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Un Israélien condamné à la prison à vie pour le meurtre d’une ado en 98

La cour a également condamné Daniel Nachmani à verser 250 000 shekels à la famille de Noa Eyal ; l'affaire a été résolue grâce à l'analyse ADN d'un échantillon de salive

Daniel Nachmani, accusé du meurtre de Noa Eyal, au tribunal de Jérusalem, le 29 avril 2019. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)
Daniel Nachmani, accusé du meurtre de Noa Eyal, au tribunal de Jérusalem, le 29 avril 2019. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Le tribunal de district de Jérusalem a condamné lundi un homme à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de 16 ans de prison pour l’agression sexuelle et le meurtre de l’adolescente Noal Eyal, qui avait secoué le pays en 1998.

La cour a également statué que Daniel Nachmani, 42 ans, qui n’a été arrêté qu’en 2014 après avoir été confondu par de nouvelles méthodes d’analyse ADN, devra verser 258 000 shekels à la famille d’Eyal.

Cette analyse a permis d’établir un lien entre des preuves prélevées sur les lieux du crime et un échantillon de salive prélevé par la police après un crachat dans la rue.

Eyal, 17 ans, avait disparu dans la nuit du 22 février 1998, alors qu’elle rentrait après avoir été au cinéma avec une amie. Elle a été vue pour la dernière fois à un arrêt de bus de la place Davidka, dans le centre-ville de Jérusalem.

Son corps a été trouvé le lendemain soir dans la forêt près du quartier de Ramot, au nord de Jérusalem, où elle vivait.

Selon l’acte d’accusation, elle était montée à bord du véhicule de Nachmani après avoir manqué le dernier bus. En cours de route, il a quitté l’artère principale et s’est dirigé vers la forêt où il a commis les crimes. En janvier, la cour avait reconnu Nachmani, marié et père de deux enfants, électromécanicien, coupable de meurtre et d’agression sexuelle, mais l’avait acquitté du viol, en raison du manque de preuves.

La famille d’Eyal a diffusé un communiqué saluant cette décision du tribunal : « l’homme maléfique qui a pris la vie de notre Noa n’a pas le droit de marcher librement comme tout le monde. Le tribunal a permis aujourd’hui de boucler la boucle. L’ordre est revenu, du moins en partie. »

« Justice a été rendue. Le mot justice est ironique pour nous, car que peut faire la justice face à l’exploitation des innocents et la prise d’une vie ? Il n’y aura ni soulagement ni consolation pour nous. Nous resterons à jamais habités par la douleur et le chagrin. »

Daniel Whitman, avocat de l’accusation a déclaré : « la cour aujourd’hui a statué que Daniel Nachmani, qui a sournoisement pris la vie d’une jeune fille qui rentrait chez elle, passera de nombreuses années derrière les barreaux. Nous espérons que cette peine sévère consolera, de quelle que manière que ce soit, la famille, qui continuera à porter la douleur et le chagrin ».

Les juges ont accepté la peine requise par l’accusation. Les avocats de Nachmani s’étaient opposés à l’ajout d’une autre sentence à celle de perpétuité.

L’entrée du domicile de la famille de Noa Eyal, le 29 octobre 2014, à Mevasseret Tziyon, près de Jérusalem. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Cependant, Nachmani lui-même avait clamé, devant la cour, son innocence, et critiqué les juges qui ne l’ont pas autorisé à s’exprimer au début des débats.

« Je suis innocent et vous, la cour, continuez à faire ce que vous voulez », a-t-il clamé. « Je suis resté silencieux pendant quatre ans, même quand ils ont fait de moi un monstre et amené des témoins contre moi. Je ne suis pas un monstre, j’ai été arrêté pour un crime que je n’ai pas commis. Même si la police a tenté de me bafouer, je n’ai pas avoué. »

« Je regrette ce qui est arrivé à cette famille, la perte de leur fille, mais il est important que la police continue à chercher le criminel à l’origine de ce crime. Ma famille est aussi en jeu. J’ai deux filles, dont l’une d’elle ne va plus à l’école. Ma femme est à mes côtés presque chaque jour. Je souffre de la voir souffrir. »

Les avocats de Nachmani ont affirmé que leur client clamait toujours son innocence et qu’il avait l’intention de faire appel à la Cour suprême. Ils ont également dénoncé les juges qui lui ont interdit de parler, affirmant qu’aucun « désastre ne se serait produit » s’ils l’avaient autorisé à s’exprimer.

Dans les jours qui ont suivi le meurtre, il y a plus de 21 ans, la police a récolté les récits des témoins oculaires qui avaient déclaré qu’Eyal était montée à bord d’une Ford Escort blanche. Alors que l’enquête faisait l’objet d’un embargo, un journal de Jérusalem avait, à l’époque, publié certains détails de l’affaire, notamment une description détaillée de la voiture, et certains autocollants sur le pare-brise arrière. La police avait par la suite déclaré que ces informations avaient entravé l’enquête.

La place Davidka au centre ville de Jérusalem, le 22 avril 2012. (Crédit : Miriam Alster/FLASH90)

Pendant 16 ans, le crime n’a pas été résolu, même si les enquêteurs avaient réussi à prélever des échantillons d’ADN du suspect sur les lieux du crime. Des échantillons avaient été prélevés d’une longue liste de délinquants sexuels du pays, mais aucun ne correspondait à ceux prélevés sur la victime.

L’enquête a pris un tournant décisif quand la police a obtenu la permission d’utilisée une nouvelle méthode d’analyse d’ADN qui permet de faire le liens entre les membres d’une même famille parmi les échantillons dont dispose la police.

Cette technologie a permis de réduire la recherche et a désigné Nachmani comme suspect principal. La police a commencé à le suivre et a réussi à prélever un échantillon d’ADN après qu’il a craché dans la rue. Cet échantillon correspondait à la preuve prélevée sur les lieux du crime, ce qui avait conduit à son arrestation en 2014.

Comme Eyal, Nachmani vivait à Ramot à cette époque.

La police a également examiné le signal émis par son téléphone – il avait, jusqu’à récemment, le même numéro qu’en 1998 – qui a permis de le situer sur la place Davidka la nuit où Eyal a disparu. Un acte d’accusation pour viol et meurtre avait été déposé en 2015.

Stuart Winer a contribué à cet article.

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