Israël en guerre - Jour 368

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Un homme d’affaires libano-suisse donne le chapeau d’Hitler à Israël

Craignant que ces objets ne "tombent entre de mauvaises mains", "j'ai considéré que je n'avais pas d'autre choix que d'aider la cause", a déclaré Abdallah Chatila

L'homme d'affaires libano-suisse Abdallah Chatila (L), qui a acheté des articles appartenant à Adolf Hitler lors d'une vente aux enchères en Europe pour s'assurer qu'ils ne tombent pas entre les mains de néo-nazis, reçoit de Sam Grundwerg, président mondial de la fondation Keren Hayessod-UIA, un certificat d'appréciation au siège de l'association israélienne de collecte de fonds à Jérusalem, le 8 décembre 2019. (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)
L'homme d'affaires libano-suisse Abdallah Chatila (L), qui a acheté des articles appartenant à Adolf Hitler lors d'une vente aux enchères en Europe pour s'assurer qu'ils ne tombent pas entre les mains de néo-nazis, reçoit de Sam Grundwerg, président mondial de la fondation Keren Hayessod-UIA, un certificat d'appréciation au siège de l'association israélienne de collecte de fonds à Jérusalem, le 8 décembre 2019. (Crédit : AHMAD GHARABLI / AFP)

Un homme d’affaires libano-suisse a déclaré dimanche qu’il allait remettre les objets personnels d’Adolf Hitler, achetés lors d’une vente aux enchères en novembre, à des organisations juives afin de lutter contre la montée du racisme et de l’antisémitisme en Europe.

Lors d’une vente aux enchères le 20 novembre à Munich, Abdallah Chatila a déboursé environ 600 000 euros (660 000 dollars) pour acquérir dix objets, dont un chapeau haut-de-forme porté par Hitler.

S’il avait d’abord envisagé de les brûler, il a finalement décidé de les remettre au Keren Hayessod, un organisme de collecte de fonds israélien, qui a proposé de les confier à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem.

Ce fut une décision « très facile » à prendre, a confié M. Chatila lors d’une conférence de presse à Jérusalem. Craignant que ces objets ne « tombent entre de mauvaises mains », « j’ai considéré que je n’avais pas d’autre choix que d’aider la cause », a t-il précisé.


L’homme d’affaires libano-suisse Abdallah Chatila, qui a acheté des articles appartenant à Adolf Hitler lors d’une vente aux enchères en Europe pour s’assurer qu’ils ne tombent pas entre les mains des néonazis, visite la salle des noms du musée commémoratif de l’holocauste Yad Vashem à Jérusalem le 8 décembre. , 2019. (AHMAD GHARABLI / AFP)

Selon lui, « ce qui s’est passé ces cinq dernières années en Europe nous a prouvé que l’antisémitisme, le populisme, le racisme sont de plus en plus forts, et nous sommes ici pour le combattre et montrer aux gens que nous n’avons pas peur ».

« Aujourd’hui, avec la désinformation, les médias, le pouvoir que procure Internet, avec les réseaux sociaux », quelqu’un d’autre pourrait manipuler le public, a-t-il poursuivi, évoquant Hitler. Ces objets pourraient selon lui être utilisés par des groupes néo-nazis ou des personnes voulant attiser l’antisémitisme et le racisme en Europe.

« C’est pourquoi j’ai senti que je devais le faire », a déclaré M. Chatila évoquant son achat.

Chatila, qui a quitté le Liban avec sa famille à l’âge de deux ans, a souligné que « Hitler est la personnification du mal. Le mal pour tous. Pas seulement pour les Juifs. Pas pour les chrétiens. Le mal [à l’échelle] de l’humanité ».

Les objets, toujours à Munich, devraient être transférés à Yad Vashem et s’ajouter à une collection d’effets personnels de nazis, pour lutter contre le négationnisme. Mais ils ne seront pas exposés de façon permanente, a précisé Avner Shalev, directeur du musée. Le musée pourrait cependant utiliser un ou plusieurs de ces objets « afin de remettre dans leur contexte l’histoire des auteurs » des crimes de la Shoah.

L’homme d’affaires libano-suisse Abdallah Chatila rencontre le président Reuven Rivlin, le 8 décembre 2019 à Jérusalem. (Crédit : Mark Neiman / GPO)

Dimanche, M. Chatila a visité Yad Vashem et rencontré le président israélien Reuven Rivlin.

« Votre don est d’une grande importance, notamment à notre époque, où les gens essaient de nier la vérité historique. Ces artefacts, que vous donnez généreusement à Yad Vashem, aideront à transmettre l’héritage de la Shoah à la prochaine génération qui ne rencontrera pas de survivants », a déclaré Rivlin.

