Une mère palestinienne réclame justice après l’agression de son jeune fils à Turmus Ayya
Hasna Kouk exhorte les États-Unis à agir après que son fils Mashhour, citoyen américain, a été grièvement blessé lors d'une attaque par des habitants d'implantations
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Une Américaine d’origine palestinienne dont le fils a été gravement blessé à la tête lors d’une attaque menée par des résidents d’implantations extrémistes israéliens dans la ville de Turmus Ayya, en Cisjordanie, au cours du week-end, a exigé une enquête de police sur l’incident, ainsi que l’intervention des autorités américaines.
Hasna Kouk, 38 ans, a expliqué que son fils Mashhour se trouvait avec des amis dans un quartier résidentiel de Turmus Ayya, samedi après-midi, lorsque les assaillants, vraisemblablement issus des implantations voisines, ont débarqué dans la ville et l’ont attaquée.
Au cours de l’agression, Mashhour, 16 ans, a été frappé à la tête par une pierre qui, selon Kouk, lui a été lancée avec une fronde, lui causant un traumatisme crânien massif et des fractures du crâne en de nombreux endroits. Une intervention chirurgicale complexe a été nécessaire pour extraire les fragments d’os logés dans son crâne.
En plus de réclamer une enquête de la police israélienne, Mme Kouk, qui est née et a grandi à Chicago, a appelé les autorités américaines à faire pression sur leurs homologues israéliens pour qu’ils mènent une enquête approfondie et traduisent les coupables en justice.
« Nous voulons que les États-Unis fassent pression sur le gouvernement israélien pour qu’il mène une enquête, trouve ceux qui ont fait ça et les poursuive », a confié Kouk au Times of Israel.
« Nos vies ne valent rien, nos vies ne valent rien. Nos enfants sortent jouer et nous ne savons pas s’ils reviendront vivants », a-t-elle ajouté.

« Tout le monde a le droit de sentir en sécurité et de savoir que si ses enfants sortent jouer, ils rentreront à la maison en toute sécurité », a-t-elle ajouté.
La police a répondu qu’aucune plainte officielle n’avait été déposée au sujet de la blessure de Mashhour Kouk.
Les Palestiniens souhaitant déposer une plainte se heurtent souvent à de nombreux obstacles, notamment l’accès limité aux postes de police israéliens, vu qu’ils sont situés à l’intérieur des implantations. Ils doivent souvent attendre plusieurs heures, voire une journée entière, pour être entendus. Peu d’enquêtes aboutissent à des poursuites, renforçant le sentiment d’injustice parmi les Palestiniens, qui souvent les considèrent comme une perte de temps.
Tsahal a déclaré que l’armée et la police des frontières étaient entrées dans le village « quelques minutes après » le signalement de l’attaque pour disperser toutes les personnes impliquées dans les affrontements qui ont suivi, et a affirmé que Mashhour avait été blessé avant leur arrivée.
Ni la police ni Tsahal n’ont expliqué pourquoi des citoyens israéliens se trouvaient à Turmus Ayya.
Deux Palestiniens auraient été arrêtés et interrogés sur place, puis relâchés quelques heures plus tard.
Le bureau américain des affaires palestiniennes à Jérusalem n’a pas réagi à une demande de commentaire.
Les violences perpétrées par les habitants des implantations israéliennes représentent un problème grave pour les communautés palestiniennes des zones B et C de la Cisjordanie, où Israël conserve le contrôle de la sécurité.
Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), 2024 a connu un nombre record d’incidents liés aux violences des habitants des implantations en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, le plus élevé depuis le début du recensement de ces données il y a près de vingt ans.
Les poursuites engagées contre des Israéliens pour de tels crimes ne représentent qu’un pourcentage à un chiffre, selon l’organisation Yesh Din, qui lutte contre le mouvement d’implantation.
Turmus Ayya est l’une des trois villes palestiniennes attaquées samedi par des résidents d’implantations extrémistes ; des agressions ont également eu lieu dans la ville voisine de Yatma et dans la ville de Kisan, dans la région de Bethléem.

Ces attaques semblent être des représailles à la fusillade de la semaine dernière, au cours de laquelle des terroristes palestiniens ont ouvert le feu sur des véhicules israéliens traversant le village d’al-Funduq, en Cisjordanie, tuant deux femmes âgées et un policier en congé, et blessant au moins huit autres personnes.
