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Une autre journaliste jugée en Iran après avoir couvert la mort de Mahsa Amini

L'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières a qualifié ces procès de "simulacre judiciaire"

Une femme regarde une photo des reporters iraniens Niloufar Hamedi et Elahe Mohammadi postée sur Twitter, à Nicosie le 2 novembre 2022. (Crédit : Christina ASSI / AFP)
Une femme regarde une photo des reporters iraniens Niloufar Hamedi et Elahe Mohammadi postée sur Twitter, à Nicosie le 2 novembre 2022. (Crédit : Christina ASSI / AFP)

Une journaliste iranienne arrêtée après avoir couvert la mort en détention de Mahsa Amini, à l’origine d’un vaste mouvement de protestation en Iran, a nié les charges la visant à l’ouverture de son procès mardi à Téhéran, a annoncé son mari.

Niloufar Hamedi, âgée de 30 ans, a déclaré au tribunal qu’elle avait « fait son travail de journaliste dans le cadre de la loi et n’avait commis aucun acte contre la sécurité de l’Iran », a déclaré sur Twitter son époux, Mohammad Hossein Ajorlou.

Le procès de Niloufar Hamedi, journaliste au quotidien réformateur Shargh, a commencé au lendemain de celui d’une autre journaliste, Elaheh Mohammadi, 36 ans.

Les deux femmes ont été incarcérées pour avoir couvert le décès, le 16 septembre, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans arrêtée à Téhéran par la police des mœurs qui lui reprochait d’avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, imposant notamment aux femmes le port du voile en public.

Les deux accusées, qui n’ont jamais été remises en liberté, sont jugées séparément et à huis clos à Téhéran. Elles sont passibles de la peine de mort après avoir été accusées le 8 novembre de « propagande » contre la République islamique et conspiration contre la sécurité nationale.

Niloufar Hamedi avait été arrêtée le 20 septembre après un reportage à l’hôpital où Mahsa Amini avait passé trois jours dans le coma avant de mourir.

Une femme brandit une pancarte représentant une photo de Mahsa Amini, 22 ans, une Iranienne décédée alors qu’elle était détenue par les autorités iraniennes, lors d’une manifestation dans la ville de Hasakeh, dans le nord-est de la Syrie, le 25 septembre 2022. (Crédit : Delil SOULEIMAN/AFP)

Elaheh Mohammadi, qui travaillait pour le journal réformateur Ham Miham, avait été arrêtée le 29 septembre après s’être rendue à Saghez, la ville de Mahsa Amini dans la province du Kurdistan, pour couvrir ses funérailles qui avaient donné lieu à une manifestation.

Procès reporté

Niloufar Hamedi a été présentée à la section 15 du Tribunal révolutionnaire de Téhéran devant le juge Abolghasem Salavati, réputé pour la sévérité de ses verdicts lors de procès politiques.

Selon l’époux de la journaliste, la famille n’a pas pu assister à l’audience tandis que les avocats « n’ont pas eu l’occasion de présenter leur dossier ».

Le procès a été reporté à une date non précisée, a-t-il ajouté.

« Il n’y a pas eu de temps pour la défense orale », a déclaré à Shargh Parto Borhanpour, l’avocate de Niloufar Hamedi, ajoutant toutefois que les avocats avaient pu présenter leurs objections et leurs demandes.

Les avocats ont protesté contre « l’absence d’accès de Niloufar Hamedi à un avocat pendant sa détention » et demandé que le procès se déroule « publiquement », a-t-elle ajouté.

Un homme tient un exemplaire du journal Hammihan, dont la couverture comporte un titre mentionnant la déclaration de l’association des journalistes de Téhéran, critiquant la détention par les autorités de deux journalistes, Niloufar Hamedi et Elaheh Mohammadi (dessin sur la couverture), qui, selon les médias locaux, ont contribué à faire connaître l’affaire de Masha Amini, le e 30 octobre 2022, à Téhéran, en Iran, (Crédit : ATTA KENARE / AFP)

Plusieurs centaines de personnes, dont des membres de forces de l’ordre, ont été tuées et des milliers arrêtées, dont plusieurs dizaines de journalistes, au cours des manifestations qui se sont tenues en octobre et novembre avant de refluer. Sept hommes ont été exécutés pour leur implication dans ce mouvement.

L’organisation de défense de la liberté de la presse Reporters sans frontières a qualifié ces procès de « simulacre judiciaire », soulignant que les deux journalistes ont été « parmi les premières à attirer l’attention du public sur la mort de Mahsa Amini ».

L’absence de rencontre avec leurs avocats avant le procès « confirme que nous assistons à une farce judiciaire » qui « ne vise qu’à légitimer la répression violente de ces deux journalistes », ajoute RSF.

Les deux femmes ont été récompensées en mai, conjointement avec la dissidente iranienne emprisonnée Narges Mohammadi, par le Prix mondial de la liberté de la presse 2023 Unesco/Guillermo Cano.

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