Un ministre du Likud avait demandé aux proches d’otages de licencier Ronen Tzur contre des subventions
"Mal à l'aise" avec Ronen Tzur et ses "priorités on ne peut plus claires", Amichai Chikli ne nie pas avoir dit au Forum des otages et des proches de disparus de le faire taire
Selon une information de la télévision israélienne rendue publique mercredi, en novembre dernier, le ministre des Affaires de la diaspora, Amichai Chikli, aurait conseillé au Forum des otages et des proches de disparus de se séparer de leur directeur, Ronen Tzur, critique bien connu du Premier ministre Benjamin Netanyahu, contre la promesse de subventions de la part de son ministère.
Selon la Douzième chaîne, le Forum des proches d’otages, qui n’avait qu’un mois à l’époque, avaient sollicité plusieurs ministères dans le but d’obtenir des fonds pour financer leurs activités internationales. Chikli aurait dit à un responsable du Forum : « Tant que Tzur sera avec vous, il n’y aura pas de coopération avec mon ministère ».
La veille de la révélation de cette information, le stratège politique Ofer Rosenbaum avait pour sa part déclaré qu’un « haut responsable du gouvernement » l’avait appelé deux semaines après le 7 octobre pour lui demander de l’aider à « démanteler et neutraliser » le Forum. Selon les informations de la Douzième chaîne, le haut responsable en question serait un ministre du gouvernement, sans plus de détail.
Chikli a réagi à ces informations en disant : « Ce n’est un secret pour personne que je n’étais pas favorable au choix d’une personne aux priorités si claires et controversées. » Il n’a pas donné de précisions sur ce qu’il reproche à Tzur.
Dans sa déclaration, M. Chikli a précisé que son ministère a apporté son soutien au Forum pour la création de contenu numérique et l’envoi de délégations un peu partout dans le monde, sans nier l’avoir fait sous réserve du limogeage de Tzur.
Stratège politique et député travailliste au mandat des plus brefs, Tzur a contribué à créer le Forum peu de temps après le début de la guerre à Gaza, le 7 octobre, jour où 251 personnes ont été kidnappées par le Hamas lors du pogrom perpétré par milliers d’hommes armés dans le sud d’Israël, qui a fait près de 1 200 morts. Avant cela, il avait pris une part active à l’opposition au projet de refonte judiciaire. Il a par ailleurs été l’un des principaux conseillers de campagne du chef du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, lorsque ce dernier est entré en politique en 2019.
Tzur a été, à titre bénévole, directeur du Forum jusqu’en février dernier, avant de démissionner suite à la pétition d’une cinquantaine de familles lui reprochant de politiser leur cause. Son départ a coïncidé avec la décision de certaines familles d’otages d’accuser clairement Netanyahu de s’opposer à la conclusion d’un cessez-le-feu.
Lors des propos qu’il a tenus mardi, Rosenbaum a indiqué qu’un représentant du gouvernement « influent et très connu » l’avait appelé deux semaines après le 7 octobre pour lui demander, en des « termes tout sauf agréables », de l’aider à « démanteler le Forum des familles ».
A la tête d’une filiale de la société de relations publiques qui appartient à Tzur, Rosenbaum a fait cette confidence dans le cadre de son témoignage devant la commission d’enquête civile sur les événements du 7 octobre, dont Rosenbaum est chef de cabinet.
Les rescapés du pogrom du 7 octobre ont mis en place cette commission civile en juillet dernier, suite au refus répété de Netanyahu de créer une commission d’enquête sur les circonstances du massacre commis par le Hamas le 7 octobre.