On ignore combien de citoyens israéliens ont participé à l’attaque de Turmus Ayya, mais selon des vidéos et des photos prises par des résidents locaux et censées montrer des Israéliens, au moins dix assaillants, tous masqués, se trouvaient à l’intérieur de la ville.
Certains habitants palestiniens de Turmus Ayya sont allés affronter les Israéliens, et les images montrent Israéliens et Palestiniens se lançant des pierres.
⚡???????????????? BREAKING: Confrontations are taking place right now following an attack by Israeli settler militias on the town of Turmus Ayya, northeast of Ramallah.
Vulnerable locals are trying to fend off the attack with whatever means they have. pic.twitter.com/eYUThDqTUe
— Aditya Juans Mandagie (@AdityaMandagie) January 11, 2025
Kouk n’était pas avec son fils au moment de l’attaque, mais elle en a été informée par des annonces diffusées par haut-parleurs dans les mosquées de la ville.
Elle affirme que son fils n’a pas jeté de pierres sur les assaillants israéliens.
En apprenant les attaques, elle a tenté de joindre son fils, mais la batterie de son téléphone était à plat. Elle s’est alors inquiétée, surtout lorsqu’elle a entendu, à tort semble-t-il, que certains des blessés avaient été touchés par des tirs d’armes à feu.
Kouk raconte qu’elle a sauté dans sa voiture et s’est précipitée à la clinique locale.
« J’étais hystérique. Imaginez une mère qui pense que son enfant a été touché par une balle », a-t-elle raconté. « Ils ont utilisé une fronde pour tirer la pierre ; à cette vitesse, c’est comme une balle. »
Des images de l’attaque semblent montrer au moins l’un des assaillants avec une fronde.
Décrivant les blessures subies par son fils, Kouk a indiqué que « son front était ouvert, sa tête était fracassée, il y avait un trou dans sa tête ».
Elle a expliqué avoir attendu avec son fils pendant vingt minutes avant l’arrivée d’une ambulance, alors que son état se détériorait. Mashhour se plaignait de ne plus pouvoir respirer, de ressentir un engourdissement de la langue et présentait d’autres signes alarmants.
Il a été transporté à l’hôpital arabe Istishari de Ramallah, où, selon Mme Kouk, les chirurgiens ont dû ouvrir son crâne à un autre endroit pour retirer tous les fragments d’os. L’opération a duré trois heures et demie.
« Mon fils a 16 ans. Il est traumatisé, nous craignons pour nos vies », a-t-elle déclaré, affirmant que les attaques des habitants d’implantations sont devenues une menace régulière et croissante. « On se sent désespéré. Imaginez que vous viviez dans une peur constante. Je ne dors plus à cause du traumatisme, parce qu’on peut être attaqué la nuit. »
Selon Kouk, Mashhour est en voie de rétablissement, mais le processus de guérison sera long. Il pourrait avoir besoin d’une chirurgie reconstructive en raison de ses blessures.
« Il faut que quelqu’un soit tenu pour responsable », a-t-elle insisté, ajoutant qu’elle n’avait pas beaucoup d’espoir que cela se produise.
« J’aimerais que mon gouvernement américain s’engage davantage, qu’il reconnaisse cet acte comme du terrorisme. J’attends qu’il condamne fermement cet incident et prenne des mesures pour protéger ses citoyens », a-t-elle affirmé.
Kouk a indiqué qu’elle n’avait pas encore déposé de plainte auprès de la police.
Tsahal a répondu à une demande de commentaire et a confirmé par communiqué que « samedi, un signalement a été reçu faisant état de violences entre civils israéliens et palestiniens dans la zone de Turmus Ayya, dans le district de Samarie. Des jets de pierres mutuels ont été signalés, ainsi que des feux d’artifice lancés par des Palestiniens en direction de civils israéliens. »
« Les troupes de Tsahal et de la Police des frontières se sont précipitées dans le village quelques minutes après avoir reçu le signalement. Elles ont utilisé des méthodes de maintien de l’ordre et ont dispersé les troubles violents. »
La police a déclaré que « l’incident en question a eu lieu dans le village palestinien de Turmus Ayya. Les troupes de Tsahal sont arrivées sur les lieux et se sont occupées du trouble à l’ordre public. Il convient de souligner que le rapport reçu par la police concernait uniquement des troubles à l’ordre public, et non des blessures. »