Un groupe de droite accuse des activistes d’être des « taupes » de l’étranger
Le député du Likud prend ses distances avec Im Tirtzu après avoir présenté la loi qualifiant B’tselem et d’autres ONG financées par l’étranger de saboteurs

Le groupe de droit Im Tirtzu a accusé mardi des figures importantes d’organisations de défense des droits de l’Homme de gauche en Israël dans une vidéo d’être des « taupes » contrôlées par des pays étrangers et de saboter les efforts de contre-terrorisme d’Israël.
La campagne provocatrice a été publiée peu de temps après que le député du Likud Yoav Kirch ait annoncé qu’il présenterait un projet de loi qualifiant les organisations qui sont massivement financées par des pays étrangers comme des « taupes », les empêchant de rencontrer des officiels du gouvernement et des membres des forces de l’armée israélienne.
Peu de temps après la publication de la vidéo, Kisch a lui-même pris ses distances par rapport à la campagne « agressive » de l’organisation qui visait à rassembler du soutien pour la loi.
Les activistes des droits de l’Homme cités dans la vidéo travaillent pour Breaking the silence (rompre le silence), B’tselem, le Comité Public contre la torture en Israël, et Hamoked, le Centre de Défense de l’Individu.
La vidéo a été publiée mardi sur la page Facebook de Ronen Shoval, fondateur et ancien président d’Im Tirtzu, qui fait campagne contre ce qu’il considère être un préjugé de gauche sur les campus universitaires et ailleurs.
« C’est incroyable à quel point les pays étrangers aident des terroristes à travers des agents israéliens », a écrit Shoval.
La vidéo commence avec un plan de la rue. Une musique menaçante résonne en bruit de fond alors qu’un homme arabe barbu et inquiétant s’approche de la caméra, lève le bras avec un couteau dans sa main.
« Avant que le prochain terroriste ne vous poignarde, il sait déjà que Ishai Menuhin, mis en place par la Hollande, le défendra certainement contre une enquête des Services de Sécurité israélien ».
Une photo de Menuhin, directeur exécutif du Comité publique contre la Torture en Israël et président d’Amnesty International Israël, apparaît sur une carte d’identité où il est écrit : « Nom de l’organisation : Comité publique contre la Torture. Pays de travail : Hollande.
« Il sait également que Sigi Ben-Ari [un avocat pour Hamoked, le Centre de Défense de l’Individu], un agent du gouvernement norvégien, le défendra devant le tribunal ».
« Avant que le prochain terroriste ne vous poignarde, il sait déjà qu’Hagai El-Ad [directeur de B’Tselem, le Centre d’information Israélien pour les droits de l’homme dans les territoires occupés] un agent de l’Union européenne, qualifiera Israël de criminel de guerre.
« Haggai, Ishai, Avner et Sigi. Ils sont tous Israéliens. Ils vivent tous avec nous. Et ce sont des agents. Quand nous luttons contre la terreur, ils luttent contre nous. Une loi sur les agents pourrait les rendre illégaux. Signez pour soutenir la loi ».
Après la diffusion de la vidéo, Menuhin a porté plainte à la police affirmant que la vidéo incitait à la violence contre sa personne, a annoncé le site internet d’information Ynet.
Kisch, qui a déclaré lundi qu’il présenterait le projet de loi « taupes » plus tard cette semaine, a souligné qu’il n’était pas impliqué dans la campagne de soutien de la loi menée par Im Tirzu.
« Je continuerai à proposer le projet, mais avec cela, j’ai des réserves concernant la personnalisation agressive dans la campagne par l’organisation étudiante ‘Im Tirtzu’ », a-t-il déclaré.
« Je ne suis pas lié à la campagne, et ce n’est pas ma façon de traiter le sujet. Ma loi se distingue de la campagne d’Im Tirzu. »
Tandis que Kisch a nié ses liens vis-à-vis du groupe, un brouillon de ce qui a semblé être une proposition de loi a été téléchargé sur le site internet d’Im Tirtzu, même s’il n’a pas pu être vérifié immédiatement.
La proposition de Kisch qualifierait les groupes financés par les gouvernements étrangers de taupes des pays sponsors, les empêcherait d’entrer en contact avec le gouvernement ou des représentants de l’armée, et il y aurait une amende de 100 000 shekels pour ces organisations au cas où elle violeraient la loi israélienne.
« Des ONG qui encouragent les boycotts, l’incitation à la haine, et les appels à traduire les soldats de l’armée israélienne devant des tribunaux internationaux ne sont pas des ONG importantes pour le discours interne en Israël, a écrit Kisch. Ce sont des ONG qui travaillent pour faire du tort à Israël sur l’arène internationale en répandant des mensonges et l’incitation à la haine, et ce phénomène doit être arrêté ».
NGO Monitor s’est opposé à la propostion affirmant qu’elle détourne l’attention « de la question centrale : le financement massif et irresponsable européen » qui alimente « les réactions émotionnelles de groupes marginaux aussi bien de gauche que de droite ».
« Au cours des dernières années, le débat israélien sur le financement étranger pour les ONG politiques est devenu de plus en plus intense. En conséquence, il y a un besoin de réflexion professionnelle et en profondeur afin d’éviter la confusion et comprendre les détails », a déclaré Gerald Steinberg, le chef de ONG Monitor.
« Les insultes de la gauche et de la droite, utilisant des termes comme ‘traites’, ‘facistes’, ‘agents’ ou ‘McCarthyisme’, et les campagnes de diabolisation ou les attaques personnelles ne contribuent pas à la santé du débat public. Le discours incivil est contre les valeurs démocratiques d’Israël ».