Israël en guerre - Jour 426

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Une société israélienne derrière une campagne contre le CICR au Burkina

La société aurait organisé l'amplification sur les réseaux sociaux d'une tribune critiquant l'action du CICR en sous-entendant qu'il négociait avec des groupes jihadistes

Illustration : Des soldats fidèles au dernier chef du coup d'État du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traore, se rassemblent devant l'Assemblée nationale alors que Traore a été nommé président de transition du Burkina Faso à Ouagadougou, Burkina Faso, le 14 octobre 2022. (Crédit : AP Photo/Kilaye Bationo)
Illustration : Des soldats fidèles au dernier chef du coup d'État du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traore, se rassemblent devant l'Assemblée nationale alors que Traore a été nommé président de transition du Burkina Faso à Ouagadougou, Burkina Faso, le 14 octobre 2022. (Crédit : AP Photo/Kilaye Bationo)

Une société israélienne a orchestré une campagne contre le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Burkina Faso en 2020 en faisant circuler la thèse selon laquelle l’ONG entretiendrait des liens avec les jihadistes, selon le consortium de journalistes d’investigation Forbidden Stories.

Il s’agit d’une « opération de manipulation élaborée, conçue et opérée par la société israélienne Percepto, avec l’aide de services de sécurité burkinabés, visant à nuire à l’image d’une ONG internationale perçue comme un peu trop critique » à Ouagadougou, selon Le Monde, un des partenaires du consortium.

Dissimulant leur fonction, des journalistes de ce groupement se font fait passer pour des clients potentiels d’entreprises, dont Percepto, qui proposent de mener sur les réseaux sociaux des opérations de désinformation, de manipulation et d’ingérence.

Ils affirment que Percepto a organisé l’amplification sur les réseaux sociaux d’une tribune publiée le 3 août 2020 dans l’hebdomadaire français Valeurs actuelles, critiquant l’action du CICR au Burkina Faso en sous-entendant qu’il négociait avec des groupes jihadistes.

« C’est lors d’une de ces rencontres que Percepto a détaillé le déroulement de la campagne visant le CICR, la présentant comme un ‘cas d’école’ de ses actions », selon Le Monde.

La tribune en question pointait une pratique courante des ONG en zone de conflit -négocier des sauf-conduits avec les belligérants pour pouvoir mener leurs actions – mais critiquait le fait que le CICR négocie avec les groupes jihadistes qui ravagent le pays.

Elle a été rédigée par l’analyste en géopolitique et consultant Emmanuel Dupuy, personnalité établie dans le paysage médiatique français, où il est régulièrement cité dans les médias, dont l’AFP.

« Besoin humanitaire »

Interrogé par l’AFP, M. Dupuy affirme n’avoir aucun lien avec Percepto, dont il ignorait l’existence, et explique que le thème de la tribune, qui n’a pas donné lieu à rémunération, lui a été suggéré par un conseiller du président burkinabé de l’époque Roch Marc-Christian Kaboré, l’Israélien Samuel Sellem.

« Tout est vrai dans la tribune, je ne retirerai pas une virgule », a-t-il déclaré.

« On entretient des dialogues (avec les groupes armés) non pas pour faire plaisir ni pour conférer quelque légitimité que ce soit à des groupes armés ou à un gouvernement. On fait cela par nécessité, pour un besoin humanitaire », avait justifié de son côté le président du CICR Peter Maurer, cité dans une dépêche AFP, dénonçant les « sous-entendus » de la tribune.

Le collectif affirme que la dépêche AFP, consacrée à la réaction de M. Maurer, « a amplifié » la nouvelle et donc participé in fine au succès de la campagne de Percepto.

« L’AFP a rendu compte dans une dépêche du 14 septembre 2020 de la conférence de presse du président du CICR à Ouagadougou de façon factuelle, conformément aux pratiques journalistiques d’une des plus grandes agences de presse internationales. A aucun moment auparavant, l’Agence France-Presse n’avait fait état du contenu de la tribune de Valeurs Actuelles », explique le directeur de l’information de l’Agence France-Presse, Phil Chetwynd.

Percepto a présenté aux journalistes cette opération comme un succès, expliquant dans un document reproduit par le consortium avoir « amplifié l’article par tous les moyens sur les réseaux sociaux », forçant M. Maurer à venir au Burkina pour s’expliquer.

Le consortium rappelle toutefois qu’à l’époque, Percepto n’existait pas en tant que tel et qu’un de ses responsables, Royi Burstien, un ancien du renseignement militaire israélien, dirigeait une autre entreprise dans cette activité.

Selon Forbidden Stories, la société StoryTling de Samuel Sellem n’a pas répondu à ses questions.

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