Un petit Palestinien opéré à l’hôpital Hadassah après une décapitation interne
Suleiman, 12 ans, avait été renversé par une voiture en vélo ; il a subi une intervention extrêmement rare consistant à raccorder le crâne à la moelle épinière
Les chirurgiens de l’hôpital Hadassah ont rattaché – une intervention rare et complexe – la tête d’un petit garçon de douze ans à son cou après un grave accident, a fait savoir l’hôpital de Jérusalem dans la journée de mercredi. L’enfant avait été renversé par une voiture alors qu’il faisait du vélo.
Suleiman Hassan, un petit Palestinien originaire de Cisjordanie, avait été héliporté à l’unité de traumatologie de l’hôpital Hadassah à Ein Kerem. Les médecins avaient alors déterminé que les ligaments tenant la base postérieure de son crâne avaient été gravement endommagés, séparant le crâne de la moelle épinière et de la colonne vertébrale. Cette lésion ligamentaire d’une extrême gravité est aussi connue sous le nom de décapitation orthopédique ou décapitation interne.
Elle est très rare chez les adultes et encore davantage chez les enfants.
« Nous nous sommes battus pour la vie de cet enfant », a commenté le docteur Ohad Einav, le spécialiste qui a opéré le patient aux côtés du docteur Ziv Asa et d’une équipe nombreuse, à la fois dans la salle d’opération et dans la salle des soins intensifs. L’opération avait été réalisée au début du mois de juin.
« L’intervention elle-même est très compliquée et elle a pris plusieurs heures. Alors que nous étions dans la salle d’opération, nous avons utilisé des plaques et des fixations dans la zone endommagée… Notre capacité à sauver l’enfant, elle s’est trouvée à la fois dans nos connaissances et dans les technologies très innovantes dont nous disposions dans la salle d’opération », a continué Einav.
Einav, revenu il y a un an au sein de l’État juif après avoir travaillé dans des centres de traumatologie de Toronto, a estimé que cette rare lésion avait toutefois des précédents en Israël. Il a indiqué penser qu’il était l’un des seuls chirurgiens spécialisés au sein de l’État juif dans la chirurgie des traumatismes de la moelle épinière.
Hassan est récemment retourné chez lui. Il porte une attelle cervicale et il continuera à faire l’objet d’un suivi minutieux à Hadassah.
« Le fait qu’un tel enfant ne présente pas de déficit neurologique ou de dysfonctionnement sensoriel ou moteur, le fait qu’il puisse fonctionner normalement et marcher sans aide après une procédure d’une telle longueur, ce n’est pas rien », a estimé Einav.
Un rapport émis en 2003 par l’Hôpital pédiatrique de Philadelphie avait noté que sur les 2006 patients pris en charge pour des lésions de la moelle épinière entre 1983 et 2003, seulement 16 souffraient d’une luxation atlanto-occipitale.
« C’est une blessure extrêmement rare mais nous savons que parce que les enfants, entre les âges de quatre et dix ans, ont une tête qui est large par rapport à leur corps, ils sont plus susceptibles d’en souffrir que les adultes », a dit Einav.
La survie est rare dans les cas de décapitation interne. Dans la majorité des cas, les blessés ne survivent pas. Des éléments semblent indiquer que les enfants se rétablissent mieux que les adultes même s’il manque encore des données pour comparer les enfants et les adolescents.
Une étude de 2021 sur les cas de décapitation interne chez les enfants et les adolescents avait établi que 55 % d’entre eux ne survivaient pas à la blessure initiale, au transport vers l’hôpital, à l’intervention chirurgicale ou à la phase de rétablissement.
L’hôpital a expliqué que le père de Hassan n’avait pas quitté la chambre de son enfant jusqu’à sa sortie de l’hôpital.
« Je vous serai reconnaissant toute ma vie pour avoir sauvé mon cher fils, mon fils unique. Soyez tous bénis. Grâce à vous, il a retrouvé une vie alors que les chances qu’il y parvienne étaient faibles et que le danger était bien réel. C’est le professionnalisme, les technologies et les prises de décision rapides des équipes qui ont permis de le sauver. Tout ce que je peux dire, c’est un énorme merci », a-t-il déclaré aux équipes de l’hôpital.
Einav a ajouté que les interventions réalisées sur des adultes souffrant de cette grave lésion, dans le cadre de sa formation à Toronto, avaient aidé à le préparer à opérer le jeune Hassan.
« C’est n’est pas du tout un acte de chirurgie commun et certainement pas sur des enfants et sur des adolescents. Un chirurgien doit avoir des connaissances et de l’expérience pour le faire », a-t-il noté.