Une antiquité pillée ayant appartenu à Steinhardt restituée à l’AP par Washington
Le diplomate américain salue le retour de la "cuillère cosmétique" assyrienne comme "un moment historique" ; l'objet avait été saisi chez le milliardaire juif américain
Une cérémonie a été organisée jeudi à Bethléem par des responsables américains et palestiniens pour marquer le retour d’une antiquité pillée, qui a été saisie chez un milliardaire juif américain. Cette restitution est le premier rapatriement d’un objet culturel par les États-Unis à l’Autorité palestinienne.
George Noll, chef du Bureau américain des affaires palestiniennes, a remis la « cuillère cosmétique » à la ministre du Tourisme et des Antiquités de l’AP, Rula Maayah.
Selon Maayah, l’outil, qui date d’entre 700 et 800 avant l’ère commune, remonte à la civilisation assyrienne et était utilisé pour verser de l’encens.
Se référant aux informations provenant des enquêtes américaines, Maayah a déclaré que l’artefact aurait été volé sur un site archéologique près de la ville de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie.
« Cet artefact est important car il ne prend sa véritable valeur scientifique et archéologique que sur son lieu d’origine », a-t-elle déclaré dans un communiqué du Bureau américain des affaires palestiniennes.
Noll a vanté le rôle de son bureau dans la restitution de la cuillère, qu’il a qualifiée « d’exemple du patrimoine culturel palestinien ».
« C’est un moment historique entre les peuples américain et palestinien et une démonstration de notre foi dans le pouvoir des échanges culturels pour développer la compréhension mutuelle, le respect et le partenariat », a-t-il déclaré.
Selon le bureau du procureur du district de Manhattan, qui avait confisqué l’objet au gestionnaire de fonds spéculatifs Michael Steinhardt dans le cadre d’une enquête criminelle, la cuillère est apparue sur le marché en 2003. C’est cette même année que Steinhardt l’aurait achetée à un antiquaire israélien, Gil Chaya, d’après les déclarations du bureau du procureur.
Les procureurs de Manhattan ont accusé Chaya d’avoir vendu au moins 28 antiquités volées à Steinhardt, un important donateur à des causes philanthropiques juives.
« Le trafic d’antiquités est un commerce de plusieurs milliards de dollars, les pilleurs et les contrebandiers réalisant des profits au détriment du patrimoine culturel. Nous sommes honorés de nous joindre à nos partenaires aujourd’hui pour le rapatriement historique de cet artefact à l’Autorité palestinienne », a déclaré jeudi Ivan J. Arvelo, agent spécial en charge des enquêtes de sécurité intérieure américaines à New York.
Dans le cadre d’un accord visant à éviter les poursuites, Steinhart a accepté fin 2021 de remettre 70 millions de dollars d’antiquités volées qui, selon les autorités, ont été acquises illégalement en Israël. L’accord lui interdit également, à vie, d’acquérir des antiquités.
Les objets saisis chez Steinhardt ont déjà été restitués aux autorités en Israël, en Grèce et en Jordanie.