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Une plainte pour « crimes contre l’humanité » déposée en Suisse contre le président iranien

Les groupes de défense des droits de l'Homme font depuis longtemps campagne pour que justice soit faite concernant ces milliers d'exécutions extrajudiciaires dans les prisons iraniennes au cours de l'été 1988

Le président iranien Ebrahim Raissi s'exprimant lors d'une conférence de presse en marge de la 78e Assemblée générale des Nations unies, au siège de l'ONU, à New York, le 20 septembre 2023. (Crédit : Ed Jones/AFP)
Le président iranien Ebrahim Raissi s'exprimant lors d'une conférence de presse en marge de la 78e Assemblée générale des Nations unies, au siège de l'ONU, à New York, le 20 septembre 2023. (Crédit : Ed Jones/AFP)

Une plainte déposée en Suisse lundi appelle les autorités à arrêter le président iranien lors d’un déplacement qui était prévu cette semaine à Genève et à l’inculper pour crimes contre l’humanité pour les exécutions de masse d’opposants en 1988.

M. Raissi devait participer au Forum mondial des Nations unies sur les réfugiés, qui se tient du 13 au 15 décembre à Genève, mais l’ONU a indiqué lundi soir que le ministre des affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian conduirait la délégation iranienne.

Le président iranien pourrait ainsi ne pas faire le déplacement.

Le Haut commissariat aux réfugiés (HCR), une agence des Nations Unies, a déclaré à l’AFP que « l’Iran est un Etat membre des Nations Unies et est donc invité au Forum mondial sur les réfugiés ».

« L’Iran est également l’un des plus grands pays d’accueil de réfugiés depuis plus de 40 ans », a déclaré un porte-parole dans un courriel, ajoutant que « la délégation iranienne sera dirigée par le ministre des Affaires étrangères ».

La plainte, dont l’AFP a pu voir une copie et qui est datée de lundi, appelle le procureur général de la confédération Andreas Muller à procéder à l’arrestation du président iranien et à son inculpation « pour sa participation à des actes de génocide, torture, exécutions extrajudiciaires et autres crimes contre l’humanité ».

Elle a été déposée par trois anciens prisonniers iraniens.

Les groupes de défense des droits de l’Homme font depuis longtemps campagne pour que justice soit faite concernant ces milliers d’exécutions extrajudiciaires dans les prisons iraniennes au cours de l’été 1988, juste après la guerre contre l’Irak.

Les victimes étaient principalement des partisans du mouvement des Moudjahidines du peuple (MEK), interdit en Iran, qui avait soutenu Bagdad pendant le conflit.

Les plaignants assurent qu’ils peuvent personnellement identifier le président iranien comme ayant fait partie de la « commission de la mort », qui a ordonné les exécutions.

Les portraits de quelque 800 victimes des Moudjahidines du peuple d’Iran sont exposés le long de l’Esplanade des Invalides à Paris pour commémorer les exécutions de milliers de prisonniers politiques iraniens en 1988, le 30 octobre 2019. (Crédit : Eric Feferberg/AFP)

Campagne internationale

Le plaignant principal, Reza Shemirani, a été arrêté en 1981 et est l’un des quelque 150 prisonniers sur 5 000 détenus dans sa prison a avoir survécu à la purge, selon la plainte. Il y est resté jusqu’en 1991, subissant des actes de torture quotidiens.

Des opposants iraniens en exil ont déjà déposé des plaintes similaires, au Royaume-Uni et à New York.

Parallèlement à cette plainte en justice, une campagne internationale a été lancée pour protester contre une éventuelle présence du président iranien au Forum sur les réfugiés et exiger qu’il soit poursuivi en justice.

« Sa présence au forum des Nations unies est en contradiction avec les valeurs fondamentales que défendent les Nations unies », dénonce une pétition qui a recueilli plus de 200 signatures, dont des lauréats du prix Nobel, des juges, d’anciens ministres, des parlementaires, des universitaires et des experts des droits de l’homme de l’ONU.

« Nous croyons fermement que les Nations Unies, en tant que bastion des droits de l’homme et de la justice, ne devraient pas compromettre leur réputation en invitant une personne accusée de graves violations des droits de l’homme », peut-on lire dans la pétition, qui exhorte les Nations Unies à « annuler rapidement leur invitation à M. Raissi ».

Les signataires ont également déclaré qu’ils soutenaient « l’appel à ce qu’Ebrahim Raissi fasse l’objet d’une enquête et de poursuites pour son implication dans des crimes passés et présents en vertu du droit international, y compris par les États qui exercent une compétence universelle ».

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