Tsahal ouvre une enquête après des tirs mortels sur un Palestinien à un checkpoint
Le commandant de brigade a estimé que l'altercation n'aurait pas dû se terminer par la mort de l'homme de 45 ans
L’unité de la police militaire de Tsahal a ouvert une enquête après qu’une enquête préliminaire a déterminé qu’un Palestinien de 45 ans a été inutilement abattu devant son fils lors d’une altercation avec les troupes israéliennes à l’extérieur de son village du centre de la Cisjordanie la semaine dernière.
Les faits se sont déroulés mardi dernier lorsque les troupes ont installé un poste de contrôle temporaire à l’extérieur de Silwad afin d’inspecter les véhicules entrant et sortant du village, selon l’enquête initiale menée par le commandant de la brigade, dont les conclusions ont été communiquées dimanche à la chaîne publique Kan.
Un embouteillage s’est alors formé, provoquant la colère de nombreux conducteurs qui ont commencé à klaxonner en signe de frustration. L’un des soldats présents sur les lieux a réagi à ces klaxonnements en lançant une grenade assourdissante.
Ahmad Kahla, furieux, a alors cherché à sortir de son véhicule, mais le commandant de la patrouille sur place l’en a empêché et a aspergé le Palestinien de gaz poivré, en utilisant une bombe lacrymogène en sa possession, mais non fournie par l’armée. À ce moment-là, les soldats ont décidé de faire sortir Kahla de sa voiture.
Une bagarre s’en est suivie, car il a résisté et a également tiré sur l’arme du soldat qui cherchait à le traîner hors du véhicule. L’un des soldats a alors décidé de décharger son arme, tirant sur Kahla sur le haut du corps, sous le regard de son fils de 19 ans qui se trouvait dans la voiture, selon l’enquête préliminaire de Kan. Le décès de ce père de quatre enfants a été prononcé sur place peu après.
Alors que les premières informations identifiaient Kahla comme un terroriste qui cherchait à commettre un attentat, le commandant de brigade chargé de l’enquête initiale a conclu que ce n’était pas le cas et que « l’incident n’était pas censé se terminer par la mort d’un homme ».
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L’armée a déclaré dans un communiqué qu’une enquête de la police militaire avait été ouverte sur cette affaire et que ses conclusions seraient transmises au bureau de l’avocat général de Tsahal. Les poursuites judiciaires à l’encontre des troupes impliquées dans de telles altercations sont toutefois rares.
L’enquête préliminaire du commandant de brigade était conforme aux témoignages fournis à Kan la semaine dernière, selon lesquels les soldats prenaient jusqu’à une demi-heure pour inspecter un seul véhicule avant de le laisser passer. Lorsqu’ils sont arrivés à la voiture de Kahla, ce dernier s’est mis à crier sur les soldats, selon le témoin anonyme.
Il « a crié un peu, alors ils sont venus à la voiture et l’ont aspergé de gaz poivré. Lorsqu’ils l’ont sorti de la voiture, il était couvert de gaz poivré. Il ne pouvait rien voir. Il a commencé à faire des mouvements de va-et-vient avec ses bras et l’un des soldats a tiré sur lui », a déclaré le témoin.
Le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne (AP) a condamné l’incident mortel en le qualifiant d' »exécution odieuse ».
Emanuel Fabian a contribué à cet article.