Israël en guerre - Jour 372

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Une pédiatre chargée des ex-otages : Les informations sur leur bonne santé sont trompeuses

La Dr. Yael Mozer-Glassberg apporte des précisions sur l'état physique et psychologique des 19 enfants et des sept femmes amenés à l'hôpital Schneider pour enfants

La docteure Yael Mozer-Glassberg, directrice du service de transplantation hépatique pédiatrique à l'hôpital Schneider pour enfants. (Autorisation)
La docteure Yael Mozer-Glassberg, directrice du service de transplantation hépatique pédiatrique à l'hôpital Schneider pour enfants. (Autorisation)

En 25 ans de carrière, la docteure Yael Mozer-Glassberg, directrice du service israélien de transplantation hépatique pédiatrique à l’hôpital Schneider pour enfants, en a vu des choses difficiles. Mais rien dans son expérience ne l’a préparée à soigner des otages israéliens relâchés après près de deux mois de captivité dans la bande de Gaza.

« D’un point de vue médical, c’est un événement terrible. Les informations communiquées par les uns et les autres, rapportant un état de santé plus ou moins stable des otages libérés, ne sont pas vraies », a affirmé Mazer-Glassberg.

Sans pour autant violer la confidentialité sur les conditions et les expériences de certains otages, elle a divulgué de nouveaux détails lors d’une conférence de presse en ligne lundi.

Mazer-Glassberg fait partie d’une équipe de six femmes médecins, ainsi que de nutritionnistes, de psychologues et d’assistantes sociales qui ont soigné les 19 enfants et les sept femmes qui ont été amenés à Schneider après leur libération des geôles du Hamas dans le cadre de l’accord négocié par le Qatar et l’Égypte avec l’appui des États-Unis.

Le 7 octobre, le Hamas a pénétré dans le territoire israélien et a attaqué plus de 20 villes, kibboutzim et bases de Tsahal. Les terroristes ont assassiné plus de 1 200 personnes et ont pris en otage quelque 240 personnes pour les emmener à Gaza.

Suivant l’exemple d’équipes spécialisées dans plusieurs autres hôpitaux israéliens, Mazer-Glassberg et ses collègues ont commencé à se préparer en vue de fournir les premiers soins aux rapatriés le 8 octobre, sur la base de protocoles créés par le ministère de la Santé et le ministère de la Protection sociale.

Ohad Munder retrouve son père et son frère à son retour de captivité de Gaza, le 25 novembre 2023. (Crédit : Hôpital Schneider)

Mozer-Glassberg a confirmé que les otages accueillis à Schneider avaient perdu de 10 à 15 % de leur poids corporel. La statistique était similaire à celle partagée par le professeur Itai Pessach à l’hôpital pour enfants Lily Safra de l’hôpital Sheba, où d’autres otages libérés ont été amenés.

« Les otages nous ont raconté que la nourriture qu’on leur donnait était vraiment insuffisante. Quand ils recevaient de la nourriture, ce n’était parfois qu’une tasse de thé et un biscuit ou une seule datte séchée le matin et du riz le soir », a expliqué Mozer-Glassberg.

Dans les cas où des frères et sœurs étaient seuls sans leurs parents, l’aîné ne mangeait pas avant que le cadet ne le fasse. L’accès à l’eau potable était limité pour tous les otages.

« Les ravisseurs leur ont infligé une sorte de terrorisme psychologique. Ils les forçaient à manger tout ce qui leur était donné après que leurs estomacs se soient rétrécis et que les douleurs de la faim se soient apaisées, après n’avoir presque rien mangé pendant des jours », a expliqué Mozer-Glassberg.

En raison des privations subies à Gaza, certains otages ont adopté des habitudes alimentaires inattendues lorsqu’ils ont retrouvé une alimentation correcte à l’hôpital. Le personnel avait été préparé à empêcher les rapatriés sous-alimentés de trop manger et de succomber au dangereux syndrome de renutrition. Mais au lieu de cela, ils ne mangeaient que très peu de la grande variété d’aliments proposés, certains d’entre eux ne consommant que des miettes qu’ils arrachaient à des morceaux de pain.

