Israël en guerre - Jour 475

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LE POINT SUR LA CAMPAGNE

Un seul parti anti-Netanyahu en dessous du seuil pourrait lui donner la victoire

HaTzionout HaDatit devient un problème pour le Likud ; Yesh Atid courtise les électrices ; Gantz change d'objectif et les partis arabes veulent encourager la participation

  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à droite, et le ministre des Finances Yair Lapid pendant une séance plénière à la Knesset, le 8 juillet 2013. (Crédit : Yonatan Sindel/FLASH90)
    Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, à droite, et le ministre des Finances Yair Lapid pendant une séance plénière à la Knesset, le 8 juillet 2013. (Crédit : Yonatan Sindel/FLASH90)
  • Le "sondage des sondages"  montrant le nombre nombre de sièges que les partis devraient remporter si une élection avait lieu aujourd'hui, le 23 octobre, sur la base d'un récapitulatif des dernières enquêtes d'opinion.
    Le "sondage des sondages" montrant le nombre nombre de sièges que les partis devraient remporter si une élection avait lieu aujourd'hui, le 23 octobre, sur la base d'un récapitulatif des dernières enquêtes d'opinion.
  • Le député Itamar Ben Gvir du parti d'extrême-droite Otzma Yehuditen tournée dans les bars du centre de Jérusalem, le 20 octobre 2022. (Crédit :   Olivier Fitoussi/Flash90)
    Le député Itamar Ben Gvir du parti d'extrême-droite Otzma Yehuditen tournée dans les bars du centre de Jérusalem, le 20 octobre 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)
  • La moyenne hebdomadaire du Likud et de HaTzionout HaDatit (Sionisme religieux) dans les sondages, le 23 octobre 2022.
    La moyenne hebdomadaire du Likud et de HaTzionout HaDatit (Sionisme religieux) dans les sondages, le 23 octobre 2022.
  • Le ministre de la Défense et chef de HaMahane HaMamlahti Benny Gantz durant une conférence de presse à Tel Aviv, le 20 octobre 2022. (Crédit :  Avshalom Sassoni/Flash90)
    Le ministre de la Défense et chef de HaMahane HaMamlahti Benny Gantz durant une conférence de presse à Tel Aviv, le 20 octobre 2022. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
  • Moyenne hebdomadaire des sondages pour les blocs à la Knesset, le 23 octobre 2022.
    Moyenne hebdomadaire des sondages pour les blocs à la Knesset, le 23 octobre 2022.
  • La ministre des Transports Merav Michaeli lors d'une conférence de la  Israeli Television News Company à  Rishon LeZion, le 20 octobre 2022. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)
    La ministre des Transports Merav Michaeli lors d'une conférence de la Israeli Television News Company à Rishon LeZion, le 20 octobre 2022. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Après un long marathon, nous sommes maintenant entrés dans le sprint décisif vers la ligne d’arrivée.

L’impact de ce changement de rythme sur les chiffres jusqu’à présent est toutefois négligeable. Dans sept sondages de la semaine dernière, le bloc dirigé par Benjamin Netanyahu a obtenu à cinq reprises 60 sièges, ce qui fait que sa moyenne est restée pratiquement inchangée, à 60,2 sièges sur les 120 que compte la Knesset.

La droite

À droite, la situation est assez simple, avec quatre partis établis, qui sont tous largement au-dessus du seuil des 3,25 % des suffrages.

Pour les deux partis haredim – Shas et Yahadout HaTorah – la stratégie, comme toujours, consistera à mobiliser les électeurs et à tenter de regagner certains des jeunes électeurs qui ont peut-être migré vers HaTzionout HaDatit.

Yair Lapid (à gauche), alors ministre des Finances, et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, lors d’une conférence de presse en 2013. (Crédit : Flash90)

Comme nous l’avons noté la semaine dernière, les partis haredim totalisent actuellement 15 sièges – contre 16 lors des quatre derniers scrutins électoraux – et ils espèrent donc gagner au moins un siège supplémentaire dans la dernière ligne droite.

