Une cellule syrienne a pénétré en Israël pour y poser des bombes, selon l’armée
L'armée israélienne a confirmé la mort de quatre hommes ayant tenté de poser des explosifs sur un poste militaire ; le porte-parole évoque de possibles représailles contre Damas
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Quatre hommes ont pénétré en territoire israélien depuis la Syrie dans la nuit de dimanche à lundi et ont posé des dispositifs explosifs sur un poste militaire israélien non occupé situé le long de la frontière entre les deux pays, a fait savoir l’armée.
Les soldats de l’unité des forces spéciales Maglan et les forces aériennes ont ouvert le feu sur les quatre suspects, qui étaient armés pour certains et qui ont tous été tués, a commenté le porte-parole des militaires Hidai Zilberman dans la matinée de lundi. Des images de l’incident ont également été diffusées, montrant des silhouettes s’approchant d’une clôture aux abords de la frontière, avant d’être frappées par un missile.
Il n’y a pas eu de blessés du côté israélien.
Le porte-parole a noté qu’il était pour le moment impossible de relier ces hommes à une organisation terroriste ou militaire, mais que l’armée avait ouvert une enquête.
Il a expliqué qu’il était difficile de dire s’il s’agissait d’un incident isolé ou s’il était lié aux tensions actuelles avec le Hezbollah, qui a juré d’attaquer Israël pour venger la mort de l’un de ses combattants dans une frappe aérienne en Syrie, le mois dernier, qui a été attribuée à l’Etat juif.
Le Hezbollah n’a pas réagi à l’incident.
« Je pense que dans les prochains jours, nous saurons mieux à quelle organisation ces hommes appartenaient », a déclaré Zilberman.
Le porte-parole a ajouté que l’armée œuvrait à « neutraliser » la zone où les quatre militants étaient venus – désamorçant les bombes qui ont été posées – de manière à ce que les explosifs puissent être étudiés pour déterminer de quelle organisation se revendiquaient les individus.

Zilberman a déclaré qu’indépendamment du groupe responsable de l’attaque manquée, les militaires avaient attribué la responsabilité de l’incident au gouvernement syrien, ajoutant qu’ils réfléchissaient à d’éventuelles ripostes contre Damas, comme a pu le faire Tsahal lors de précédentes agressions en provenance de Syrie.
Le porte-parole a précisé que l’armée ne modifierait pas son niveau d’alerte au vu de ce qu’il s’était passé et que des renforts seraient maintenus le long des frontières syriennes et libanaises.
« Nous continuerons à être en état d’alerte encore pendant un grand nombre de jours… Nous avons beaucoup de patience », a-t-il déclaré.
Les quatre suspects sont restés sous l’observation des militaires pendant plusieurs heures avant que les soldats n’ouvrent le feu, sous le contrôle des forces en charge de caméras de sécurité très puissantes qui sont connues en hébreu sous le nom de Tatzpitaniyot.
Les attaquants ont été une première fois aperçus s’approchant du secteur à environ 20 heures et ont traversé la frontière officielle séparant l’Etat juif et la Syrie – mais pas la clôture de sécurité séparant les deux pays, située à quelques mètres à l’ouest – trois heures plus tard.
« Ils ont traversé la ‘ligne Alpha’ et se trouvaient ainsi totalement sur le territoire israélien », a déclaré Zilberman, se référant au terme technique désignant la ligne qui marque la frontière entre Israël et la Syrie.

