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Une campagne de désinformation russe a visé des médias français, israéliens et juifs

La campagne a visé des sites de médias, du ministère des Affaires étrangères et d'autres institutions gouvernementales en créant des sites miroirs

Le président russe Vladimir Poutine participe à une cérémonie à Moscou le 12 juin 2023. (Crédit : Gavriil Grigorov/Sputnik/AFP)
Le président russe Vladimir Poutine participe à une cérémonie à Moscou le 12 juin 2023. (Crédit : Gavriil Grigorov/Sputnik/AFP)

La France a accusé mardi la Russie d’être derrière une vaste opération d’ingérence numérique à travers notamment la publication de faux articles de grands quotidiens français hostiles à l’Ukraine, des agissements relevant de la « guerre hybride » de Moscou.

La campagne semble également avoir ciblé les médias israéliens et juifs.

« Les autorités françaises ont mis en évidence l’existence d’une campagne numérique de manipulation de l’information contre la France impliquant des acteurs russes et à laquelle des entités étatiques ou affiliées à l’Etat russe ont participé en amplifiant de fausses informations », a dit la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna.

Paris est en « lien étroit » avec ses alliés « pour mettre en échec la guerre hybride menée par la Russie », a-t-elle ajouté.

La campagne a visé des sites de médias, du ministère des Affaires étrangères et d’autres institutions gouvernementales en créant des sites miroirs, a précisé la porte-parole du ministère Anne-Claire Legendre.

La détection le 29 mai d’un site miroir du ministère affirmant, à tort, que la France instaurerait une taxe pour financer l’aide à l’Ukraine a accéléré la décision des autorités de rendre l’affaire publique, selon une source gouvernementale.

Jusqu’ici, Paris a suivi une doctrine prudente en matière d’attribution d’attaques numériques. D’ailleurs, cette déclaration française « ne constitue pas une attribution » aux autorités russes, uniquement accusées pour l’instant d’avoir participé à l’amplification du phénomène, a précisé la source gouvernementale. Mais « nous voulons envoyer un message clair que nous sommes en mesure de détecter », a-t-elle ajouté.

Illustration : Un pirate informatique (Crédit : iStock via Getty Images)

Les investigations mettent en lumière « l’implication d’individus russes ou russophones et de plusieurs sociétés russes dans la réalisation et la conduite de la campagne », selon une note de synthèse de Viginum, l’organisme de lutte contre les ingérences numériques étrangères créé en 2021, qui a conduit l’enquête.

La ministre a souligné « l’implication d’ambassades et de centres culturels russes qui ont activement participé à l’amplification de cette campagne ».

Opération « Doppelgänger »

L’opération est plus précisément « la seconde phase d’une campagne déjà connue, mais avec des modes d’action plus sophistiqués », a expliqué à l’AFP une source sécuritaire impliquée dans le dossier.

Il s’agit de l’opération Doppelgänger, terme folklorique désignant le double maléfique d’une personne, déjà documentée en 2022 notamment par le géant américain Meta.

Fin septembre, la maison mère de Facebook a annoncé avoir démantelé sur sa plateforme une opération  » d’influence secrète » provenant de Russie pour amplifier la visibilité de ces articles issus de sites pirates, pour laquelle ses promoteurs, deux sociétés de conseil, avaient dépensé 105 000 dollars.

« Meta espérait que son rapport mettrait fin aux opérations, ce ne fut pas le cas », explique la source sécuritaire.

Au moins quatre quotidiens français, Le Parisien, Le Figaro, Le Monde et 20 minutes, ont été victimes de l’opération mais d’autres grands médias ont aussi été visés, notamment allemands (Der Spiegel, Bild, Die Welt…) ou italiens.

Photo illustrative de journaux israéliens, le 15 novembre 2015. (Photo AFP Photo / Ahmad Gharabli)

Utilisant la pratique du « typosquattage », les hackers produisaient de faux articles sur une page en tout point identique à celles du site officiel de ces médias, mais avec un nom de domaine différent, par exemple .ltd au lieu de .fr.

Ces faux articles sont ensuite diffusés via les réseaux sociaux en essayant de pousser leur viralité, qui semble faible pour l’instant.

Selon Haaretz, le principal site d’information israélien Mako.co.il, lié à la Douzième chaîne, a été falsifié sous l’adresse Mako.news.

Le site contrefait a publié un contenu critique à l’égard de l’Ukraine, notamment un article intitulé « La solidarité avec l’Ukraine coûte trop cher ». Certains articles comportaient des titres et des photos d’écrivains israéliens connus.

Le site d’information Jewish Journal, basé aux États-Unis, a également été visé par cette campagne, selon Haaretz.

« Processus d’industrialisation »

« Le Monde ne peut que condamner ces agissements intolérables et se féliciter que les auteurs de ces tentatives de manipulation soient désormais identifiés », a commenté son directeur Jérôme Fenoglio.

« Nous prenons cette affaire très au sérieux et nous agirons de manière résolue pour faire face à cette usurpation de l’identité de notre marque » a réagi pour l’AFP Ronan Dubois, directeur de la publication de 20 Minutes.

« On a trouvé des dizaines de noms de domaines achetés par les Russes. On n’a pas affaire à des gens qui agissent à dose homéopathique. Ils sont au début d’un processus d’industrialisation », explique à l’AFP la source sécuritaire.

La structure initiale de l’opération est baptisée RRN, du nom du site pro-russe RRN.world (Reliable Recent News) créé quelques mois après le début de la guerre en Ukraine et qui a partagé de nombreuses intox.

Outre le typosquattage, l’opération se traduit par d’autres actions d’influence comme la production de dessins animés anti-Zelensky ou de narratifs pro-russes.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky pendant une visite à Varsovie, en Pologne, le 5 avril 2023. (Crédit : AP Photo/Czarek Sokolowski, file)

« Il n’y a pas de doute que l’objectif était de mener une campagne de désinformation d’ampleur contre l’opinion française », selon la source gouvernementale.

Cette opération « s’inscrit dans une pensée stratégique russe de long cours », explique à l’AFP le chercheur de l’Ifri, Dimitri Minic, auteur de « Pensée et culture stratégiques russes » (Editions de la Maison des sciences de l’homme).

« Tout cela n’est pas un délire de quelques gens perdus, mais a été mis en doctrine », « la guerre informationnelle, est le concept qu’ils ont le plus étudié depuis 30 ans », précise-t-il à l’AFP. « Je ne pense pas que cela va avoir beaucoup de succès, mais cela va consolider la base de leurs aficionados en France et en Allemagne, qu’ils surestiment probablement, mais qui existe vraiment ».

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