Ce qui est intéressant à droite, c’est la bataille qui se développe entre le Likud et HaTzionout Hadatit – ou plus précisément, entre Netanyahu et Itamar Ben Gvir, le leader d’Otzma Yehudit qui est numéro 2, derrière Bezalel Smotrich, sur la liste commune de HaTzionout HaDatit.

Cette tension a été observée lors d’un événement à Kfar Habad lundi soir, où Netanyahu a attendu maladroitement, hors champ des caméras, que Ben Gvir quitte la scène, afin d’éviter d’être photographié avec lui à quelques jours du scrutin, ce qui a eu pour effet d’exaspérer ce dernier.

Moyenne hebdomadaire des sondages pour les blocs à la Knesset, le 23 octobre 2022.

Cette question apparemment insignifiante est symbolique d’une divergence d’intérêts plus grande entre les deux hommes. Netanyahu, qui a beaucoup capitalisé, politiquement, pour assurer l’existence de HaTzionout HaDatit dans sa composition actuelle, considère maintenant sa croissance – de six sièges dans la Knesset sortante, et neuf au début de la campagne, à 13,3 aujourd’hui – comme une menace.

Pour Ben Gvir et son insurrection populiste, cette campagne représente une occasion unique de se propulser au sommet de la politique israélienne. Comme l’ont constaté d’autres partis de droite (tels que Shas, qui a remporté 17 sièges en 1999, Yisrael Beytenu, qui en a remporté 15 en 2009, et HaBayit HaYehudi, qui a remporté 12 sièges en 2013), une forte ascension est généralement suivie d’un déclin assez brutal, si bien que grande est la tentation de battre le fer tant qu’il est chaud.

En pratique, cela signifie que Ben Gvir cherche à maximiser la part de voix de son propre parti, plutôt qu’à faire croître le bloc dans son ensemble. Cette semaine, HaTzionout HaDatit a parlé d’annuler le procès de Netanyahu et de chercher à obtenir des portefeuilles ministériels importants, notamment au ministère de la Défense ; des messages qui, espère-t-il, l’aideront à continuer à accroître son soutien. Smotrich a également dévoilé une proposition à part entière de refonte du système judiciaire.

Le député Itamar Ben Gvir du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit en visite dans les bars du centre de Jérusalem, le 20 octobre 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Cela pose un problème à Netanyahu. Non seulement la volonté de HaTzionout HaDatit d’obtenir un soutien maximal pourrait provoquer une fuite du flanc droit du Likud, mais plus important encore, elle pourrait bien causer des dommages au bloc en repoussant les électeurs critiques de la droite douce qu’il cherche à courtiser. Il est important de noter que les déclarations de ses dirigeants servent également d’outil de mobilisation rêvé pour le bloc anti-Netanyahu. En effet, peu de choses peuvent mobiliser davantage les électeurs anti-Netanyahu que la perspective de l’annulation de son procès, ou qu’un député d’extrême-droite comme Ben Gvir, jugé trop extrême pour être autorisé à servir dans l’armée, occupe le portefeuille critique du ministère de la Défense.

Le Likud a donc cherché à repousser ces messages, en s’en tenant à son approche « mamlakhti » (digne d’un homme d’État) destinée à la droite douce. En cela, il espère reproduire sa stratégie de 2013, dans laquelle il a récupéré un certain nombre de sièges du parti HaBayit HaYehudi dans les derniers jours, lorsque les craintes concernant les opinions extrêmes de certains candidats de HaBayit HaYehudi ont été révélées, et que le Likud a été considéré comme un pari plus modéré et plus sûr.

Mais en fin de compte, il s’agit d’un conflit interne qui n’affectera probablement pas le résultat global. Comme le montre le graphique ci-dessous, le Likud et HaTzionout HaDatit combinés ont obtenu des résultats extrêmement stables tout au long de cette campagne, entre 44 et 45 sièges. La croissance du sionisme religieux n’a pratiquement pas eu d’impact sur le tableau général, et il en serait de même si elle était inversée dans les neuf prochains jours.

Le bloc anti-Netanyahu

De l’autre côté de l’échiquier politique, les choses sont encore plus intéressantes, et autrement plus significatives, avec quatre partis qui flirtent avec le seuil électoral.