Après avoir constaté que les hommes étaient armés, les sentinelles ont orienté les soldats, qui attendaient les ordres, vers l’endroit où se trouvaient les suspects.
Les forces spéciales ont ouvert le feu à l’aide de mitrailleuses et autres armes et un avion a également frappé les hommes.
« Je peux dire avec une haute certitude qu’ils ont été tués », a dit Zilberman.
Le porte-parole a déclaré que les vigies avaient noté la présence de personnes s’approchant de la frontière « qui prétendaient être des bergers innocents » ces derniers jours, une présence qui, selon l’armée, aurait été justifiée par des opérations de reconnaissance avant l’attaque. Ce sont ces inquiétudes qui ont justifié l’envoi d’une équipe de l’unité Maglan dans le secteur pour réagir « en embuscade » en cas d’agression, a dit Zilberman.
Le porte-parole a ajouté que si le poste militaire où les bombes ont été posées n’était pas occupé, l’armée a considéré l’incident comme grave, le secteur faisant souvent l’objet de patrouilles des troupes israéliennes.
L’armée a rendu publiques, lundi matin, les images des hommes entrant sur le territoire israélien (ci-dessus). Les armes qui, selon l’armée israélienne, se trouvent en leur possession ne sont pas clairement visibles dans cette séquence filmée par une caméra à vision nocturne.
Dans la vidéo, les hommes traversent un champ et s’approchent de la clôture de sécurité. Ils se tiennent derrière un monticule de terre avant d’être apparemment frappés par un missile, qui entraîne une explosion là où ils se trouvent.
Alors qu’il lui a été demandé pourquoi l’armée était prête à diffuser les images tournées dimanche soir, contrairement à celles d’un incident survenu lundi dernier au cours duquel, selon les militaires, un groupe de membres du Hezbollah avait tenté de commettre une attaque sur le mont Dov, le long de la frontière entre Israël et le Liban, Zilberman a évoqué des considérations « opérationnelles ».
Tsahal estime que la diffusion des images de l’attaque ratée du Hezbollah qui a eu lieu à la fin du mois de juillet pourrait embarrasser le groupe et peut-être augmenter les probabilités d’une éventuelle riposte.

Selon Zilberman, le poste où les hommes ont placé les explosifs se trouve dans une enclave située dans le secteur de Tel Fares qui, dans le passé, accueillait une clinique placée sous l’autorité d’une organisation caritative chrétienne, sous les auspices de l’armée israélienne, et qui prenait en charge les civils syriens blessés lors de la guerre civile qui a ravagé le pays. Cette clinique a été fermée quand les forces du dictateur syrien Bashar el-Assad avaient repris le Golan syrien, en 2018.
Le Hezbollah a menacé Israël de représailles après la mort de l’un de ses combattants, la semaine dernière, lors d’une frappe aérienne commise en Syrie et dont la responsabilité a été attribuée à l’Etat juif – même si ce dernier n’a pas reconnu officiellement en être à l’origine.

Se préparant à l’agression, l’armée israélienne avait envoyé en renfort un bataillon d’infanterie au Commandement du nord, ainsi que des forces de frappes « supplémentaires » dans la zone sous la forme de missiles de précision sol-sol, d’unités de renseignements en plus de forces spéciales.
L’armée a aussi ordonné à ses troupes et à ses véhicules de rester à distance des secteurs susceptibles d’être attaqués le long de la frontière.
Lundi dernier, l’armée avait indiqué avoir déjoué une tentative du Hezbollah d’envoyer un groupe de combattants sur le mont Dov – une zone placée sous contrôle israélien et connue également sous le nom de Fermes de Sheeba – pour commettre une agression. Les militaires avaient annoncé que les hommes de cette cellule étaient entrés sur le territoire israélien sur quelques mètres avant que les troupes n’ouvrent le feu. Il n’y aurait pas eu de blessés, mais les suspects seraient retournés au Liban.
Le Hezbollah a par la suite officiellement démenti qu’une agression avait eu lieu, sans explicitement contester par ailleurs l’entrée de ses membres au sein de l’enclave contrôlée par Israël.
Le groupe terroriste a ajouté que les représailles qui permettraient de venger la mort de son combattant en Syrie étaient encore à venir.
Dans le passé, le Hezbollah avait juré de venger la mort des membres de son organisation en Syrie en frappant Israël.
Cela avait été le cas au mois de septembre, quand le groupe terroriste avait tiré trois missiles de précision antitank contre des cibles militaires israéliennes le long de la frontière avec le Liban, manquant de peu une ambulance blindée de l’armée israélienne qui transportait cinq soldats, après la mort de deux combattants en Syrie qui avaient été tués par l’armée israélienne le mois précédent.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.