« Ce n’était pas ce à quoi nous nous attendions », a ajouté Mozer-Glassberg.

Le médecin a indiqué que l’accès à l’eau étant très limité en captivité, les otages ne se sont lavés que quelques fois pendant les 50 jours et plus qu’ils ont passés à Gaza. Certains n’ont même pas pris de douche.

« Ils sont revenus avec une hygiène extrêmement déficiente. Je n’ai jamais vu une hygiène aussi mauvaise », a déclaré Mozer-Glassberg. « Leurs poux étaient les pires que j’aie jamais vus. Même après cinq ou six traitements, les poux n’avaient pas disparu. »

Les otages libérés sont également revenus avec des éruptions cutanées et des piqûres de poux sur le corps. Ils avaient également des blessures infectées qui n’avaient pas été correctement soignées.

Comme l’ont rapporté d’autres hôpitaux, il a fallu trois ou quatre jours pour que les ex-otages – surtout les enfants – parlent à nouveau à un volume relativement normal. Mozer-Glassberg a confié que la zone réservée aux ex-otages était « tristement calme » au début, car les enfants ne parlaient pas ou parlaient seulement à voix basse.

Les premières heures d’Avigail Idan en compagnie de sa famille : sa tante Liron, son oncle Zuli, ses grands-parents Shlomit et Eitan, à l’hôpital pour enfants Schneider, le 27 novembre 2023. (Crédit : Hôpital Schneider)

Selon le médecin, l’adaptation à la vie en Israël ne sera pas facile pour la plupart des anciens otages, qui ont été enfermés dans de petits espaces, contraints au silence et dépouillés de tous leurs moyens personnels.

« Ils devaient frapper à la porte et attendre je ne sais combien de temps que quelqu’un vienne leur demander ce dont ils avaient besoin. Ils avaient besoin d’une autorisation pour aller aux toilettes. Pouvez-vous imaginer devoir dire à un enfant en bas âge ou à un jeune enfant qu’il doit attendre pour aller aux toilettes ? », a poursuivi Mozer-Glassberg.

Elle affirme que les terroristes ont torturé psychologiquement les enfants et les adolescents livrés à eux-mêmes, leur répétant sans cesse que personne ne se souciait d’eux, que personne ne les cherchait et que personne ne se battait pour leur libération. Les terroristes les ont menacés de les garder en captivité pendant un an, voire pour toujours.

Gali Tarshansky, 13 ans, est photographiée avec son père en route de la base aérienne de Hatzerim vers l’hôpital pour enfants Schneider, dans le centre d’Israël, tôt le 30 novembre 2023. (Crédit : Autorisation)

« Beaucoup d’enfants que nous avons accueillis avaient une perception faussée du temps. Ils n’avaient aucune notion de la durée de leur séjour à Gaza et lorsque nous leur disions qu’ils resteraient avec nous à l’hôpital pendant quatre ou cinq jours, ils confondaient cela avec un mois », a déclaré Mozer-Glassberg.

Les ex-otages sont autorisés à rester à l’hôpital aussi longtemps qu’ils le souhaitent. À leur retour dans leur communauté, ils bénéficieront d’une prise en charge médicale et psychosociale continue, coordonnée par l’hôpital et leur organisme de santé.

Pour nombre d’entre eux, le rétablissement consistera à assimiler le fait que des membres de leur famille et de leur communauté ont été assassinés ou sont toujours retenus en otage à Gaza.

Le retour à une certaine normalité sera différent pour chaque individu, mais Mozer-Glassberg s’est dite particulièrement préoccupée par les adolescents, dont l’autonomie a été traumatisée à un stade du développement où la formation de l’identité personnelle est essentielle.

Mozer-Glassberg a confié qu’elle pleurait depuis la prise en charge des otages libérés, arrivés dix jours plus tôt. Certains étant encore à l’hôpital, elle continuera à verser des larmes pour ce qu’elle voit et entend.

« Nous apprenons à nos enfants que les monstres n’existent pas, mais en réalité, ils existent bel et bien », a-t-elle déclaré.

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