« Ce que vous avez fait était apparemment si simple, mais cet acte de grâce montre au monde entier comment combattre la glorification de la haine et l’incitation contre d’autres personnes. C’était un acte vraiment humain », a-t-il ajouté.

Chatila, qui a dit avoir rencontré des survivants de la Shoah, a dit à Rivlin : « J’ai un frisson quand je comprends à quel point c’est important pour le peuple juif, mais je pense qu’il y a un message plus large pour le monde entier, que ‘plus jamais’ n’est pas un slogan vide de sens. Grâce à des actes comme celui-ci, nous pouvons faire en sorte que ces choses ne se reproduisent plus jamais. »

Né en 1974 à Beyrouth dans une famille de joailliers chrétiens, M. Chatila a fait fortune dans les diamants et l’immobilier à Genève. Il est l’une des 300 plus grandes fortunes de Suisse et soutient notamment l’aide aux réfugiés syriens et libanais.

La vente aux enchères avait suscité un tollé en Allemagne, notamment dans la communauté juive. Mais pour le président de l’Association juive européenne, le rabbin Menachem Margolin, le geste de M. Chatila reste un message fort contre le racisme et la xénophobie.

Cette photo d’archives montre un homme tenant un chapeau haut de forme avec les initiales « AH » du fabricant de chapeaux JA Seidl, le 20 novembre 2019 à Grasbrunn près de Munich, dans le sud de l’Allemagne, avant une vente aux enchères d’effets personnels du dictateur Adolf Hitler et d’autres dirigeants nazis notoires de la Seconde Guerre mondiale. (Crédit : Matthias Balk / dpa / AFP))

D’autant plus qu’il émane d’une personne non-juive et d’origine libanaise, selon lui, alors que le Liban et Israël sont techniquement en état de guerre.

« Il ne fait aucun doute qu’un message venant de vous est 10 fois ou 100 fois plus puissant qu’un message de nous », a affirmé le rabbin à M. Chatilla.

Cela montre comment une seule personne « peut changer considérablement les choses », a-t-il poursuivi, estimant qu' »il y a de quoi être optimiste ».

« C’est une excellente, excellente nouvelle, pour tous, j’en suis certain, pas seulement le peuple juif mais pour tous ceux qui se préoccupent du futur et de la situation », a-t-il dit.

Margolin a affirmé avoir initialement souhaité acheter ces objets et les brûler au centre de Berlin, pour envoyer le message que « nul élément de l’héritage ou du message d’Adolf Hitler ne doit être conservé ».

Cependant, le rabbin s’est dit ravi que le Keren HaYessod ait décidé d’en faire don à Yad Vashem.

Le président de Keren HaYessod, Sam Grundwerg, a remercié Chatila pour ce don et lui a offert une rose sculptée, fabriquée à base de roquettes lancées la semaine dernière depuis la bande de Gaza sur Israël. »

« Vous avez pris quelque chose de négatif et en avez fait quelque chose de magnifique », a déclaré Grundwerg à l’homme d’affaires.

Chatila a déclaré qu’il avait reçu des milliers de messages de Juifs au sujet de sa décision, mais très peu de la part de Libanais.

« J’ai reçu quatre ou cinq messages d’amis libanais qui m’ont dit éprouver de la fierté qu’un Libanais fasse une chose pareille », a-t-il raconté. Mais il a ajouté que d’autres messages de la part de Libanais le qualifiaient de traître et le mettaient en garde contre un retour au pays.

Il a précisé qu’il n’était pas préoccupé par les messages menaçants qu’il a reçus, parce qu’il ne se rend pas au Liban, mais a souligné que ses parents y voyagent toujours et qu’il était inquiet pour eux.

Le Liban et Israël n’entretiennent aucune relation diplomatique. Le groupe terroriste chiite du Hezbollah, qui contrôle une part importante du Parlement libanais, a livré une guerre de 34 jours à Israël en 2006.

Chatila a déclaré qu’il n’est pas parvenu à acheter deux objets liés à Hitler vendus aux enchères par Hermann Historica le 20 novembre, suite à une « confusion entre l’un de ses assistants et le commissaire priseur. Il a déclaré qu’il ne sait pas qui a fini par les acheter et indiqué qu’il avait des difficultés à communiquer avec la maison de vente aux enchères.

Hermann Historica a une longue expérience de gestion des reliques nazies. En 2016, il a vendu aux enchères l’un des uniformes d’Hitler pour 304 270 dollars.

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