Une ex-otage du Hamas se confie sur sa captivité avec ses filles de 4 et 2 ans
Doron Katz Asher revient sur l'épreuve de la captivité à Gaza avec ses fillettes, d'abord dans la maison d'une famille palestinienne, puis dans la chambre scellée d'un hôpital
Colères, larmes, température, accidents de toilettes. Ces péripéties de l’enfance sont familières à tous les parents. Mais pour Doron Katz Asher, les caprices quotidiens de ses enfants ont pris une dimension nouvelle et effrayante lorsqu’elle était en captivité aux mains du groupe terroriste palestinien du Hamas avec ses deux fillettes.
Si les filles pleuraient, leurs ravisseurs frappaient à la porte de la pièce où elle était détenue. Lorsqu’elles avaient faim, elle n’avait pas toujours de quoi les nourrir. Elle ne dormait que d’un seul œil, surveillant toujours ses enfants.
« [J’ai ressenti de la] peur. La peur que peut-être, parce que mes filles pleurent et font du bruit, ils reçoivent une directive d’en haut pour les prendre, pour leur faire quelque chose », a témoigné Doron à la Douzième chaîne dans une longue interview diffusée samedi soir. « Une peur permanente. »
Son récit s’ajoute à celui d’un nombre croissant d’otages libérés qui partagent leurs histoires poignantes de semaines de captivité, alors même que 128 otages se trouveraient encore à Gaza – dont certains qui ne sont plus en vie.
Doron, 34 ans, et ses filles Raz, 4 ans, et Aviv, 2 ans, rendaient visite à leur famille dans le kibboutz Nir Oz lorsque le Hamas a attaqué la communauté agricole endormie le 7 octobre.
Doron, ses filles et sa mère Efrat, 69 ans, ont été embarquées sur un tracteur et conduites à Gaza alors que des milliers de terroristes massacraient le sud d’Israël, tuant 1 200 personnes et prenant plus de 240 otages.
Un échange de coups de feu a éclaté entre les terroristes qui avaient enlevé la famille et les troupes de l’armée israélienne, tuant Efrat et laissant Doron, ainsi qu’Aviv, légèrement blessées, a-t-elle déclaré dans l’interview.
Elles ont été libérées lors d’un accord de trêve d’une semaine, fin novembre, qui a vu la libération de 105 civils sur une période de sept jours.
Après avoir été amenées de force à Gaza, Doron a déclaré qu’elle et ses filles ont été placées dans l’appartement d’une famille, où ses blessures ont été recousues sans anesthésie sur un canapé, sous le regard de ses filles. Elle n’a pas précisé si Aviv avait été soignée.
Le père de famille parlait l’hébreu, qu’il a dit avoir appris des années auparavant en travaillant en Israël. Une mère et deux filles palestiniennes leur ont servi de geôlières pendant les 16 jours où elles ont été détenues dans leur maison.
Elles devaient rester silencieuses, mais elles ont reçu des crayons de couleur et du papier et ont passé leur temps à dessiner. Doron raconte qu’elle a commencé à apprendre à sa fille de 4 ans à écrire en hébreu. Le premier mot qu’elle lui a appris a été aba – qui signifie « papa ».
Alors que les bruits de la guerre menée par l’armée israélienne résonnaient autour d’elles dans les jours qui ont suivi leur enlèvement, leurs ravisseurs leur ont donné de faux espoirs en leur disant qu’un accord était imminent pour leur libération.
Alors que la nourriture commençait à manquer dans la maison de la famille palestinienne, elle a été vêtue un soir d’une tenue musulmane dissimulant son identité. Elle et ses filles ont été contraintes de marcher pendant 15 minutes jusqu’à un hôpital dont le nom n’a pas été mentionné dans l’interview, où elles ont été enfermées dans une pièce avec d’autres otages israéliens qu’elle a reconnus. Dix personnes ont été enfermées ensemble dans une pièce de 12 mètres carrés avec un évier mais sans matelas. La fenêtre était scellée, la nourriture était aléatoire et l’utilisation des toilettes était conditionnée au bon vouloir de leurs ravisseurs.
« Ils pouvaient ouvrir au bout de cinq minutes ou au bout d’une heure et demie », a-t-elle indiqué, se faisant l’écho de témoignages similaires d’autres otages libérés. Mais, a-t-elle ajouté, « les petites filles ne peuvent pas se retenir ».
Doron a déclaré que l’une de ses filles avait une fièvre de 40 °C pendant trois jours d’affilée. Pour la faire baisser, elle a fait couler de l’eau froide sur son front.
Pour passer le temps, elles ont fabriqué un jeu de cartes et dessiné les aliments qui leur manquaient le plus pour passer le temps. Doron mettait de côté ses propres petites portions de nourriture – pita avec du fromage à tartiner et riz épicé avec de la viande – pour que ses filles ne soient pas affamées.
Ses filles ne cessaient de poser des questions sur leur situation, l’innocence de la curiosité d’un enfant se heurtant à une calamité inexplicable. « Quand allons-nous retrouver papa à la maison ? Et quand retourneront-elles à la garderie ? Et pourquoi la porte est-elle fermée à clé ? Pourquoi ne pouvons-nous pas rentrer à la maison ? Et comment saurons-nous le chemin pour rentrer à la maison ? »
Pendant tout ce temps, alors que l’effroi la submergeait, Doron a dit qu’elle maintenait son calme en promettant à ses filles, et peut-être à elle-même, qu’elles rentreraient bientôt à la maison.
« Ce qui m’a aidée à survivre, c’est que mes filles étaient avec moi », a-t-elle confié. « J’avais une raison de me battre. »