Un député de l’Union sioniste “ému” par sa rencontre avec le roi Abdallah II
Erel Margalit, en lice pour prendre la direction de l'opposition, est “furieux” contre le ministre des Sciences qui s'est retiré d'un évènement scientifique en Jordanie
Dov Lieber est le correspondant aux Affaires arabes du Times of Israël
Bien qu’Israël ait joué un rôle central dans la construction du premier accélérateur de particules au Moyen Orient, fruit de plus de vingt ans de coopération régionale, avec l’Iran et le Pakistan, le seul représentant israélien présent à la cérémonie d’inauguration qui a eu lieu mardi en Jordanie était le député Erel Margalit (Union sioniste).
Le ministre des Sciences et de la Technologie, Ofir Akunis a annulé sa participation à la veille de l’évènement, en signe de protestation diplomatique contre la condamnation émise par Amman suite à la mort d’un assaillant jordanien par un policier israélien poignardé par ce même assaillant.
Margalit, qui est en lice pour les primaires du parti de l’opposition en Israël, et est un fervent partisan de la coopération régionale, a déclaré au Times of Israël mercredi qu’il était « furieux » contre Akunis.
« J’espérais que nous pourrions rassembler la coalition et l’opposition, main dans la main », a-t-il dit dans une interview téléphonique.
Margalit a accusé Akunis de politiser l’évènement afin de marquer des points au sein du gouvernement de droite.
Durant l’inauguration du nouvel accélérateur de particules à Allan, en Jordanie, Margalit a rencontré le roi Abdallah II.
À la première poignée de mains, raconte Margalit, le roi ne savait pas qui il était. Il s’est présenté comme un « investisseur en capital-risque, qui travaille en politique et qui se présente pour la direction du Parti travailliste. » (Le parti travailliste et le parti Hatnua de Tzipi Livni forment le groupe parlementaire de l’Union sioniste.)
« Oh, très bien. La technologie et la science pourront vraiment faire progresser cette région », a déclaré le roi, selon Margalit.
Margalit a indiqué qu’il avait été « ému » par la « réaction dynamique » d’Abdallah II, qui semblait « agréablement surpris et encouragé » quand il a entendu qui était son interlocuteur israélien.
Israël est l’un des membres fondateurs du projet SESAME (Synchrotron-Light for Experimental Science and Applications in the Middle East), qui a été créé en 2002 sous l’égide de l’UNESCO, et est conçu pour favoriser la coopération régionale via un partenariat scientifique.
L’Iran, Chypre, la Turquie, le Pakistan, la Jordanie, l’Égypte et l’Autorité palestinienne font également partie de ce projet.
L’accélérateur produit une lumière puissante qui peut être utilisée pour inspecter les éléments les plus microscopiques de tout type de matériau. Cet outil devrait être un grand avantage pour la science dans la région, et pourra être utilisé en recherche dans de nombreux domaines.
Margalit avait déjà travaillé sur de nombreux projets avec la Jordanie, notamment l’an dernier, avec l’aide d’EcoPeace, pour préserver le Jourdain pour ceux qui vivent des deux côtés.
« Je ne pense pas que les choses soient faciles », explique Margalit, qui reconnait qu’il y a toujours une certaine opposition à la coopération avec Israël de la part de la société jordanienne.
« Mais je pense que lorsqu’il y a eu une opportunité, nous avons été traités avec tout le respect possible, a-t-il ajouté. Je n’ai eu aucun problème avec les responsables haut-placés, qu’ils soient égyptiens, jordaniens, marocains ou tunisiens ; et je peux vous dire qu’il y a une coopération et un dialogue constructif. »
L’ambivalence du rôle de l’Iran dans le projet SESAME
Margalit, ancien investisseur en capital-risque et entrepreneur, est entré en politique en 2013. Il a fait l’éloge de ce qu’il a appelé un plan « d’intérêts convergents », destiné à améliorer l’économie israélienne tout en fortifiant et en intensifiant sa collaboration avec les pays du Golfe et du Moyen Orient.
Dans le cadre de ce projet, il prévoit de lutter contre le flux de capitaux vers Téhéran, en raison de la mise en œuvre de l’accord sur le nucléaire.
Et pourtant, Margalit a admis qu’il serait compliqué de tenir l’Iran hors du projet de coopération régionale, comme l’a prouvé le projet SESAME.
Il a fait remarquer que l’Iran « ne gagne pas d’argent » avec ce projet, mais a indiqué qu’il était très « partagé » sur sa participation à SESAME.
« Ce n’est pas facile, vous savez… quand nous commencerons à résoudre nos problèmes et à avancer sur le plan économique et sécuritaire, nous allons nous retrouver dans des situations difficiles. »
Il a ajouté : « Le changement impose des situations complexes, d’ouvrir les yeux, d’être clair sur l’identité des extrémistes que l’on veut combattre et de donner une chance au changement. C’est ce que doit faire un leader responsable mais courageux. »
Eric Cortellessa a contribué à cet article.