Tsahal réprimande les soldats qui ne réagissent pas aux jets de pierres à Hébron
L'armée décrie l'inaction des soldats comme une "conduite indigne" après que la vidéo d'un incident a provoqué un tollé parmi les politiciens
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

L’armée israélienne a dénoncé dimanche l’inaction apparente d’un groupe de soldats capturés sur vidéo ne réagissant pas lorsqu’un adolescent palestinien leur a jeté des pierres dans la ville de Hébron en Cisjordanie au cours du week-end.
Dans les images vidéo, on peut voir le jeune Palestinien courir à plusieurs reprises à proximité des soldats, qui se tiennent derrière une petite barrière, et leur lancer des pierres. Dans la vidéo de 2 minutes, très diffusée, on peut voir les soldats, qui portent des gilets et des casques, se protéger des pierres – un soldat utilise un bouclier anti-émeute en plastique – mais ne semblent pas répondre à leur agresseur.
« A première vue et sans avoir vu la vidéo dans son intégralité – le comportement qui est vu dans la vidéo n’est pas celui attendu des soldats de Tsahal. Les soldats sont tenus de prévenir de tels incidents et de faire usage de la force avec discrétion et conformément aux règles d’engagement », a déclaré l’armée israélienne en réponse à la vidéo.
L’armée a déclaré qu’une enquête avait été lancée sur cette affaire par le commandant de la brigade de la région de Hébron, le colonel Avichai Zafrani, dont les premières conclusions ont été présentées au chef du commandement central de Tsahal, le major général Tamir Yadai.

La vidéo de l’incident a été largement diffusée sur les médias sociaux palestiniens et israéliens.
Les images ont déclenché une querelle en ligne entre le député d’extrême droite Bezalel Smotrich du parti Yamina et l’homme politique de gauche – et ancien chef d’état-major adjoint de Tsahal – Yair Golan du Meretz.
« Je préférerais un millier de vidéos d’Elor Azaria plutôt qu’une vidéo embarrassante et dangereuse comme celle-ci. Celui qui a entraîné ces soldats à réagir de cette manière n’est pas digne d’être commandant un jour de plus », a écrit Smotrich dans un tweet, en référence à un cas de 2016 où un soldat de Tsahal a été filmé en train de tuer un terroriste palestinien blessé et couché sur le dos. Azaria a ensuite été condamné par un tribunal militaire pour homicide involontaire.
Golan a répondu au commentaire de Smotrich, ridiculisant le langage belliqueux du député dans le contexte de son service militaire court et sans histoire.

« Seul un caporal de la [Kirya, quartier général de Tsahal], qui n’a jamais eu à faire face à une émeute, peut faire de telles déclarations. Seul un fasciste peut demander que des civils soient abattus sans discrimination. Priez Dieu pour que Smotrich ne fasse pas de choix pour vos enfants », a déclaré Golan.
Dans une interview accordée plus tard au radiodiffuseur Kan, Golan a expliqué qu’il pensait que les soldats ne semblaient pas répondre correctement, bien qu’il ne puisse pas le dire de manière définitive car il ne savait pas quels ordres ils avaient reçus ni quelle était la situation à Hébron ce jour-là.
L’ancien général a déclaré qu’il était particulièrement en désaccord avec le commentaire de Smotrich sur Azaria : « C’est un appel à la rébellion – disant que vous préférez voir 1 000 cas de soldats n’obéissant pas aux ordres plutôt qu’un cas de soldats obéissant aux ordres ».
Les images ont également fait sensation auprès des Palestiniens, qui ont salué le jeune homme comme un héros pour avoir tenu tête aux soldats armés. Certains, cependant, ont vu dans cette vidéo une forme détournée de propagande israélienne, démontrant la retenue dont font preuve les soldats de Tsahal.
Hébron, qui abrite une petite communauté juive, est connue pour être un lieu d’affrontement entre Israéliens et Palestiniens.
Le Tombeau des patriarches de la ville, lieu de sépulture des patriarches et des matriarches de la Bible juive – la Torah – à l’exception de Rachel, est depuis longtemps un haut lieu de la violence.