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USA : Des Palestiniens défient la plainte déposée contre la politique d’Airbnb

Une requête visant à intervenir dans la plainte contre le géant de la location de vacances dit que ce sont les Palestiniens, non les Israéliens, qui sont discriminés en Cisjordanie

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Sur cette photo prise le 17 janvier 2016,  Moshe Gordon pose aux abords de sa maison d'hôtes dont il fait la publicité sur le site star de partage Airbnb dans l'implantation de Nofei Prat, en Cisjordanie (Crédit :  AP Photo/Tsafrir Abayov, File)
Sur cette photo prise le 17 janvier 2016, Moshe Gordon pose aux abords de sa maison d'hôtes dont il fait la publicité sur le site star de partage Airbnb dans l'implantation de Nofei Prat, en Cisjordanie (Crédit : AP Photo/Tsafrir Abayov, File)

Deux municipalités palestiniennes de Cisjordanie ont déposé une requête visant à intervenir dans un procès américain mené contre Airbnb.

Cette requête s’adresse au groupe de 18 Juifs américains et américano-israéliens ayant déposé la plainte initiale devant une cour fédérale du Delaware au mois de novembre dernier. Elle affirmait que la nouvelle politique mise en oeuvre par l’entreprise de location de vacances interdisant la présentation d’annonces dans les implantations israéliennes était discriminatoire.

Le Centre pour les droits constitutionnels, une ONG progressiste à l’origine de la requête émise lundi au nom de deux Palestiniens américains et des localités d’Anata et de Jalud, en Cisjordanie, souhaite introduire une demande reconventionnelle contre les plaignants qui poursuivent Airbnb – dont certains vivent sur des terres qui, selon les Palestiniens, leur appartiennent.

Les plaignants du dossier intitulé November Silber et al v. Airbnb Inc. avaient indiqué être propriétaires ou souhaiter loger dans des habitations d’implantations affectées par la décision du géant de la location de vacances. Ils avaient déclaré que la politique d’Airbnb, en changeant, contrevenait au Fair Housing Act, une loi sur le logement équitable, en singularisant des propriétés appartenant à des Juifs tout en continuant à permettre à des propriétaires chrétiens ou musulmans du reste de la Cisjordanie à présenter les leurs à la location.

Le groupe de défense des droits de l’Homme Amnesty manifeste devant le siège britannique de la compagnie américaine de voyages Tripadvisor à Londres, le 30 janvier 2019 (Crédit : Tolga AKMEN / AFP)

Pour sa part, Airbnb avait diffusé un communiqué peu de temps après le dépôt de la plainte, minimisant sa signification. « Nous ne pensons pas que cette plainte aboutira devant le tribunal mais nous savons que des gens ne seront pas d’accord avec notre décision et nous prenons en compte leur point de vue », avait dit la compagnie.

Toutefois, le Centre pour les droits constitutionnels affirme que certaines des habitations listées sur Airbnb sont installées sur des terres appartenant à leurs clients – des Palestiniens interdits d’entrée dans les implantations sans autorisation particulière qui sont presque exclusivement accordées à ceux qui travaillent et qui ne logent pas dans ces communautés juives.

Depuis qu’Israël a pris le contrôle de la Cisjordanie en 1967, l’armée israélienne a exproprié des terres palestiniennes pour des raisons de sécurité. Les saisies de ces parcelles ont touché les villages d’Anata et Jalud qui sont représentés dans la requête de lundi, ainsi que la ville voisine d’Ein Yabroud, d’où un autre client du Centre pour les droits constitutionnels est originaire.

Dans sa requête, le Centre pour les droits constitutionnels fait valoir les droits à la propriété et les intérêts juridiques de ses clients palestiniens dans la plainte contre Airbnb. De plus, l’organisation de gauche affirme que « les implantations étant illégales parce que hors-la-loi et discriminatoires de manière inhérente, les plaignants (Juifs américains et américano-israéliens) clament en réalité que Airbnb fait de la discrimination contre la capacité des habitants d’implantation à déposséder les Palestiniens et à les expulser de leurs propres terres ».

La requête cherche également à soumettre des demandes reconventionnelles contre les 11 habitants israéliens d’implantations qui ont porté plainte contre Airbnb pour « violation de propriété illégale et occupation de cette terre, pour déplacement et persécutions à l’encontre des Palestiniens et pour la publicité discriminatoire des biens illégaux par le biais de plateformes comme Airbnb ».”

La barrière de sécurité séparant le quartier juif de Jérusalem-Est de Pisgat Zeev (au premier plan) du quartier palestinien d’Anata (au fond). (AFP Photo/Ahmad Gharabli)

Selon le Centre pour les droits constitutionnels, c’est la première fois que des Palestiniens viennent défier directement les habitants israéliens d’implantations devant un tribunal américain.

La cour de district du Delaware devrait répondre à la requête au cours des prochaines semaines.

Klehr Harrison Harvey Branzburg & Ellers, le cabinet d’avocats qui représente le groupe de Juifs américains et américano-israélien, n’a pas répondu à notre demande de commentaire sur la requête palestinienne.

La plus grande partie de la communauté internationale considère les implantations comme illégales et comme venant entraver la création d’un État palestinien indépendant. Israël dit que l’avenir des implantations doit être résolu par le biais de négociations de paix avec les Palestiniens.

Airbnb avait annoncé, le 19 novembre, que la compagnie supprimerait de ses listings environ 200 biens proposés à la location dans les implantations, mais pas dans les communautés palestiniennes. Cette décision avait entraîné la fureur du gouvernement israélien dont les ministres avaient accusé l’entreprise de rejoindre le mouvement BDS (Boycott Divestment and Sanctions) – ce qu’Airbnb avait réfuté. Le loueur de maisons de vacances avait expliqué avoir consulté des experts pour en savoir davantage sur les conflits historiques dans la région pour décider s’il travaillerait dans « les Territoires occupés ».

Airbnb est présent dans 191 pays et régions et dans plus de 81 000 villes. L’entreprise avait annoncé au mois de janvier qu’elle enlèverait de ses listing deux zones autonomes controversées soutenues par la Russie dans la république de Géorgie, l’Ossétie du sud et l’Abhkazie.

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