pression sur une personne tenue de servir dans l’armée pour qu’elle déserte.
« Critiquer le chef d’état-major n’est pas critiquer les soldats de Tsahal et ses commandants. Gardez Tsahal en dehors des querelles politiques. »