Un auteur attribue la montée de l’antisémitisme en France aux institutions juives
Ces institutions « se sont comportés comme de véritables agents en France du gouvernement Netanyahu », a estimé Daniel Schneidermann, qui publie un livre dans lequel il accuse Charlie Hebdo d'être « islamophobe »

Le journaliste et auteur Daniel Schneidermann a fait polémique jeudi 9 janvier lorsque, dans l’émission « À l’air libre » de Médiapart, lorsqu’il a visiblement rejeté la responsabilité de l’explosion de l’antisémitisme en France depuis le 7 octobre sur les institutions juives elles-mêmes.
« Est-ce qu’il y a de l’antisémitisme en France ? Oui. Est-ce qu’il y en a plus aujourd’hui qu’il y a un an, ou il y a cinq ans ? C’est probable, en tout cas les statistiques le disent », a-t-il déclaré en introduction. « Après, qui est responsable de cette recrudescence de l’antisémitisme, c’est là qu’on peut discuter. »
« Depuis le 7 octobre, la ritournelle des médias mainstream et des chaînes d’info, c’est : ‘c’est la faute à Mélenchon’ », a-t-il estimé, parlant de « délire complet » relayé sur « tous les plateaux » de télévision.
Dans sa tirade aux allures complotistes, Daniel Schneidermann a parlé d’un « discours médiatique dominant attribuant la recrudescence de l’antisémitisme à La France insoumise ». Lui-même conteste la responsabilité du parti d’extrême-gauche, maintes fois pointé du doigt pour des propos jugés antisémites.
« Il y a une autre explication, à mon avis, qui est sous-médiatisée mais qu’il faudrait examiner d’un peu plus près, c’est le rôle des institutions qui prétendent représenter en France la communauté juive dans la recrudescence de cet antisémitisme », a-t-il affirmé.
Depuis le 7 octobre, a-t-il dit, « des institutions comme le Crif [Conseil représentatif des institutions juives de France] ont pris fait et cause pour Israël, se sont comportés comme de véritables agents en France de la cause israélienne et du gouvernement Netanyahu ».
« On peut se poser la question de savoir si [ces institutions] n’y sont pas un peu aussi pour quelque chose dans cette recrudescence de l’antisémitisme », a conclu Daniel Schneidermann.
Pour @d_schneidermann et @Mediapart, la montée de l’antisémitisme, c’est la faute des médias et des Juifs. Comme disait Hannah Arendt “le mensonge le plus efficace est celui qui attribue aux victimes la responsabilité de leur propre persécution.”pic.twitter.com/m4yZbPI5RY
— Simone Rodan-Benzaquen (@srodan) January 10, 2025
Face à lui, la magistrate Magali Lafourcade semblait visiblement mal à l’aise à l’issue de sa prise de parole. Elle est donc intervenu pour rappeler que selon un sondage de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, dont elle est la secrétaire générale, « là où vous avez les plus gros bataillons de personnes qui sont proches de tout ce qui structure l’antisémitisme, vous les trouvez massivement dans ceux qui sont sympathisants RN » mais aussi chez les « sympathisants LFI » qui sont à « 36 sur l’échelle d’aversion aux Juifs ».
Par ailleurs, une enquête d’Ipsos publiée en novembre révélait que 55 % des sympathisants LFI cochaient au moins six des cases de l’inventaire de l’antisémitisme ordinaire. Cité par Le Point, Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos, avait jugé : « C’est un bouleversement complet de la cartographie politique. »
En cette rentrée de janvier, et alors que la France a commémoré les dix ans de l’attentat contre Charlie Hebdo la semaine dernière, Daniel Schneidermann sort un livre, « Le Charlisme », dans lequel il relance les accusations en « islamophobie » contre le journal satirique.