Un candidat à la mairie de Rome s’excuse pour des propos jugés antisémites
Enrico Michetti a été critiqué pour avoir écrit que d'autres atrocités que la Shoah attirent moins l'attention parce que les victimes "ne possédaient pas de banques"

JTA – Un des principaux candidats à la mairie de Rome a présenté ses excuses à la communauté juive italienne pour un article qu’il a écrit l’année dernière dans lequel il suggérait que les victimes de meurtres de masse autres que la Shoah attiraient moins l’attention parce qu’elles « ne possédaient pas de banques ».
Les dirigeants de la communauté juive et d’autres personnes avaient décrié les commentaires d’Enrico Michetti, un animateur radio qui est le candidat de la coalition de centre-droit aux élections municipales des 17 et 18 octobre. Il a obtenu plus de 30 % des voix lors du premier tour de l’élection au début du mois, soit plus que tout autre candidat.
« Chaque année, 40 films liés à la Shoah sont tournés, des voyages et des initiatives culturelles de toutes sortes sont financés pour commémorer cette horrible persécution, et jusqu’ici, je n’ai rien à dire », écrivait alors Michetti sur le site de la station de radio où il est animateur. « Mais je me demande pourquoi la même empathie et la même considération ne sont pas accordées aux morts tués dans les massacres de foibe [d’Italiens par les partisans yougoslaves], dans les camps de réfugiés, et dans les meurtres de masse qui ont encore lieu dans le monde ? ».
Parmi les réponses qu’il a proposées : « Peut-être parce qu’ils ne possédaient pas de banques, peut-être parce qu’ils n’appartenaient pas à des lobbies capables de décider des destinées de la planète. »
Les commentaires, qui ont suscité une grande attention après avoir été identifiés et rapportés samedi par Il Manifesto, un journal de gauche, font écho au trope antisémite selon lequel les Juifs contrôlent les systèmes financiers mondiaux.
Les dirigeants juifs ont rapidement condamné Michetti.
« La pensée que les institutions de notre ville puissent être dirigées par des personnes dont la pensée est imprégnée de préjugés nous fait trembler », a déclaré Noemi Di Segni, la présidente de l’Union des communautés juives italiennes. « La culture du dialogue et l’éducation à la mémoire de ce que fut le fascisme sont des points clés également à la base des choix électoraux des citoyens. »

La présidente de la communauté juive de Rome, Ruth Durughello, a envoyé un tweet pour condamner les propos du candidat à la mairie : « Lorsque nous demandons de nous souvenir de la Shoah, nous ne le faisons pas pour nous, les Juifs, mais parce que la Shoah est le paradigme du mal, et le mal doit être combattu sans aucune sorte d’ambiguïté. »
« Les mots de Michetti », a poursuivi Durughello, « sont dangereux et cachent un préjugé inquiétant ».
Michetti ne s’est pas immédiatement excusé ou n’a pas commenté ses propos sur la Shoah, bien qu’il ait déclaré aux journalistes lors d’un arrêt de campagne à Rome être opposé à l’antisémitisme.
« La Shoah était unique dans son inhumanité, c’était le point le plus bas de l’histoire », a déclaré Michetti. « Nous avons besoin de la plus grande vigilance et de l’unité de tous contre toutes les formes d’antisémitisme ».
Dimanche, il est allé plus loin.
« Je m’excuse sincèrement d’avoir blessé les sentiments de la communauté juive, que, comme tous les Italiens, j’apprécie », a déclaré Michetti, selon La Repubblica, un journal italien.