Tunis : Des délégations du Hamas et du FPLP présentes au Forum où s’est exprimée Rima Hassan
Jameel Mazhar, vice-secrétaire général du FPLP, a notamment déclaré lors de l'évènement que "la résistance palestinienne à Gaza mène la plus grande épopée de ces temps modernes"
L’activiste Rima Hassan, septième de liste du parti La France insoumise pour les élections européennes de juin, largement accusée de soutien au Hamas et récemment convoquée par la police pour « apologie du terrorisme », a participé vendredi 10 mai à Tunis à la conférence d’ouverture du Forum social maghrébin Maghreb-Machrek.
Parmi les autres participants à cette conférence de deux jours : des responsables du Hamas, qui a mené les massacres du 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, du Jihad islamique et du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), dont des membres ont participé aux mêmes attaques. Les trois groupes sont reconnus comme terroristes notamment par les États-Unis et l’Union européenne. Leurs délégations ont justifié les massacres du 7 octobre lors de ce Forum auquel participait Rima Hassan.
Le site internet du FPLP a ainsi rapporté que Jameel Mazhar, vice-secrétaire général du mouvement terroriste, avait déclaré lors de la conférence : « La résistance palestinienne dans la bande de Gaza, avec ses différentes branches militaires, mène la plus grande épopée de ces temps modernes, où elle a réussi, avec ses modestes moyens et ses opérations conjointes sur le terrain, à surprendre l’ennemi et à infliger une défaite à la plus puissante force militaire de la région, armée de toutes sortes d’armes américaines, en frappant son pouvoir de dissuasion et sa supériorité militaire. »
« Qui aurait pensé que le monde se soulèverait même à partir des régions les plus fortement contrôlées par le lobby sioniste, en particulier dans les pays occidentaux et surtout en Amérique ? », a-t-il également ajouté, en référence aux manifestations anti-Israël à travers le monde.
« Le déluge d’Al-Aqsa [nom donné au massacre du 7 octobre] a révélé le recul du projet américain, en particulier dans la région, et son incapacité à promouvoir des justifications à sa présence dans la région ou à protéger l’entité. L’opération a également vu l’émergence de puissances régionales significatives dans la région telles que l’Iran, jouant un rôle central et principal en tant que fer de lance de l’axe de la résistance [composé des alliés de Téhéran dans sa lutte contre Israël], ainsi que l’émergence du Yémen en tant que force militaire et politique arabe digne d’intérêt et de fierté, en plus de la résistance au Liban et de son succès dans l’épuisement de l’ennemi et l’infligeant de ses plus dures frappes militaires dans le
nord », a-t-il ajouté.
Le site de l’Agence de presse de la République islamique d’Iran (IRNA) a lui rapporté que Sami Abu Zuhri, chef de la section Afrique du Nord du Bureau des relations arabes et islamiques du Hamas et chef du département politique dans la région, s’était aussi rendu en Tunisie « pour participer à la session spéciale (La Palestine est notre avenir) » organisée par le Forum social Maghreb-Machrek du 10 au 12 mai. Yousef Hamdan, représentant du Hamas en Algérie et chef adjoint de la section Afrique du Nord, participait également à la délégation.
Au cours de leur visite, l’université Zaitouna de Tunis a accueilli Abu Zuhri pour un rassemblement pro-Hamas intitulé « Le déluge d’Al-Aqsa [7 octobre], c’est la dignité d’une nation ».
« Certains se précipitaient vers la normalisation, alors nous avons décidé de secouer la conscience des dirigeants et il n’y a pas d’autre moyen pour nous que cette grande bataille, et nous sommes prêts à payer davantage pour Jérusalem », a déclaré Abu Zuhri, faisant référence aux attaques du 7 octobre. « Nous continuons sur cette voie, et cette bataille est l’une de celles que nous avons consciemment planifiées, et nous sommes conscients que son coût est élevé », a-t-il ajouté. « Les prisonniers [otages israéliens] de l’occupation resteront dans la résistance et ne verront pas la lumière du jour tant que l’occupation ne respectera pas les conditions de la résistance, dont le point culminant est l’arrêt de l’agression [sur Gaza] et le paiement des bénéfices, ce qui inclut certainement les prisonniers [palestiniens] dont nous demandons la libération, et selon les critères que nous définissons. »
Avis aux journalistes et autres bernés par Rima Hassan et lfi.
