USA: les armes saisies montrent que l’Iran est une menace régionale
Washington accuse Téhéran d'avoir violé l'embargo sur les armes au Yémen et en Afghanistan, disant que Téhéran s'efforce "sans relâche" d'armer ses groupes mandataires

WASHINGTON — Des responsables américains ont dévoilé jeudi des équipements militaires qui, selon eux, confirment que l’Iran fournit de plus en plus d’armes aux militants dans tout le Moyen-Orient et continue son programme de missiles sans discontinuer.
Dans un hangar militaire de Washington, Brian Hook, représentant spécial américain pour l’Iran, a tenu une conférence de presse au milieu de plusieurs roquettes, drones et autres fusils, là où le gouvernement américain avait déjà présenté il y a près d’un an les débris d’un missile iranien tiré, selon lui, par les rebelles Houthis du Yémen vers l’Arabie saoudite. Une partie de ce matériel aurait été interceptée dans le détroit de Hormuz et devait être remis à des combattants chiites de la région.
Hook a montré les images d’un missile sol-air de type Sayyad-2 avec les mots « le missile chasseur » écrit en Farsi sur le côté qui, selon lui, aurait été trouvé au Yémen et saisi par l’Arabie saoudite.
Cette arme avancée, a noté Hook, avait été exportée pour soutenir les rebelles houthis, contrevenant à une résolution de l’ONU interdisant toute livraison d’armes dans le pays assiégé.

« Les inscriptions visibles en Farsi sont une manière de dire, pour l’Iran, que le pays ne se préoccupe pas d’être pris en flagrant délit de violation des résolutions américaines », a dit Hook. Il a ajouté que ces matériels révèlent « l’engagement sans relâche de l’Iran de mettre encore plus d’armes entre les mains d’un plus grand nombre encore de ses groupes alliés ».
Hook a également montré aux journalistes divers matériels qui comprenaient, entre autres, des systèmes de missiles anti-tank fournis au Yémen et en Afghanistan qui, selon lui, révèlent que l’intention de la république islamique de « saper la stabilité régionale s’est accrue ».
L’envoyé spécial américain est récemment revenu d’une visite au Moyen-Orient où il s’est rendu en Israël et aux Emirats arabes unis.
Selon un reportage d’Axios, des responsables israéliens lui dont dit, pendant des réunions, qu’ils avaient été scandalisés par le fait que l’Agence de l’énergie atomique internationale ne se soit pas penchée sur les révélations faites par le Premier ministre Benjamin Netanyahu pendant l’été, qui avaient montré l’ampleur des tentatives de Téhéran de construire un arsenal militaire.
Hook aurait indiqué que l’administration mettrait la pression pour que l’agence se penche sur ces révélations. Des responsables du Département d’Etat ont expliqué que le nouvel ambassadeur américain à l’Agence, Jackie Wolcott, « travaillera résolument à s’assurer que l’AIEA s’intéresse à toutes les informations fournies par Israël, les Etats-Unis et d’autres pays s’agissant du programme iranien sur le nucléaire ».
La médiatisation de ces découvertes des services de renseignement – qui sont le résultat d’une coopération américano-saoudienne – surviennent dans un contexte de controverse après le meurtre du journaliste Jamal Kashoggi, qui travaillait pour le Washington Post, et d’un débat enflammé sur le plus ancien allié de l’Amérique au Moyen-Orient.
Israël accuse inlassablement l’Iran de déstabiliser la région. L’Iran a nié ces allégations de manière répétée.
Hook a souligné jeudi que les exportations de missiles iraniens augmentaient la possibilité d’un conflit plus important.
« Le soutien de l’Iran aux combattants Houthis s’est accru » depuis un an, tout comme « l’inventaire dans cet étalage », a assuré le diplomate.
Ces armes « illustrent l’étendue du rôle destructeur de l’Iran dans la région », a martelé Brian Hook.
« La menace iranienne grandit et les risques d’escalade dans la région s’accumulent », a-t-il insisté. « Nous sommes à un missile d’une guerre régionale ».
« Nouvelle version du Hezbollah »
Les Etats-Unis de Donald Trump ont fait de la République islamique leur principale bête noire et se sont retirés de l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 sous la présidence de Barack Obama. Depuis, ils ont imposé des sanctions très sévères pour faire plier Téhéran.
L’administration Trump organise régulièrement des présentations pour prendre à témoin l’opinion de ce qu’elle considère être le rôle « déstabilisateur » de l’Iran.

Brian Hook a ainsi profité de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre à New York pour donner la parole devant les médias à d’anciens « prisonniers politiques » iraniens, et pour publier un rapport qui liste les « mauvais » comportements de Téhéran, dont une étonnante référence à la « destruction de l’environnement ».
Jeudi, l’émissaire a mis l’accent sur la nécessité de résoudre les conflits au Moyen-Orient, et notamment au Yémen, au moment où des pourparlers de paix s’esquissent pour début décembre. Face aux rebelles Houthis « financés, armés et entraînés » par Téhéran selon Washington, une coalition dirigée par l’Arabie saoudite et appuyée militairement par l’armée américaine soutient le gouvernement yéménite.
Pour mettre fin à ce soutien à Ryad, le Congrès américain menace de voter une résolution, qui a passé mercredi un premier obstacle malgré l’opposition du gouvernement de Donald Trump.
Face à la presse, Brian Hook a une nouvelle fois insisté sur le risque que l’Iran représente dans le conflit au Yémen.
« L’Iran n’a aucun intérêt légitime au Yémen si ce n’est celui d’étendre sa sphère d’influence et de créer un corridor de contrôle chiite », a-t-il dit.
« Dans les mois qui viennent, il faudra faire attention à ne pas concéder à l’Iran un rôle d’acteur politique légitime au Yémen », car, selon lui, « les religieux à Téhéran vont exploiter la moindre ouverture pour prendre pied » dans le pays.
« Nous ne pouvons pas regarder une nouvelle version du Hezbollah libanais émerger lentement dans la péninsule arabique », a-t-il prévenu en référence du mouvement chiite soutenu par Téhéran au Liban.
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