Un militant de gauche qui a dénoncé des vendeurs de terres palestiniens inculpé
Ezra Nawi sera le premier Juif accusé d'avoir aidé l'Autorité Palestinienne à l'époque d'Oslo après que l'affaire a été révélée par la télévision
Un militant juif de gauche, dont les agissements en faveur des responsables palestiniens a été dénoncé dans un reportage télévisé, sera inculpé pour avoir aidé l’Autorité palestinienne. Il est accusé d’avoir aidé des responsables palestiniens à traquer et éventuellement exécuter des Palestiniens qui envisageaient de vendre des terres à des Juifs
Cela ferait d’Ezra Nawi le premier Juif à être jugé pour avoir aidé l’Autorité Palestinienne – interdit aux Israéliens en vertu d’une clause des Accords d’Oslo de 1995 qui par la suite s’est inscrite dans la loi pénale israélienne, avec une peine allant jusqu’à cinq ans de prison.
La police de Judée-Samarie a initialement recommandé que l’accusation contre Nawi et un autre militant de l’organisation de gauche Taayush – Guy Butavia – porte sur les délits beaucoup plus graves de contact avec un agent étranger et de conspiration afin de commettre un crime.
Jeudi, l’affaire contre Butavia et un troisième personnage – le Palestinien Yasser Navaja – a été classée faute de preuves.
Nawi a été arrêté en janvier 2016 à l’aéroport Ben Gurion alors qu’il essayait de quitter le pays, quelques jours après un épisode de la série d’enquêtes « Uvda » (Fait) à la télévision israélienne, dans lequel il avait été accusé d’avoir aidé les autorités palestiniennes à vendre des terres aux Juifs.
Le programme a utilisé des preuves collectées par un activiste infiltré d’une organisation de droite appelée Ad Kan qui infiltre des organisations de gauche telles que Taayush dont fait partie Nawi, afin d’exposer ce qu’elle considère être un comportement anti-israélien.
Dans le rapport d’enquête, on entend Nawi parler à quatre vendeurs de biens immobiliers palestiniens, qui pensaient que Nawi était un Juif intéressé par l’achat de leur propriété.
« Je communique immédiatement leurs photos et numéros de téléphone à la Force de sécurité préventive », dit Nawi en faisant référence au service de contre-espionnage de l’Autorité palestinienne. « L’Autorité palestinienne les arrête et les tue. Mais avant de se faire tuer, ils se font tabasser. »
L’émission a déclenché une tempête politique, avec des politiciens de droite et des activistes qui ont dit qu’il s’agissait de preuves que les groupes de gauche ne s’intéressent pas aux droits de l’homme.
Ad Kan a récemment présenté une requête à la Cour suprême afin que l’accusation accélère sa décision concernant les accusations liées au programme.
Le parquet était censé répondre à la cour mercredi. En fait, il a transmis sa décision aux avocats de Nawi, Butavia et Navaja.
Au sein de l’Autorité palestinienne, le code pénal prévoit la peine capitale pour toute personne condamnée pour avoir vendu des terres à des Juifs. Cette loi, que les responsables palestiniens considèrent comme visant à prévenir les prises de contrôle par les résidents des implantations, n’est pas appliquée par les tribunaux palestiniens, où les vendeurs de terres aux Juifs sont généralement condamnés à plusieurs années de prison.
Le journal Haaretz a déclaré que l’accusation d’aide aux organismes liés à l’Autorité palestinienne n’avait été utilisée qu’une seule fois – contre un Palestinien de Jérusalem-Est qui avait travaillé pour les services de sécurité palestiniens.
Les avocats de Nawi, Eitan Peleg et Leah Tsemel, ont déclaré dans un communiqué jeudi que la « montagne de mensonges » avait accouché d’une « souris politique ».
« Deux ans et demi après l’ouverture de l’enquête avec beaucoup de bruit et en fanfare, il ressort qu’il n’y avait rien derrière les graves accusations portées contre Ezra Nawi », ont-ils déclaré.
Ils ont ajouté que « la décision même d’accuser Ezra en utilisant une clause farfelue du droit et dont aucun autre Juif n’a jamais été inculpé représente une autre étape dans la souillure morale de l’accusation et son dévouement à un programme populiste de développement des implantations qui n’a rien à voir avec l’application de la loi.
« Nous n’avons aucun doute sur l’innocence totale d’Ezra et [sans aucun doute] la cour arrivera à une conclusion similaire. Nous sommes heureux de pouvoir exposer à la cour la profondeur de la pourriture et de la pression politique qui ont influencé à la fois la police et l’accusation. »
Un porte-parole d’Ad Kan a appelé l’Etat à agir immédiatement pour traduire « le criminel Ezra Nawi et ses collègues » en justice et à ne pas « traîner les pieds et faire preuve de discrimination comme il l’a fait jusqu’ici ».