Un journaliste US aurait averti l’ambassadeur d’Israël du « danger » de Keyes
Bret Stephens a déclaré que le porte-parole de Netanyahu a été exclu du Wall Street Journal en 2013 après que les employés lui ont dit qu'il harcelait le personnel féminin
L’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Ron Dermer, aurait été averti par un éminent journaliste américain que David Keyes « représentait un danger pour les femmes », après sa nomination comme porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu auprès des médias internationaux en 2016.
Bret Stephens, alors journaliste au Wall Street Journal, a déclaré avoir contacté Dermer le 2 novembre 2016, après une conversation avec un journaliste israélien, pour lui dire que « M. Keyes représentait un danger pour les femmes dans les bureaux du gouvernement israélien », selon le New York Times. Keyes a été nommé porte-parole international de Netanyahu en mars 2016.
On ignore si le message a ensuite été transmis à l’attention de Netanyahu.
Les déclarations de Stephens ont été rapportées un jour après que Keyes a dit qu’il « prenait un congé pour blanchir mon nom ». Cette annonce faisait suite à un rapport d’enquête du Times of Israel détaillant les accusations d’agression sexuelle et d’inconduite de 12 femmes. Deux autres femmes se sont manifestées jeudi avec d’autres allégations, dont un incident qui a eu lieu après l’embauche de Keyes par Netanyahu.
Stephens, qui travaille maintenant pour le New York Times, a également déclaré qu’en 2013, Keyes avait été exclu de la section opinion du Wall Street Journal après que des employés ont affirmé qu’il avait « fait des avances à plusieurs femmes là-bas ».
Les employés du Wall Street Journal, dont les quatre personnes qui ont dit qu’il leur avait fait des propositions, ont dit au New York Times que le comportement de Keyes l’avait conduit à être banni du bureau « pour les protéger de ses avances ».
Stephens a déclaré avoir réprimandé Keyes pour son comportement à l’époque, le traitant de « honte pour les hommes » et de « honte pour un Juif ».
Le New York Times a également rapporté le récit d’Elizabeth Schaeffer Brown, qui est au moins la 15e victime présumée à se manifester.
Lors de l’incident, Keyes a « insisté » pour qu’elle vienne à son appartement, a-t-elle dit.
« C’était stupide », a déclaré Brown. « Il m’a agressée. C’était la situation la plus violente que j’aie jamais vécue. »
« Il était extrêmement difficile de fuir, car il m’a agrippée avec force contre lui », a-t-elle ajouté.
La députée de l’Union sioniste Stav Shaffir, dans un poste Twitter vendredi dernier, a accusé Netanyahu de fermer les yeux sur les crimes sexuels commis par ses employés .
« Nétanyahu n’était-il pas au courant de cela aussi ? » a-t-elle dit, suite à la nouvelle de l’avertissement de Dermer. « Une autre affaire et une autre affaire. Dans le monde entier, le harcèlement sexuel est sévèrement réprimé et les harceleurs finissent leur carrière dans la honte. Mais comme d’habitude, quand c’est dans le bureau de Netanyahu, pour Netanyahu, tout est permis. »
En 2014, Keyes aurait également été exclu de la Fondation pour la défense des démocraties [Foundation for Defense of Democracies], selon les employés, après avoir fait des avances à deux femmes de son équipe. À la suite de plaintes, l’organisme conservateur de Washington a restreint le nombre de visiteurs dans ses bureaux.
La fondation a déclaré au Times qu’elle avait « mis en place des politiques strictes et des pratiques exemplaires qui reflètent une tolérance zéro pour le harcèlement ou toute forme de comportement déplacé ».
Le Times a également rapporté qu’il avait tenu des « propos obscènes » à des femmes de son propre organisme Advancing Human Rights, et que certaines stagiaires avaient démissionné après leur avoir demandé de sortir avec lui à plusieurs reprises. L’organisation a instauré une politique en vertu de laquelle les stagiaires relèvent d’une directrice plutôt que de Keyes.