Il y a quelques jours Rima Hassan a annoncé en grande pompe sa participation avec une délégation Lfi au forum social maghrébin, avec une édition spéciale Palestine à Tunis
Parmi les présents à cette conférence, un… pic.twitter.com/e7RyZxCc3s
— F. Alexandre Rifai פ אלכסנדר ריפאי ???????? (@AlexandreRifai) May 12, 2024
Rima Hassan, 31 ans, activiste française d’origine palestinienne qui a grandi dans le camp de réfugiés palestiniens de Neyrab, en Syrie, a profité de la guerre actuelle pour se faire connaitre du grand public, multipliant ces derniers mois les polémiques et les prises de position pour le moins extrêmes.
En novembre, elle avait notamment donné une interview controversée au média Le Crayon, dans laquelle on entend trois questions : « Le Hamas mène-t-il une action légitime ? L’État d’Israël a-t-il un droit de défense ? La solution à deux États est-elle possible ? ». « Vrai, faux, faux », répond-elle.
Le parti La France insoumise, depuis longtemps accusé d’antisémitisme et d’apologie du terrorisme, qui compte actuellement six sièges au Parlement européen, pourrait peut-être remporter sept ou huit sièges lors de ces élections le mois prochain, selon les derniers sondages (ce chiffre pourrait peut-être baisser suite au lancement d’une liste « Free Palestine » menée par l’Union des démocrates musulmans de France). Rima Hassan se trouve ainsi en position éligible, à la limite, ce qui laisse à penser que LFI a voulu, dans le cadre de sa campagne pour les élections européennes, profiter de sa large notoriété dans les milieux anti-Israël, sans pour autant lui garantir à 100 % un siège de députée.
Une telle nomination semble poursuivre la stratégie de « bordélisation » du parti : si elle est élue, il est à craindre que l’hémicycle européen ne subisse lui aussi un certain chaos, comme à l’Assemblée nationale française, où les débats n’ont jamais été aussi houleux et véhéments, voire même violents, avec des polémiques quasi hebdomadaires provoquées par LFI.
Si Rima Hassan a condamné « les crimes de guerre du Hamas », elle a aussi dénoncé « l’impunité d’Israël » et le « génocide » des Palestiniens. « From the river to the sea. On veut libérer TOUS les palestiniens. Ceux des camps, ceux de Gaza, ceux de Jérusalem, ceux de la Cisjordanie, ceux d’Israël et tout ceux de la diaspora », avait-elle notamment écrit sur X, provoquant la polémique et mettant dans une situation délicate L’Oréal qui l’engageait en tant que « membre experte du conseil global pour la diversité et l’inclusion » et qui l’a depuis suspendue.
« From the river to the sea » est un slogan interprété comme antisémite, car il rejette le droit à toute présence juive entre le fleuve Jourdain et la mer Méditerranée, là où se trouve l’État d’Israël.
Rima Hassan a fondé le collectif Action Palestine France et l’ONG Observatoire des camps de réfugiés et a été par le passé rapporteure à la Cour nationale du droit d’asile (CNDA).
Parfois présentée comme « pro-Hamas » en raison de ses positions extrêmes, elle a été classée parmi les quarante femmes « d’exception » du magazine américain Forbes en 2023 – ce qui a là aussi déclenché une polémique. Dans ce cadre, l’animateur Arthur l’a accusée sur Instagram de faire « l’apologie du terrorisme du Hamas », et la qualifiant « d’antisémite ».
L’AFP a participé à cet article.