Un célèbre défenseur de l’éthique du droit critiqué pour ses tarifs très élevés
L'Association du barreau va enquêter sur Eliad Shraga, fondateur du Mouvement pour un gouvernement de qualité, qui a facturé 1,5 million de shekels pour un litige successoral
Eliad Shraga, le président du Mouvement pour un gouvernement de qualité en Israël, a été critiqué lundi pour avoir facturé des frais exorbitants à une femme en difficulté financière.
Le Mouvement pour un gouvernement de qualité est une ONG de tout premier plan engagée dans la lutte contre la corruption et ce qu’elle considère comme des excès de pouvoir et des manquements éthiques du gouvernement. Elle est très active contre la refonte judiciaire initiée par la coalition Netanyahu, et Shraga est considéré comme l’un des meilleurs avocats d’Israël.
Shraga a facturé à une femme 1,5 million de shekels pour le règlement de la succession du frère de sa cliente, blessé et handicapé pendant son service militaire.
Shraga connaît cette femme depuis des années et a représenté son frère et plusieurs de ses amis dans un procès contre le ministère de la Défense, a fait savoir la Douzième chaine. L’identité de cette cliente n’a pas été révélée.
Lorsque le frère de cette femme, qui n’avait pas d’enfants, est décédé, il a laissé tous ses biens à sa sœur, qui avait pris soin de lui. Les neveux de l’homme ont alors fait valoir leurs prétentions auprès du tribunal chargé de l’affaire et réclamé la moitié de l’héritage.
Shraga a représenté la femme dans son procès contre les neveux, à l’issue duquel elle a obtenu 4,2 millions de shekels. Shraga lui a alors demandé des frais de plus de 1,5 million de shekels, à la grande surprise de la cliente, précise la Douzième chaine.
« Je n’avais pas compris le principe du bonus », a expliqué la femme.
« Je n’avais pas compris qu’il facturait les heures travaillées plus 20 % des sommes obtenues. »
La femme a consulté un autre avocat, Osnat Harkavy-Levy, qui a expliqué que la cliente avait finalement remporté 65 % de l’héritage, alors qu’elle était d’emblée assurée d’obtenir 50 %, de sorte que Shraga ne lui a permis de remporter que 15 % de plus.
« Il lui demande au final plus que ce qu’il lui a rapporté », aurait précisé Harkavy-Levy, d’après la Douzième chaine.
La femme aurait dit à Shraga : « Avec cette somme, vous pouvez vous acheter une maison. »
« Il a répondu : ‘Je me suis plié en quatre pour toi et je t’ai bien représenté.’ J’ai bien réfléchi. Lui et moi touchons au final presque le même montant. Cela n’a aucun sens », a-t-elle déclaré.
La femme et Shraga ont demandé au tribunal de trancher, et c’est elle qui a obtenu gain de cause. Le tribunal a en effet statué que les prétentions de Shraga étaient « anormales ». Shraga a finalement touché 600 000 shekels sur le million et demi demandé.
La femme s’est plainte que Shraga se soit montré dédaigneux et insultant. Il aurait dit mériter la maison de son frère, qu’il lui avait permis d’obtenir en justice.
« Il m’a dit : ‘Tu travailles sur le marché, tu n’es pas avocate, tu n’es pas assez intelligente pour comprendre’. »
« Il a eu un comportement ignoble et menaçant », a résumé la femme.
Shraga a également tenté d’étouffer l’affaire, ont fait savoir les médias israéliens.
Shraga a réagi au micro de la Douzième chaine : « Pendant six ans, ma cliente a bénéficié de mes services juridiques et d’une représentation de la part de mon cabinet dans de nombreux procès, ce qui représente des centaines d’heures de travail, le tout sans jamais rien débourser. »
« Nous avons obtenu une décision de justice qui lui permet d’empocher des millions de shekels et elle tente aujourd’hui d’échapper au paiement des honoraires qu’elle avait pourtant acceptés », a déclaré Shraga.
Il a ajouté que sa cliente n’était absolument pas en difficultés financières et que cette affaire était une machination politique, le Mouvement pour un gouvernement de qualité s’opposant fermement au projet de loi de la coalition sur la refonte judiciaire.
L’Association du barreau a fait savoir qu’une enquête serait menée par son comité d’éthique.