Un « Shabbat mondial » sur fond de guerre et de hausse des actes antisémites
Cette année, l'initiative, qui a connu sa première édition en France en 2014, tombe près d'un mois après l'attaque du Hamas
Des repas conviviaux mais aussi du recueillement : le « shabbat mondial », organisé ce week-end, prend pour les responsables juifs en France une gravité particulière à l’heure de la guerre entre Israël et le Hamas et de la hausse des actes antisémites.
L’idée est née en 2013 en Afrique du Sud avec une visée conviviale et pédagogique : inciter les Juifs, notamment peu pratiquants, à prendre part à la solennité la plus importante du calendrier hebdomadaire, le shabbat qui dure 25 heures – du vendredi au coucher du soleil au samedi à la tombée de la nuit.
Cette année, l’initiative, qui a connu sa première édition en France en 2014, tombe près d’un mois après l’attaque sanglante du groupe terroriste palestinien du Hamas contre Israël, le 7 octobre.
Dans une religion qui rythme le deuil en diverses périodes – sept jours, trente jours, puis douze mois –, « ce shabbat mondial marque aussi le mois de deuil des victimes », ce qui lui donne « une symbolique très forte », explique à l’AFP Joël Mergui, le président du Consistoire de Paris.
Le grand rabbin de France Haïm Korsia a demandé aux fidèles de garder une place vide à table pendant les repas, en solidarité avec les otages du Hamas (242 actuellement selon les autorités israéliennes). « Ce n’est pas une démarche confessionnelle, juste humanitaire », a-t-il assuré sur Radio classique.
Dans un contexte de hausse des actes antisémites en France (857 recensés par le ministère de l’Intérieur depuis le 7 octobre, alors que le pays compte la plus importante communauté juive d’Europe avec quelque 500 000 personnes), « certains sont inquiets, mais ils viendront quand même », « par solidarité, pour se sentir ensemble », estime M. Mergui.
« On sent une angoisse, mais aussi de l’espérance car quelques otages ont été libérés », abonde Moché Lewin, rabbin du Raincy (Seine-Saint-Denis).
Les synagogues ont prévu divers repas, conférences, offices commentés ou préparation du Hallot (le pain de shabbat) en amont. Mais il n’y aura pas, comme par le passé, de concert de centaines de personnes.
La vigilance est de mise, que ce soit sur la sécurité ou les conditions d’accès : « Ce qui est positif, c’est que les événements sur inscription sont complets », assure Nissim Malka, le rabbin de la grande synagogue de Lyon.
Le 7 octobre, plus de 1 400 personnes, essentiellement des civils, ont été tuées en Israël dans les attaques du Hamas.