Une étude réalisée avec des drones révèle un ancien temple sur des terrains militaires
La structure d’Idumée vieille de 2 200 ans et construite par des descendants des Edomites bibliques compte parmi les rares structures de genre en Israël
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »
Quand des drones ont bourdonné au cœur de la région de Lachish de la zone d’entraînement militaire à Souccot dernier, ils ont fait une découverte inhabituelle. L’appareil équipé d’une caméra a découvert ce qui s’est révélé être un rare palais ou temple iduméen vieux de 2 200 ans – l’un des rares dans le pays.
Dans une étude réalisée sur la zone entre Beit Gouvrin et Maresha dans le nord jusqu’au Moshav Amatzia dans le sud, des images aériennes des drones ont mis en évidence des vestiges d’une structure remontant à la période hellénistique, et qui se sont révélés être un autel décoré avec une image de taureau en relief.
« Cette technologie nous a aidés à choisir où concentrer nos fouilles, et, de fait, il est rapidement apparu qu’il s’agissait d’une découverte unique, a déclaré le directeur des fouilles Horvat Amuda, le Dr Oren Gutfeld de l’Université Hébraïque, et Pablo Betzer et Michal Haber de l’Autorité des Antiquités d’Israël (AAI), dans un communiqué de l’AAI.
Comme les anciens Israélites, le peuple Edomite s’est installé et réinstallé en Terre sainte à diverses périodes de l’histoire. Leur royaume a été détruit par les Babyloniens autour du 6e siècle avant l’ère commune. Pendant l’ère perse, ils se sont réinstallés dans les collines du sud de Judée. Au moment de la période hellénistique, ils ont été appelés Iduméens par les Grecs à la suite de la conquête d’Alexandre le Grand. Ils ont fini par s’assimiler et sont devenus juifs.
« Si c’est vraiment un palais ou un temple iduméen, il s’agit d’une découverte rare et fascinante – les structures similaires dans ce pays peuvent se compter sur les doigts d’une main », ont déclaré les archéologues.
Dans l’une des chambres examinées sur le site, deux autels en pierre pour l’encens ont été découverts. Le taureau qui décore l’un des autels « représente peut-être une déesse vénérée par les Iduméens », ont-ils déclaré. Il se dressait sur « ce qui est apparemment la façade d’un temple décoré de colonnes magnifiques », selon l’AAI.
L’autel, ont noté les archéologues, est « une découverte unique et rare en terme de décoration ». D’autres découvertes comprennent des bols et cruches peints ainsi que des lampes à huile faite en poterie délicate.
Mais il semble que la structure iduméenne a été intentionnellement démantelée, « peut-être pendant les conquêtes de la région par les Hasmonéens », précisait le communiqué de l’AAI.
En 112 avant l’ère communne, le roi hasmonéen, Jean Hyrcan I, a rasé Maresha, un bastion iduméen à proximité dans lequel 6 000 à 10 000 personnes avaient vécu pendant la période hellénistique. « Les résidents ont été forcés à se convertir au judaïsme ou à partir », selon un article de la Revue Archéologique Biblique écrit par un ancien chercheur de la zone, Amos Kloner.
Plus tard, en 40 avant l’ère communne, « après que Rome a conquis l’empire Séleucide, les Parthes (alliés du chef hamonéen Antigonus Mattathias) ont détruit Maresha dans le cadre d’une campagne contre Hérode. Lors de la Deuxième révolte juive contre Rome en 132-135 de l’ère chrétienne, les résidents de Beit Gouvrin, situé à proximité, ont découpé des passages étroits et des petites pièces à Maresha pour se cacher ou conserver des biens », selon Kloner.
La zone autour d’Horvat Amuda est remplie de vestiges datant des révoltes juives contre les Romains, y compris des tunnels pour se cacher et des ustensils de cuisine de la Révolte de Bar Kochba, autour de 132-135 de l’ère commune. En outre, les archéologues ont découvert d’autres espaces souterrains, peut-être utilisés pour des bains rituels, des pressoirs à huile et des pigeonniers semblables à ceux à proximité de Beit Gouvrim, ou d’autres carrières.
Les fouilles ont été sponsorisées par l’AAI et une organisation mormone à but non-lucratif basée au Etats-Unis, la Fondation Beti Lehi, qui finance des fouilles dans la Terre d’Israël. Les archéologues étudiants de l’Université hébraïque et de l’Université Bar-Ilan et un groupe de volontaires américains ont participé aux fouilles.
« Nous espérons que nos fouilles continues sur le site cet été permettront de mettre à jour plus d’éléments sur l’histoire racontée ici », ont expliqué les archéologues.