Un membre du Fatah : « laissez le Hamas enlever les soldats israéliens »
Jibril Rajoub défie Mahmoud Abbas, qui ne considère pas ce comportement comme faisant partie de la culture palestinienne
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
Alors que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a assuré dimanche aux étudiants israéliens que les Palestiniens avaient abandonné la violence pour de bon, un membre haut placé du Fatah, a déclaré que l’enlèvement de soldats israéliens était le seul moyen de libérer les prisonniers palestiniens enfermés dans des prisons israéliennes.
Jibril Rajoub, membre du comité central du Fatah et ancien commandant de la Force de sécurité préventive en Cisjordanie, a déclaré à la télévision palestinienne le mois dernier, que les enlèvements sont « le seul langage que comprend Israël, » selon un rapport du groupe de surveillance Palestinian Media Watch de mercredi.
« Quand ils [le Hamas] ont enlevé [le soldat israélien Gilad] Shalit, nous les avons applaudi. Quand il ont conclu le deal pour Shalit – malgré nos réserves – nous les avons aussi félicité, » a commenté Rajoub.
Israël avait relâché 1027 prisonniers en octobre 2011 en échange de Shalit, qui avait été kidnappé par le Hamas plus de cinq ans plus tôt sur les territoires israéliens près de la frontière avec Gaza.
Deux soldats de l’armée israélienne ont trouvé la mort lors de l’attaque en juin 2006. Un tunnel du Hamas sous la frontière, révélé par l’armée israélienne en octobre, est soupçonné d’avoir été creusé pour un enlèvement similaire.
Abbas a fait l’objet de critiques de la part de son rival le Hamas, en mai dernier quand il a annoncé au public du Forum économique mondial que les enlèvements ne faisaient pas partie de la culture palestinienne.
« Voulez-vous que nous enlevions d’autres Shalits ? » a demandé Abbas. « Cela ne fait pas partie de notre culture. Nous ne pouvons pas le faire. »
À l’avenir, Abbas a affirmé que les Palestiniens s’abstiendraient d’adhérer aux institutions internationales en échange de la libération de 104 prisonniers palestiniens enfermés avant la signature des accords d’Oslo en septembre 1993.
La quatrième et dernière étape de ces libérations doit se dérouler en avril. La vaste majorité de ces prisonniers ont du sang israélien sur leurs mains.
Mais Rajoub affirme que les enlèvements sont parfaitement légitimes si l’alternative est la prison à vie pour le reste des Palestiniens.
« S’ils [les Israéliens] ne veulent pas relâcher de prisonniers, mais qu’ils veulent les garder enfermés à vie , et qu’ils ressortent comme des fantômes ou des squelettes, l’enlèvement est clairement le langage qu’ils comprennent, » a-t-il déclaré.