Un élu du Likud qualifie un député handicapé de « moitié d’humain » qui riposte
Oren Hazan a ensuite affirmé que l'insulte ne visait pas le handicap d'Ilan Gilon et s'est excusé si ses propos ont pu être interprétés de cette manière
Le député du Likud, Oren Hazan, a suscité encore une fois la controverse lundi après avoir qualifié le député handicapé du Meretz, Ilan Gilon, de « moitié d’humain ».
Hazan a affirmé plus tard qu’il n’avait pas voulu se référer au handicap de Gilon.
Ces propos ont été tenus au cours d’un débat animé à la Knesset sur une législation qui conditionnerait le financement gouvernemental des arts à une supposée « loyauté ».
Gilon avait critiqué la ministre de la Culture Miri Regev, également issue du parti du Likud, depuis la tribune où Hazan est venu ensuite prendre sa défense.
Gilon et Hazan ont échangé quelques mots avant que le parlementaire du Likud ne dise que « si vous n’étiez pas une moitié d’humain, alors je vous répondrais probablement ».
Gilon a riposté en disant que Hazan était le « Golem de Prague ».
Gilon s’est ensuite exprimé devant les caméras de la Dixième chaîne, répondant aux propos tenus la veille par Oren Hazan qui l’avait qualifié de « moitié d’humain ».
« De manière générale, les enfants, en situation de handicap ou non, doivent se sentir très mal à l’aise en voyant qu’il peut y avoir un tel personnage à la Knesset », a dit Gilon en se référant à Hazan. « Il faut que ce soit clair. Et il faut que cela le soit aussi quand il y a une ministre de la Culture telle que Regev. Et il faut que cela le soit aussi lorsqu’un fils de Premier ministre qualifie [le journaliste] Amnon Abramovich de ‘poubelle’ et que son père ne dit rien. Je n’attends plus rien de ces gens-là ».
Gilon évoquait là la ministre de la Culture et des sports Miri Regev, qui tente de faire avancer une loi qui baserait les subventions gouvernementales sur la « loyauté » dans les arts, et Yair, le fils du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui avait qualifié le mois dernier le journaliste vétéran Abramovich de « poubelle » et de « propagandiste soviétique ».
Le député du Likud, qui a déjà été sanctionné dans le passé pour avoir tourné en dérision une législatrice également handicapée, a insisté sur le fait que son insulte ne faisait pas allusion à l’état de santé du parlementaire de gauche.
« Mes propos faisaient référence à sa façon d’être. Et s’ils ont été interprétés autrement, je vous demande d’accepter mes excuses », a dit Hazan.
Gilon, qui a eu la polio lorsqu’il était enfant, a du mal à se mouvoir seul et utilise souvent une chaise roulante.
Les propos de Hazan ont suscité l’indignation dans les rangs des députés de l’opposition, qui les ont qualifié de « révoltants » et « répugnants ».
« S’il n’est pas renvoyé du Likud dans l’heure qui suit – alors c’est que nous voyons là le vrai visage du parti. Et c’est ainsi qu’ils veulent diriger Israël. C’est révoltant », a écrit la députée de l’Union sioniste Stav Shaffir sur Twitter.
« Puis-je vous rappeler que ce député répugnant s’est également moqué du handicap de mon amie Karin Elharar ? Comment pouvez-vous êtes dégoûtant à ce point ? », a ajouté Mickey Rosenthal, lui aussi issu de l’Union sioniste.
Depuis son élection à la Knesset il y a deux ans, Hazan s’est publiquement moqué d’un collègue handicapé et il a été temporairement interdit de Knesset à deux occasions pour diverses fautes. Au mois de janvier, la commission d’Ethique de la Knesset a infligé à Hazan la sanction maximale – une première dans toute l’histoire de la Knesset – pour une série d’incidents marqués par des insultes envers divers législateurs.
Au mois de novembre 2015, durant un vote nocturne, Hazan avait hurlé à l’attention de Karin Elharar, parlementaire de Yesh Atid qui se déplace en fauteuil roulant : « Vous avez besoin qu’Issawi vienne vous aider ? »
Elharar souffre de dystrophie musculaire.
Hazan l’avait accusée d’avoir voté deux fois – ce qui est illégal – après qu’elle a demandé au député du Meretz, Issawi Frej, de l’aider à enregistrer son vote en séance plénière.
Il a récemment dit à une parlementaire, lors d’une réunion de commission de la Knesset, qu’elle était trop laide pour être prostituée.
Le père de Hazan, Yehiel Hazan, avait perdu son siège à la Knesset après s’être fait surprendre à voter deux fois en plénière. Il avait tenté ensuite de se saisir d’un ordinateur de vote dans un espace de rangement de la Knesset pour dissimuler les preuves de son forfait.
Le Parlement israélien vote lundi soir la première lecture d’un projet de loi controversé qui permettrait à la ministre de la Culture de ne pas verser de fonds aux organisations « culturelles « qui oeuvrent contre les principes de l’Etat ».
La loi permettra au gouvernement de ne plus verser de fonds à des organisations ou à des événements se prêtant à la négation du caractère juif et démocratique de l’Etat d’Israël ; à l’incitation au racisme, à la violence ou au terrorisme ; apportant un soutien au combat armé ou aux actes terroristes contre Israël – de la part d’un Etat ennemi ou d’un groupe terroriste ; célébrant la Journée de l’Indépendance appréhendée sous l’angle du deuil, et affichant tout acte de destruction ou de dégradation physique du drapeau de l’Etat ou de tout symbole l’incarnant.