Une dissidente iranienne déclare que le régime iranien « peut aller se faire voir »
Quelques jours après l’arrestation d’un homme armé devant son domicile, Masih Alinejad a déclaré qu’elle continuerait à plaider pour la liberté et la dignité des femmes en Iran

La dissidente iranienne Masih Alinejad a déclaré qu’en dépit des tentatives d’enlèvement et d’assassinat, elle ne se laisserait pas intimider et continuerait à faire campagne en faveur des droits de l’Homme et de la liberté dans son pays natal.
Alinejad s’est entretenue avec le radiodiffuseur public Kan dans une interview en anglais diffusée mercredi, quelques jours après l’arrestation d’un homme devant son domicile de New York.
La semaine dernière, Khalid Mehdiyev se serait garé devant chez elle, aurait regardé par la fenêtre et tenté d’ouvrir la porte d’entrée, selon les termes de la plainte déposée devant le tribunal fédéral de Manhattan. Il a été interpellé par la police de New York pour avoir forcé un stop et conduit sans permis. Les forces de l’ordre l’ont trouvé en possession d’une valise contenant un fusil chargé et 1 100 dollars en billets de 100 dollars, toujours selon la plainte.
« Je ne crains pas pour ma vie – ils peuvent me tuer mais ils ne pourront pas tuer la campagne menée pour la liberté et la dignité », a déclaré Alinejad. « Donc, mon message au régime iranien est qu’il peut aller se faire voir. »
Depuis 2014, Alinejad mène une campagne sur Facebook, « Ma liberté furtive », en soutien aux femmes iraniennes qui ne veulent pas porter le hijab, obligatoire pour les femmes en Iran.
Alinejad a déclaré utiliser les réseaux sociaux pour donner « la parole » aux femmes iraniennes, les encourageant à protester contre les règles du foulard en publiant des photos d’elles en public, sans hijab.
« Toutes les lois en Iran sont anti-femmes », a-t-elle déclaré à Kan. « Notre combat ne concerne pas seulement un bout de tissu – il s’agit de dignité, d’avoir le droit de vivre. »
Elle affirme que le régime iranien la craint parce qu’elle parle au nom des femmes iraniennes.
« Je me sens responsable de faire entendre leur voix », explique-t-elle à propos des femmes en Iran. « Et cela fait peur au gouvernement. »
Mais Alinejad jure de ne pas se laisser décourager, pas plus par ce dernier incident que par la tentative d’enlèvement déjouée l’an dernier.
« Je me sens plus puissante et déterminée que jamais à lutter contre les tueurs, les oppresseurs et ce régime oppressif », affirme-t-elle.

En ce qui concerne les négociations avec les puissances mondiales, dont les États-Unis, sur le programme nucléaire iranien, elle déclare que les pourparlers devraient également inclure la question des droits de l’homme.
« On veut négocier avec des meurtriers sans parler des droits de l’homme ? », s’interroge-t-elle. « On met les droits de l’Homme sous le tapis au nom de l’accord nucléaire en pensant que cela sauvera le monde ? Cela ne va pas sauver le monde. Il y aura plus de menaces encore contre les Américains. »
These are the scary scenes capturing a man who tried to enter my house in New York with a loaded gun to kill me.
Last year the FBI stopped the Islamic Republic from kidnapping me.
My crime is giving voice to voiceless people. The US administration must be tough on terror. pic.twitter.com/XsxlFLSlOk— Masih Alinejad ????️ (@AlinejadMasih) July 31, 2022
Mehdiyev, qui serait ressortissant azéri, est accusé de possession d’une arme à feu dont le numéro de série a été effacé. Il a été placé en détention sans possibilité de caution. L’avocate de Mehdiyev, Stephanie Marie Carvlin, n’a pas fait de déclaration aux médias américains.
Alinejad et sa famille se trouvent dans un endroit sûr, a déclaré la dissidente.
L’année dernière, quatre personnes ont été inculpées par contumace pour avoir tenté d’enlever Alinejad et d’autres critiques du régime iranien. Téhéran a nié toute implication.
Alinejad a rappelé avoir été mise en sûreté pendant que le FBI enquêtait sur le complot, qui impliquait également un Iranien basé en Californie, accusé d’avoir eu recours à des enquêteurs privés pour la suivre, toujours selon l’acte d’accusation.
Le journaliste de 45 ans a quitté l’Iran en 2009, étudié en Grande-Bretagne et travaillé pour le service de Voice of America en langue persane, soutenu par le gouvernement américain.