Une baronne suspendue pour avoir attribué la responsabilité de la Shoah aux Juifs
Jenny Tonge a été suspendue par les Libéraux Démocrates. Les Tories et l’ambassade israélienne protestent contre une réunion de la Chambre des Lords où un membre de l’audience a comparé Israël à l’EI
Le parti Libéral-Démocrate a suspendu jeudi un de ses membres, anti-israélien, de la Chambre des Lords, la baronne Jenny Tonge, quarante-huit heures après qu’elle ait tenu une séance au Parlement durant laquelle un membre du public a été applaudi pour avoir clamé que les Juifs portent la responsabilité de l’Holocauste et pour avoir comparé Israël à l’Etat islamique.
Tonge, qui siège en tant qu’indépendante à la Chambre des Lords après avoir démissionné du groupe parlementaire du parti en raison de propos anti-israéliens en 2012, présidait cette réunion organisée par le Centre pour le Retour des Palestiniens.
Cette rencontre marquait le point de départ d’une campagne appelant le gouvernement britannique à présenter des excuses pour la Déclaration Balfour de 1917 affirmant le droit du peuple juif à retrouver un foyer dans la Palestine d’alors.
La Fédération sioniste de Grande-Bretagne a salué cette suspension, affirmant dans un communiqué transmis aux medias jeudi dans la soirée que la mesure contre Tonge « souligne la pure laideur de la réunion de défense des droits de l’Homme » à laquelle elle s’est rendue.
« Depuis des années, ces événements ont eu lieu en servant de caisse de résonnance à des interlocuteurs qui concourent les uns les autres à celui qui fera les déclarations les plus ignorantes, les plus grotesques et les plus offensantes concernant Israël », lit-on dans le communiqué.
L’ambassade israélienne à Londres s’est simplement contentée pour sa part d’expliquer en réponse au communiqué annonçant la suspension que « l’antisémitisme ne pourra jamais être toléré ».
La teneur des paroles prononcées lors de cette réunion, qui a été diffusée en direct sur Facebook par le Centre pour le Retour des Palestiniens, a été évoquée jeudi à la Chambre des Communes.
C’est le parlementaire irlandais David Davies qui a soulevé la question en interrogeant le président de la Chambre David Lidington : « Pourrions-nous débattre de l’utilité de l’occupation de ces locaux suite aux rapports selon lesquels un membre de la Chambre des Lords a pu scandaleusement présider un événement lors duquel Israël a été comparé à l’EI tandis que les Juifs se sont vus reprocher leur propre génocide ? »
Davies a continué : « Pourrons-nous discuter de cela et devons-nous également présenter des excuses pour ces commentaires scandaleux au gouvernement israélien et au peuple juif ?. »
Lidington a répondu qu’il était “véritablement horrifié” par les propos tenus lors de la réunion, ajoutant que « notre préoccupation à tous au sujet de ce qu’il s‘est passé doit être très forte ».
Le leader a également fait part de son espoir de voir le président des Libéraux-Démocrates, Tim Farron, « lancer une enquête immédiate et minutieuse afin que nous soyons en mesure de connaître la vérité et de prendre les éventuelles sanctions disciplinaires appropriées ».
Farron, mardi, a déclaré à la radio londonienne LBC que les propos de Tonge étaient “intolérables” et qu’une action serait entreprise, même s’il n’en a pas spécifié le type.
Un porte-parole du parti a confié à Jewish News que “Tonge n’accepte pas la discipline du Parti dans la Chambre des Lords et ne s’exprime pas au nom des Libéraux-Démocrates sur les questions liées au Moyen-Orient”.
Tonge a démissionné en 2012 du poste de « party whip » et de son poste de parlementaire après avoir évoqué la disparition d’Israël lors d’un événement de promotion du boycott de l’état juif. Elle inscrit dorénavant la ligne de son parti comme étant “Libéral-Démocrate indépendant”.
Un porte-parole de l’ambassade israélienne à Londres a qualifié le meeting d’”événement honteux, qui a donné la parole aux tropes racistes à l’encontre à la fois des Juifs et des Israéliens”.