Un rabbin et un Arabe entrent dans un bar… et en ressortent meilleurs amis
Ils disent que le rire est le meilleur remède, mais est-ce aussi la solution tant recherchée au conflit israélo-palestinien ?
Cela ressemble au début d’une mauvaise blague : Un rabbin et un Arabe entrent dans un club… Mais Ahmed Ahmed et Rabbi Bob Alper sont des humoristes professionnels qui travaillent ensemble depuis 14 ans pour briser les barrières entre Juifs et Arabes à travers le monde – et maintenant, en Israël – par le biais de l’humour.
Ahmed est un comédien et un acteur élevé en Californie, d’origine égyptienne. Il est apparu dans « Rien que pour vos cheveux » (2008) avec Adam Sandler et dans les trois saisons de la série de TBS « Sullivan & Son » (2012-2014), produite en partie par Vince Vaughn.
Alper est un rabbin réformé principalement à la retraite, qui a quitté sa chaire pour poursuivre une carrière dans la comédie en 1986, après avoir travaillé pendant 14 ans comme rabbin et conseiller. En 1986, après avoir terminé un doctorat du Theological Seminary de Princeton, il a fini troisième dans la compétition de l’Humoriste juif de l’année.
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Le duo improbable s’est formé en 2001, lorsque l’agent d’Alper a proposé l’idée de Laugh in Peace [Rire en paix] – spectacle comique interreligieux dans lequel Alper et Ahmed font leurs stand-ups distincts, puis se rejoignent sur scène pour un numéro final drôle et, espérons-le, significatif. Depuis, ils ont joué ensemble dans environ 150 représentations dans les campus universitaires, synagogues, mosquées et les clubs de comédie à travers l’Amérique et à l’étranger.
Dimanche et lundi, les deux joueront « Laugh In Peace », en anglais, pour la première fois en Israël – ce que, selon Alper, ils ont « toujours voulu faire » – à Tel Aviv et Haïfa.

Avant Laugh in Peace, Ahmed n’avait jamais fait aucune sorte de travail interreligieux. Quand il était rabbin, Alper avait côtoyé un peu des ecclésiastiques chrétiens, mais, dit-il dans une conversation téléphonique depuis sa maison du Vermont, il ne se destinait pas à être impliqué dans le travail interreligieux en tant que comédien.
« C’était tout simplement une idée, » dit-il. « Mais dès que nous avons commencé, nous avons compris qu’il y avait beaucoup de potentiel. Le spectacle donne aux gens de l’espoir. »
Alper a contacté Ahmed, qui avait également du mal à trouver des rôles de comédie et de théâtre.
« C’était un monde post 11/9, il n’y avait pas beaucoup d’opportunités pour les comédiens arabo-américains », explique Ahmed au téléphone de son hôtel à Ramallah. « Etre arabe avec un nom musulman ne m’a pas beaucoup aidé. Il n’y a pas beaucoup de rôles pour un gars comme moi. »
Leurs numéros séparés dans Laugh in Peace sont généralement « plus blancs que blancs », selon Ahmed, et ont peu à voir avec la religion ou le conflit. Ahmed parle des rencontres amoureuses dans la quarantaine, des voyages et de la sécurité de l’aéroport. Alper parle de ses enfants, de son chien et de la petite population juive de son quartier du Vermont.
« Nous sommes délibérément apolitiques », explique Alper, « mais nous avons un message implicite très important. Quand nous sommes ensemble sur scène à la fin du spectacle, nous parlons avec le public et racontons des histoires sur nos visites l’un chez l’autre, nous voulons que les gens sachent que nous ne venons pas pour un spectacle, pour être drôles, prendre un chèque et nous séparer. Nous aimons nous fréquenter. Voilà le message – l’amitié. »

Parfois, quand Ahmed est occupé, Alper se produit pour Laugh in Peace avec d’autres comédiens musulmans (y compris Mo Amer et Azhar Usman), ainsi que des comédiens chrétiens (comme le révérend Susan Sparks) – qui tous, dit Alper, sont ses amis proches.
Et Ahmed et Alper soutiennent qu’ils ne reçoivent que des retours positifs de leurs auditoires – même sur les campus universitaires américains, souvent considérés comme des pôles de tension entre les groupes aux vues opposées sur le Moyen-Orient.
« La plupart des universités où nous nous sommes produits par le passé étaient co-parrainées par des organisations estudiantines juives et musulmanes », dit Ahmed. « Quand des groupes se réunissent et produisent un spectacle collectivement, c’est toujours une réussite. »
Alper souligne qu’il y a eu un déclin dans le nombre de leurs spectacles sur les campus, cependant.
« Il y a beaucoup de tension sur les campus universitaires », dit-il.
Mais Alper espère continuer à se produire pour les étudiants, car ils font partie, selon lui, des publics les plus inspirants.
Pour Alper – qui est aussi l’auteur de trois livres – l’humour contient un élément spirituel. Il cite une histoire du Talmud (Taanit 22a) d’Elijah, le prophète, qui dit que les bouffons – qui divertissent les gens pour la profession – ont une part dans le monde futur.
« Il y a une sainteté à faire rire les gens quand c’est propre et non nuisible », dit Alper, qui ajoute que son « rabbinat avait aussi pour but de faire rire les gens. » Inutile de le dire, sa famille et les amis n’ont pas été surpris quand il a annoncé il y a près de 30 ans qu’il voulait être comédien à temps plein.
Ahmed et Alper croient fermement à l’attrait universel de l’humour, et sont heureux de se produire en Israël, où ils espèrent que leur numéro sera thérapeutique.
« La comédie se traduit en toutes les langues grâce à Internet », explique Ahmed. « Donc, je m’attends au même retour [ici]. Ce qui est drôle est drôle, que vous soyez palestinien ou israélien. »
Les deux comédiens parlent de la capacité de l’humour à unir et à guérir les gens.

« Je pense que ce que nous faisons aide », dit Alper. « Faire rire réduit la tension. C’est une thérapie spirituelle et physique. J’aime faire rire, en particulier les gens qui portent de lourds fardeaux. »
Ahmed et Alper ont également participé au festival de comédie de Ramallah « 1 001 Rires », qui a accueilli 10 comédiens arabo-américains dans six spectacles du 10 au 13 août (Alper a fait des apparitions inopinées dans certains d’entre eux).
Avant de quitter les Etats-Unis la semaine dernière, Alper confie : « Ce qui va se passer, je l’espère, est que les Arabes vont voir un Juif affable qui les fait rire, et les Juifs vont voir un Arabe affable qui les fait rire. Peut-être, d’une certaine façon, nous aiderons à changer les perceptions de ‘l’autre’. »
Selon Ahmed, les espoirs d’Alper se sont réalisés au cours de son apparition surprise dans un spectacle à Bethléem cette semaine.
« La réaction a été fantastique », raconte Ahmed. « Bob est un gars si sympathique – et sa cordialité suinte vraiment à merveille dans le public palestinien. »
« Notre sentiment est que », disent Ahmed et Alper, « quand les gens rient ensemble, ils ne peuvent pas se haïr les uns les autres. »
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