Une frégate française abat en mer Rouge deux drones venant du Yémen
Les rebelles pro-Iran avaient menacé samedi d'attaquer tout navire dans la mer Rouge se dirigeant vers Israël
Une frégate française patrouillant en mer Rouge a abattu dans la nuit deux drones provenant du nord du Yémen, territoire sous contrôles des rebelles Houthis pro-Iran qui menacent de perturber le trafic sur cette voie maritime stratégique dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe terroriste islamiste palestinien du Hamas.
L’état-major des armées a indiqué dans un communiqué que la frégate multi-missions Languedoc, qui opère en mer Rouge, avait abattu ces drones qui se dirigeaient vers elle.
« L’interception et la destruction de ces deux menaces caractérisées » ont eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, à 110 kilomètres des côtes yéménites, à la hauteur de Hodeida, port du nord du Yémen sous contrôle des rebelles Houthis.
Ces derniers ont menacé samedi d’attaquer tout navire dans la mer Rouge se dirigeant vers Israël si la population de la bande de Gaza ne recevait pas une aide d’urgence.
Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux avant l’annonce française, les Houthis ont déclaré qu’ils « empêcheraient le passage des navires se dirigeant vers l’entité sioniste » si les habitants du territoire palestinien ne recevaient pas plus d’aide humanitaire, comme de la nourriture et des médicaments.
Le Hamas, membre de ce qu’il nomme « l’axe de la résistance » contre Israël, aux côtés notamment du groupe terroriste du Hezbollah libanais et des Houthis, a salué la décision « courageuse et audacieuse » des rebelles yéménites.
Interception dans la soirée de deux drones en provenance du Yémen par la FREMM Languedoc en mer Rouge. pic.twitter.com/2cug1Sn48C
— Armée française – Opérations militaires (@EtatMajorFR) December 9, 2023
« Nous appelons les pays arabes et musulmans à user de toutes leurs capacités, sur la base de leurs responsabilités historiques et par esprit chevaleresque, pour lever le siège de Gaza », a ajouté le Hamas dans ce communiqué transmis à l’AFP.
« Siège naval »
Cette dernière mise en garde des Houthis survient dans un contexte de tensions accrues en mer Rouge depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, déclenchée le 7 octobre après une attaque meurtrière du groupe terroriste islamiste palestinien en sol israélien.
Or, quel que soit le pavillon sous lequel les navires naviguent ou la nationalité de leurs propriétaires ou opérateurs, ceux à destination d’Israël « deviendront une cible légitime pour nos forces armées », estiment les Houthis.
Tous les « navires liés à Israël ou qui transporteront des marchandises » vers Israël ne sont pas les bienvenus en mer Rouge, zone stratégique située entre le nord-est de l’Afrique et la péninsule arabique, ont-ils ajouté.
Côté israélien, le chef du Conseil national de la sécurité, Tzachi Hanegbi, a dénoncé un « siège naval ». « Si le monde ne s’occupe pas de ça, parce qu’il s’agit d’un problème d’ordre international, nous agirons pour mettre un terme à ce siège naval », a-t-il prévenu.
La semaine dernière, les Houthis avaient attaqué deux navires au large des côtes yéménites, dont un navire battant pavillon des Bahamas, en affirmant qu’ils appartenaient à des Israéliens.
Un destroyer américain avait abattu la semaine dernière trois drones en portant assistance à des navires commerciaux en mer Rouge visés par des attaques depuis le Yémen, selon Washington, qui avait dénoncé « une menace directe » pour la sécurité maritime.
Le 19 novembre, les Houthis se sont emparés du navire marchand Galaxy Leader qui appartient à une société britannique elle-même propriété d’un homme d’affaires israélien.
Les Houthis ont également lancé une série de drones et de missiles en direction d’Israël. De nombreux engins ont été interceptés par Israël ou des bateaux de guerre américains.
« Les attaques de bateaux en mer Rouge et dans le Golfe sont un phénomène récurrent et ancien. Cette zone maritime a toujours été un endroit dangereux », commente pour l’AFP l’amiral en retraite Alain Coldefy, ancien major général des armées françaises, en rappelant un précédent français : en 1972, le destroyer français Dupetit-Thouars qui patrouillait au sud de la mer Rouge avait été ciblé par des obus yémenites.
« Depuis 1973 et la guerre du Kippour, on protège dans cette zone le trafic pétrolier. Mais la présence de forces navales robustes pour dissuader et assurer la liberté de navigation ne suffit plus », souligne-t-il, en estimant que « l’attaque du 7 octobre par le Hamas a marqué une libération de la violence qui va s’exprimer de plus en plus ».