Cette semaine, la campagne de Yesh Atid a pris un tournant intéressant en ouvrant un nouveau front en faisant campagne sur la question du genre. Alors que les femmes en Israël sont généralement légèrement plus à gauche que les hommes sur les questions politiques, les campagnes font rarement appel au genre des électeurs.

Le Premier ministre Yair Lapid, le leader de Yesh Atid, a choisi la question de l’avortement et a publié un spot de campagne combinant des extraits de l’arrêt historique de la Cour suprême des États-Unis annulant l’arrêt Roe v. Wade avec une citation du leader du parti HaTzionout HaDatit décrivant l’avortement comme un « meurtre », tout en soulignant l’engagement de Netanyahu à ce que Smotrich et Ben Gvir soient partenaires de son gouvernement. Le spot se termine par l’affirmation que le prochain gouvernement Netanyahu supprimera l’avortement, décrivant un tel gouvernement comme « dangereux pour les femmes ».

Ce nouvel angle est intéressant et repose sans aucun doute sur des enquêtes approfondies. Dans pratiquement tous les sondages que nous avons réalisés, les femmes ont déclaré être moins sûres de leur vote final que les hommes, et il y a donc certainement un effort pour en tirer parti au cours des derniers jours.

Le problème pour Lapid est que ces électrices doivent venir de quelque part, et dans le cas présent, elles votent probablement pour Meretz et Avoda. Par conséquent, il s’agit d’une continuation de ses efforts pour récupérer les votes des deux petits partis de centre gauche, en se basant sur l’argument que ces deux partis « passeront facilement le seuil » et que le bloc a besoin d’un parti plus solide, capable de soutenir un gouvernement et d’apporter la stabilité.

La ministre des Transports Merav Michaeli lors d’une conférence de la Israeli Television News Company à Rishon LeZion, le 20 octobre 2022. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Meretz et Avoda, en revanche, affirment que cela ne fait guère de différence si Lapid remporte 20 ou 24 sièges, mais qu’il est absolument essentiel, par contre, que les deux partis franchissent le seuil. En réalité, le pari de Lapid est que la menace que Meretz ou Avoda ne franchissent pas le seuil est tellement « intégrée » qu’il y aura toujours suffisamment d’électeurs à voter pour les « sauver », quoi qu’il fasse.

Il pourrait bien avoir raison, mais c’est, à n’en pas douter, un pari risqué.

Le deuxième plus grand parti du bloc, le parti HaMahane HaMamlahti de Benny Gantz, a vu ses chiffres baisser ces dernières semaines, passant d’un pic de 13,5 sièges à 11,7 selon nos moyennes. Le défi stratégique de HaMahane HaMamlahti est que toute sa campagne a été construite sur la perception de l’éligibilité, et sur l’affirmation que les relations de Gantz avec les partis haredim lui donneront une meilleure chance de former un gouvernement que Lapid. Le problème d’un raisonnement basé sur l’éligibilité, cependant, est qu’il perd de sa force avec la chute des chiffres dans les sondages et qu’il peut aisément entrer dans une spirale fatale dès lors que son idée maîtresse semble peu plausible.

Le ministre de la Défense et chef de HaMahane HaMamlahti Benny Gantz durant une conférence de presse à Tel Aviv, le 20 octobre 2022. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Il n’est donc pas surprenant que, cette semaine, HaMahane HaMamlahti ait entamé une nouvelle phase de sa campagne axée sur la sécurité. On y voit de nouvelles publicités affirmant qu’avec la multitude de menaces auxquelles Israël est confronté, le pays a besoin au poste de Premier ministre de quelqu’un qui incarne la sécurité. Cet argument n’a rien de nouveau, mais jusqu’à récemment, il ne figurait pas dans la campagne de Gantz. Toutefois, la menace de voir Ben Gvir ou Smotrich à la tête de la Défense, ainsi qu’une multitude de défis sécuritaires à l’horizon, a convaincu Gantz à faire le pari qu’un parti comptant deux anciens chefs d’état-major de Tsahal à ses trois postes principaux (dont Gantz lui-même et Gadi Eisenkot) devrait gagner des points sur la question de la sécurité – ô combien importante pour l’électeur israélien.

