Un an de Raïssi en Iran : du mieux sur le front du Covid mais l’économie souffre
L'Iran reste frappé par des sanctions qui l'isolent des systèmes financiers mondiaux ; la hausse des prix a entraîné des manifestations dans plusieurs villes ces derniers mois

Un an après son arrivée au pouvoir, le président iranien Ebrahim Raïssi est crédité d’avoir maîtrisé la propagation de l’épidémie de Covid, mais semble encore loin d’avoir rempli sa promesse de redresser l’économie d’un pays en crise profonde.
Sans rival d’envergure face à lui après la disqualification de plusieurs concurrents de poids, ce religieux ultraconservateur a été élu en juin 2021, lors d’un scrutin pour lequel moins d’un électeur sur deux s’était déplacé.
Il prête serment deux mois plus tard et assigne à son gouvernement deux priorités : maîtriser l’épidémie et redresser l’économie.
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Le pays avait alors pris du retard dans sa campagne de vaccination, à cause notamment des sanctions américaines, qui ont entravé ses importations de vaccins. Mais en quelques semaines, le gouvernement a pu lancer une campagne de vaccination à grande échelle grâce à l’importation de vaccins chinois et russes.

Selon les derniers chiffres de l’Organisation mondiale de la santé, plus de 58,1 millions d’Iraniens (soit 70 % de la population) est totalement vaccinée. Hamidréza Taraqi, cadre dirigeant du Parti de la coalition islamique, qui soutient M. Raïssi, salue un gouvernement ayant « réussi à freiner le coronavirus et à [en] éliminer les effets ».
Sur le plan économique, le bilan de M. Raïssi après un an de pouvoir apparaît plus contrasté.
« Desserrer l’étau des sanctions »
La République islamique traverse une grave crise économique et sociale due en grande partie aux sanctions imposées par les Etats-Unis après leur retrait unilatéral, en 2018, de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu trois ans plus tôt à Vienne.
Elle s’accompagne d’une crise de défiance de la population vis-à-vis des autorités, dont le prédécesseur de M. Raïssi, le modéré Hassan Rohani, avait reconnu l’ampleur, et dont a témoigné, selon plusieurs analystes, l’abstention record enregistrée à la présidentielle de 2021 après la répression brutale de plusieurs mouvements de contestation (décembre 2017-janvier 2018 et novembre 2019 notamment).
Si le pays a renoué avec la croissance économique sous M. Rohani après la récession de 2018-2019, consécutive au retrait américain de l’accord sur le nucléaire, le PIB par habitant ne devrait pas retrouver avant l’année prochaine son niveau d’avant la crise, selon les dernières données du Fonds monétaire international.
L’évolution future de l’économie nationale apparaît largement dépendante des négociations en cours pour tenter de sauver l’accord de Vienne et desserrer ainsi l’étau des sanctions américaines qui ont tari les exportations de pétrole iraniennes, première source de recettes pour l’Etat.
« Horizon pas clair »
Mais les pourparlers n’ont encore permis aucune percée, et le gouvernement Raïssi fait face à un déficit budgétaire jugé abyssal par les économistes.
Selon les derniers chiffres officiels, l’inflation, qui ne cesse de rogner le pouvoir d’achat des ménages depuis plusieurs années, atteignait 54% sur un an en juin, soit 13,5 points de plus qu’un an plus tôt.
Et la monnaie nationale, le rial, qui s’était un peu redressé sur le marché des changes au début de l’année alors que la perspective d’un compromis sur la question nucléaire semblait proche, a repris sa descente aux enfers. Le taux de change rial/dollar des Etats-Unis, obsession quotidienne des Iraniens, a atteint un nouveau plancher en juin.

C’est dans cet environnement économique particulièrement défavorable, que le gouvernement a annoncé en mai des mesures pénalisant en premier lieu les classes défavorisées dont M. Raïssi s’était fait le champion : levée des subventions d’Etat sur la farine et augmentation des prix de denrées comme l’huile et les produits laitiers.
« L’horizon économique du pays n’est pas clair après ces mesures, et les économistes prévoient une nouvelle hausse des prix », a déploré auprès de l’AFP Mehdi Rahmanian, directeur du journal réformateur Shargh.
Ces derniers mois déjà, des manifestations ont eu lieu contre la vie chère.
Si M. Rahmanian loue les efforts du gouvernement pour faire sortir le pays de son isolement, et notamment les progrès en vue d’une normalisation avec l’Arabie saoudite voisine, grand rival régional de l’Iran, avec laquelle les relations diplomatiques sont rompues depuis 2016, il note que tout revient au dossier nucléaire
En cas d’échec sur ce point, prédit Henry Rome, spécialiste de l’Iran au sein du cabinet de conseil américain Eurasia Group, « l’Iran sera probablement confronté à des troubles économiques et sociaux plus importants ».
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