Un député juif ukrainien critique le silence d’Israël sur la Crimée
Lors de sa visite à Jérusalem, Oleksandr Feldman indique qu'il s'attend à plus de la part du gouvernement israélien
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Un député ukrainien et membre notoire de la communauté juive a accusé dimanche le gouvernement israélien de ne pas faire assez d’efforts pour aider les Juifs d’Ukraine pendant la crise actuelle.
« Nous nous attendions à des positions plus fermes concernant tout ce qui se passe. Il y a 400 000 citoyens juifs en Ukraine et nous espérions un peu plus d’Israël, » a déclaré Oleksandr Feldman, législateur à Kiev depuis 2002.
« Je suis un peu déçu du [ministre des Affaires étrangères Avigdor] Liberman, » a-t-il ajouté, faisant référence au communiqué quelque peu insipide du ministère des Affaires étrangères, émis mercredi, supposément après une pression américaine.
« Israël suit le déroulement des événements en Ukraine avec beaucoup d’intérêt, s’inquiète pour la paix de tous ses citoyens et espère que la situation ne fera pas de victimes humaines. Israël espère que la crise en Ukraine sera gérée de manière diplomatique et se résoudra pacifiquement, » pouvait-on lire dans le communiqué.
Feldman appartient au parti pro-européen de centre-droite, Batkivshchyna, dirigé par l’ancienne Première ministre et candidate aux présidentielles Yulia Tymoshenko.
Il affirme qu’aucune réunion avec de hauts responsables du gouvernement n’est prévue lors de sa visite en Israël pour le moment.
Lors de sa dernière visite en Israël, il y a environ deux mois, il avait rencontré Liberman et le vice-ministre des Affaires étrangères, Zeev Elkin. Il avait « demandé à ce que le gouvernement israélien adopte une position claire quant aux événements en Ukraine. »
A l’époque, les manifestants pro-européens se rassemblaient dans les rues à travers l’Ukraine pour protester contre la décision du gouvernement de s’éloigner de l’Union européenne pour se rapprocher de Moscou. Les troupes russes n’avaient pas encore envahi la péninsule de Crimée lors de sa dernière visite.
Eduard Dolinsky, le directeur général du comité juif ukrainien, basé à Kiev, accompagne Feldman en Israël. Dolinsky a également critiqué le gouvernement pour sa déclaration neutre concernant la situation actuelle entre l’Ukraine et la Russie.
« En tant que communauté juive d’Ukraine, nous sommes très frustrés par la réaction du gouvernement israélien par rapport à la crise actuelle, » a déclaré Dolinsky lors d’une conférence de presse avec Feldman, organisée au Jerusalem Press Club.
Il a insisté pour que le gouvernement déclare clairement « son soutien à un peuple qui se bat pour sa liberté et à un pays qui lutte pour sa souveraineté et son indépendance. »
Feldman, qui porte la kippah, est le président du comité juif ukrainien depuis 2008. Il affirme que le gouvernement israélien « pourrait faire tellement plus » pour aider les Juifs ukrainiens et combattre l’antisémitisme.
Par exemple, dit-il, neuf citoyens ukrainiens blessés lors de manifestations violentes avaient été transférés en Israël pour bénéficier de soins médicaux, mais n’ont reçu aucune sorte de soutien financier.
« Ce n’est pas beaucoup d’argent. Israël pourrait se permettre un acte humanitaire, » a annoncé Feldman en russe, traduit par un interprète.
« Des personnes de toute l’Ukraine nous ont demandé si elles devaient rester [en Ukraine] ou partir, et toutes ces questions auraient pu être évitées si Israël avait pris une position claire concernant ce qui se passe en Ukraine, » avance Feldman. « Tout ce que nous faisons en Ukraine, nous le présentons toujours comme un partenariat avec Israël. »
Dolinsky a déclaré que, jusqu’à présent, l’Agence juive n’a donné que 5 000 dollars aux communautés juives de la Crimée « pour aider à financer leur sécurité. »
Mais il y a quelques semaines, lors de la dernière visite du comité en Israël, ils avaient demandé au gouvernement de leur envoyer une équipe de forces de sécurité qui « inspecterait le situation de l’infrastructure de la communauté – les synagogues et écoles juives en premier – et déciderait d’un plan d’action sur la sécurité, » a-t-il révélé.
« La requête n’a pas encore reçu de réponse. »