Alors que la ligne officielle reste que Gantz fait campagne pour devenir Premier ministre, cela ressemble plutôt à une campagne construite autour du choix (pour l’instant subliminal) de Gantz ou Ben Gvir comme ministre de la Défense. Nous ne serions pas surpris de voir ce choix s’exprimer plus ouvertement dans le courant de la semaine prochaine.

Au final, les perspectives pour HaMahane HaMamlahti dans la dernière phase de la campagne ne semblent pas très réjouissantes. Meretz et Avoda espèrent gagner les électeurs tactiques afin de leur éviter (comme en 2021) de passer sous le seuil des 3,25 %, tandis que le message de Lapid en faveur d’un Yesh Atid fort pourrait également s’avérer convaincant, alors que le parti de Gantz pourrait bien être celui qui perdra du terrain.

À ce stade, il convient de dire un mot sur Avigdor Liberman et Yisrael Beteynu. Suite à des sondages initiaux plutôt indifférents et aux tendances démographiques à long terme en sa défaveur, nous avions posé la question, dans l’une de nos précédentes chroniques, de savoir si cette campagne serait la plus difficile pour Liberman. Mais son parti a réussi à traverser la campagne en augmentant régulièrement son nombre de sièges pour en obtenir six, et a même atteint le chiffre de sept dans les sondages à trois reprises au cours de la semaine dernière – pour la première fois dans cette campagne.

Le leader de Hadash-Taal Ayman Odeh lors d’une conférence de la Treizième chaîne à Jérusalem, le 26 juillet 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Enfin, pour les partis arabes, les derniers jours seront une question de taux de participation. N’ayant pas réussi à se mettre d’accord sur un « accord sur les voix excédentaires » entre Raam et Hadash-Taal (qui n’aurait aidé aucun des deux partis à franchir le seuil, mais qui aurait pu leur permettre d’obtenir un siège supplémentaire), les partis espèrent pouvoir mobiliser les électeurs arabes au cours des derniers jours. Pour la première fois depuis le début de la campagne, Lapid – qui a déclaré cette semaine aux médias de langue arabe qu’il envisageait de modifier la loi controversée sur l’État-nation et qui doit se rendre à Nazareth ce mardi – travaille activement à la réalisation de cet objectif.

Il est intéressant de noter que, ces derniers jours, certains signes ont indiqué un regain d’intérêt de la part des électeurs arabes, ce qui a entraîné une hausse du taux de participation prévu. En 2021, le taux de participation arabe était de 45 %, ce qui a permis d’obtenir 10 sièges (avec toutefois deux partis arabes viables au lieu des trois actuels). Selon le sondeur arabe respecté Yosef Makladeh, le taux de participation probable des Arabes est passé de 42 % il y a dix jours à 46 % mercredi. La poursuite de cette tendance est de bon augure pour le bloc anti-Netanyahu.

Le « sondage des sondages » montrant le nombre nombre de sièges que les partis devraient remporter si une élection avait lieu aujourd’hui, le 23 octobre, sur la base d’un récapitulatif des dernières enquêtes d’opinion.

En fin de compte, à neuf jours de l’élection, celle-ci est sur la corde raide, le bloc Netanyahu étant sur le point d’obtenir la majorité, mais pas tout à fait.

Le bloc Netanyahu détient toutefois un très léger avantage, dû au fait que quatre partis de l’autre camp sont à deux doigts du seuil, tandis qu’aucun parti de son bloc n’en est même proche.

Si l’un d’entre eux n’atteint pas le seuil, un sixième gouvernement Netanyahu semble être une quasi-certitude.

*Les auteurs de cet article ont récemment effectué des sondages pour le compte de Meretz.

Simon Davies et Joshua Hantman sont partenaires chez Number 10 Strategies, un cabinet international de conseil en stratégie, recherche et communication, qui a réalisé des sondages et mené des campagnes pour des présidents, des Premiers ministres, des partis politiques et de grandes entreprises dans des dizaines de pays sur quatre continents.

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